Rechercher
Rechercher

Culture - Littérature / Distinction

Hoda Barakat : Ce prix me rapproche du monde arabe

Le prix Booker arabe a été décerné à la romancière libanaise pour « Bârid al-layl » (Dar al-Adab), traduit chez Actes Sud par Philippe Vigreux sous le titre « Courrier de nuit ».

Hoda Barakat. Photo DR

C’est le mardi 23 avril que les organisateurs du prix international de la fiction arabe de la fondation Booker ont dévoilé, à Abou Dhabi, le nom de la lauréate. Le prix Booker arabe, prestigieuse distinction, a été décerné à la romancière libanaise Hoda Barakat, pour son sixième roman Bârid al-layl, publié chez Dar al-Adab en 2017 et traduit chez Actes Sud par Philippe Vigreux, sous le titre Courrier de nuit.

Actuellement aux États-Unis, où elle enseigne pour un semestre à l’université de Dartmouth, dans le New Hampshire, Hoda Barakat partage la joie de cette reconnaissance littéraire internationale avec L’Orient-Le Jour : « Je suis très heureuse parce que ce prix est important, il permet d’être visible partout dans le monde arabe, or je suis très loin de cette région, aussi bien physiquement que mentalement. Je m’y sens un peu étrangère aux ambiances culturelles. Ça me fait vraiment plaisir que mon roman épistolaire soit récompensé, car mon lecteur est arabe, et j’écris en arabe. » Dans Courrier de nuit, l’auteure met en scène des marginaux qui survivent à la lisière de la société, à travers une série de lettres, dont la majorité ne sera jamais lue par le destinataire désigné. « Ils sont nombreux ceux que la vie jette de force dans les marges de l’isolement et qu’elle enferme, condamnés à la relégation obligatoire, dans l’enclos des invisibles, là où ils ne voient personne et où personne ne les voit. » Dans cette chaîne épistolaire de rendez-vous manqués, où la solitude des êtres les enferme avec leurs propres démons, l’écriture épistolaire semble être l’ultime sursaut existentiel, « à cause de ce besoin que nous avons qu’une personne nous écoute et décide de nous pardonner quoi que nous ayons à nous reprocher ».

Lors de la traduction de l’ouvrage, l’auteure de La Pierre du rire avait insisté sur les correspondances entre ses personnages : « Ce sont des passants, des déplacés qui n’ont aucun poids, personne ne s’y intéresse : aucun poids économique, social, familial... Seule l’approche artistique, ici romanesque, peut s’approcher de ces individus, et dire à quel point cette approche est complexe. »

« C’est celui dont l’âme... »

Lorsqu’on lui demande si elle a une idée des raisons qui ont fondé le choix du jury, la romancière originaire de Becharré ne perd pas son sens de la relativité. « Les membres du jury changent tous les ans, donc tout dépend de leurs critères, de leur manière de lire, et c’est finalement assez aléatoire, comme tous les prix du monde. Les critiques qui ont participé à la décision ont exprimé avec beaucoup d’estime leur respect et leur compréhension approfondie du livre, je crois que j’ai eu de la chance qu’ils soient particulièrement sérieux et respectables. Je n’ai pas d’autre explication à avancer. » Hoda Barakat estime que le lecteur idéal, « c’est celui dont l’âme ressemble à mon âme, celui qui communique avec moi sur la même sensibilité littéraire, car je cherche à transmettre une certaine sensibilité artistique, et un peu humaine ». Le Booker arabe 2019 vient de lui confirmer le succès éclatant de sa démarche créatrice. Créé à Abou Dhabi en 2007, le prix – doté de 50 000 dollars – est soutenu par la Fondation du Booker Prize à Londres et financé par l’Autorité du tourisme et de la culture d’Abou Dhabi, qui va également traduire et publier en anglais l’ouvrage finaliste. Le jury de cette douzième édition, présidé par le chercheur et critique marocain Charafdin Majdolin, est composé des poétesses et écrivaines saoudienne Fowziyah Abu Khalid et jordanienne Zulaikha Aburisha, de l’académicien et critique libanais Latif Zeitouni et de l’académicienne et traductrice chinoise Zhang Yong Yi. C’est la deuxième fois qu’un auteur libanais reçoit ce prix. En 2012, le romancier libanais Rabih Jaber avait reçu cette récompense pour son ouvrage Hikayat Hanna Yacub (al-Markez al-Thaqafi al-Arabi), paru chez Gallimard sous le titre Les Druzes de Belgrade (traduction Simon Corthay et Charlotte Woillez). Hoda Barakat a reçu le prix Naguib Mahfouz pour l’ensemble de son œuvre en 2000, et a aussi été nommée chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2002 et chevalier de l’ordre du Mérite national en 2008.


Pour mémoire

Hoda Barakat : Depuis que j’ai quitté le Liban, j’y vais à travers mes textes en arabe

C’est le mardi 23 avril que les organisateurs du prix international de la fiction arabe de la fondation Booker ont dévoilé, à Abou Dhabi, le nom de la lauréate. Le prix Booker arabe, prestigieuse distinction, a été décerné à la romancière libanaise Hoda Barakat, pour son sixième roman Bârid al-layl, publié chez Dar al-Adab en 2017 et traduit chez Actes Sud par Philippe Vigreux,...

commentaires (1)

Bravo belle distinction et un titre plus que poétique...presque sensuel : courrier de nuit

Sarkis Serge Tateossian

12 h 49, le 25 avril 2019

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Bravo belle distinction et un titre plus que poétique...presque sensuel : courrier de nuit

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 49, le 25 avril 2019

Retour en haut