Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Mode

Croisières 2020, les amarres sont larguées !

Il suffit de ce mot, « croisière », pour susciter toute une fantasmagorie de luxe et de volupté, d’horizons illimités et de soleils lointains, de palaces flottants, feutrés, veloutés et peuplés d’intrigues romantiques, fendant les vagues vers l’inconnu. Un seul mot et d’innombrables histoires dont se saisit la mode chaque printemps pour nous faire rêver.

Une salle du Palazzo Nuovo, l'un des musées capitolins de Rome, qui accueillera en mai le défilé croisière de Gucci.

Entre les deux Grandes Guerres, la tradition des départs hivernaux vers les villes solaires, en cours dans la haute société européenne, prend un nouveau sens au moment où les géants des mers rivalisent de prestige, de vitesse, de faste et de glamour. Les préparatifs d’un départ en croisière sont à eux seuls tout un programme, car la traversée des mers est aussi une traversée des saisons, les départs ayant lieu en début d’année, parfois sous la neige, et les escales et arrivées, en Méditerranée ou sous les Tropiques, au cœur des belles saisons méridionales. Dès lors, il faut prévoir une garde-robe adaptée : robes de soirée pour les bals et salles de jeu des paquebots, petites laines, manteaux ou coupe-vent pour les promenades sur le pont, vêtements légers pour les accostages. Les maisons de couture rivalisent d’inventivité pour ces collections intermédiaires qu’elles réalisent pour des climats inconnus du commun des mortels et comme créés à la seule mesure de certains privilégiés.

Démocratisées, les croisières n’ont plus de nos jours le même prestige et sont plutôt synonymes de tourisme de masse et de débarquements massifs et polluants sur des sites fragiles dont Venise n’est pas le moindre. C’est donc l’aura magique de ce mot qui perdure et sème sa poudre d’or sur des collections supposées transitoires, mais qui ont l’avantage de rester en boutique toute l’année. C’est peu dire que la croisière est le cheval de bataille des grandes marques, toujours présentée sur des sites insolites, souvent au bout du monde, infusée de fantasmes et de désir, présentée pour l’année suivante, mais déjà disponible en hiver comme un avant-goût du printemps.


Des sites et des rites

Le moment est donc venu pour la présentation des collections croisière 2020. Loin des grand-messes des semaines de la mode, chaque grande maison choisit un lieu stratégique en fonction d’une nouvelle histoire qui vient consolider son identité, d’une nouvelle destination mythique et surtout d’un nouveau marché à conquérir.

Comme chaque année, entre avril et mai, on verra clignoter les flashes tour à tour de l’Asie à l’Europe, des États-Unis à l’Afrique, de la Méditerranée à l’Atlantique. Si Marrakech est traditionnellement la destination identitaire de la maison Yves Saint Laurent, cette saison, c’est Dior qui se fraie un chemin dans cette ville bleue et vermeille après avoir proposé, en 2019, une magnifique présentation dans les Grandes Écuries de Chantilly baptisée par un orage saisonnier.

À l’instar de Dior, de nombreuses marques n’ont pas encore dévoilé le lieu de leur croisière dont on ne connaît pour l’instant que la destination. Ainsi de Prada qui annonce un défilé à New York, mais où ? On ne le saura pas avant le jour J qui tombe le 2 mai. Louis Vuitton qui avait défilé en mai dernier à Saint Paul de Vence, dans les jardins de la fondation Maeght, a également choisi, cette fois, la Grande Pomme, sans hésiter à annoncer que la présentation aura lieu au sublime terminal TWA Flight Center, chef-d’œuvre de l’architecte néomoderniste Eero Saarinen livré en 1962. Ce choix s’intègre dans une esthétique propre à Louis Vuitton qui privilégie depuis quelques années des lieux liés à l’architecture optimiste des Trente Glorieuses comme pour conjurer les angoisses de notre époque. Il est à noter que le TWA Flight Center, en rénovation depuis 2016, va rouvrir ses portes au public le 15 mai, transformé en hôtel de luxe de 512 chambres.

Pour Alberta Ferretti, l’une des griffes les plus convoitées pour ses robes de soirée, la présentation aura lieu en plein cœur de la semaine de la mode de Monte-Carlo, au Musée océanographique de Monaco. Giorgio Armani, pour sa part, annonce un défilé croisière à Tokyo le 24 mai. L’événement accompagnera la réouverture de la tour Armani à Ginza, quartier chic de la capitale du pays du Soleil-Levant.

Mais c’est surtout la Chine qui a le vent en poupe avec le choix de Shanghaï comme lieu de prédilection de plusieurs défilés cette saison, notamment l’homme de Fendi et la croisière de Chloé, premier défilé à l’étranger de cette griffe romantique et parisienne plébiscitée entre toutes par la clientèle chinoise, et dont Natacha Ramsay-Lévi dirige la création depuis deux ans. Enfin, endeuillée, la maison Chanel entend ce printemps rester « à la maison », à savoir au Grand Palais, à Paris, lieu fétiche de Karl Lagerfeld. Gucci défilera à Rome le 28 mai, à travers les musées du Capitole. Un choix qui souligne la fascination du directeur artistique Alessandro Michele pour les lieux antiques et chargés d’histoire où ce dernier puise une inspiration toute de décadente élégance, signature de la maison. Max Mara également reste en Europe, ayant choisi Berlin pour clôturer cette saison qui fera sans doute parler d’elle jusqu’à la prochaine.


Lire aussi

Le pré-automne orgiaque de Gucci à Selinunte

Entre les deux Grandes Guerres, la tradition des départs hivernaux vers les villes solaires, en cours dans la haute société européenne, prend un nouveau sens au moment où les géants des mers rivalisent de prestige, de vitesse, de faste et de glamour. Les préparatifs d’un départ en croisière sont à eux seuls tout un programme, car la traversée des mers est aussi une traversée des...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut