Rechercher
Rechercher

Culture - Entretien

Rania Barghout : La culture au Liban a besoin de lieux alternatifs

L’ancienne présentatrice passée par Télé-Liban et MBC a investi en 2015 plus de 2 millions de dollars pour restaurer le Palace, un vieux cinéma situé dans les sous-sols du centre Aresco, à Hamra. Avec l’objectif d’offrir une salle de spectacle ouverte à tous les courants artistiques et culturels, de Ziad Rahbani à Sepultura.

Rania Barghout a rénové la salle du Palace, à Hamra. Photo P.H.B.

Rania Barghout, vous avez plus de vingt ans de carrière dans les médias, notamment à Londres où vous avez participé en 1991 au lancement de la première chaîne du groupe Middle East Broadcasting Center (MBC), après vos débuts en tant que présentatrice à Télé-Liban. Qu’est-ce qui vous a décidée de reprendre le Palace pour en faire une salle de spectacle au pays du Cèdre ?

Je suis revenue au Liban avec mes enfants en 2010 avec beaucoup d’espoir pour l’avenir du pays dont la situation n’était pas aussi précaire qu’aujourd’hui. J’ai d’abord fondé « Rstars Talent Management » en 2013, une société qui propose des ateliers, à prix abordables, pour former des talents à plusieurs disciplines artistiques et culturelles. Nous avons assez vite eu besoin de trouver un lieu pour faire travailler nos étudiants, ce qui m’a amenée en 2015 à restaurer le Palace, un vieux cinéma construit dans les années 1970 en même temps que le centre Aresco qui l’abrite.


Que pouvez-vous nous dire de plus sur l’histoire de ce lieu ?

Pas grand-chose, à part que c’est une salle de cinéma équipée d’une scène, comme cela se faisait souvent à l’époque, qu’il aurait été construit par des Russes, et que ceux qui se souviennent de son passé le décrivent comme un endroit très vivant et chic. Plusieurs propriétaires se sont succédé depuis son inauguration et certaines rumeurs racontent même qu’il a été racheté un temps par une société libyenne. Mais bon, ce sont des histoires que nous n’avons pas pu confirmer…

En terme de conception, il faut souligner que c’est un espace extrêmement bien aménagé – il peut contenir 2 000 personnes debout, 600 assises et 450 en mode « lounge » – , avec un certain cachet et une acoustique impeccable. J’ai financé les travaux de rénovation en investissant 2,3 millions de dollars de ma poche – il a tout fallu refaire de fond en comble – et en sollicitant un soutien de l’État qui n’est finalement jamais venu.


Quel type d’événements privilégiez-vous aujourd’hui dans votre programmation ?

Tous types d’événements, théâtre, concerts ou autres, du moment que ce n’est pas lié à la politique ou la religion. Pour vous donner une idée, nous avons eu la chance de recevoir le compositeur, metteur en scène et musicien emblématique Ziad Rahbani (NDLR : en 2018) et nous nous préparons à accueillir le 28 avril le célèbre groupe de thrash metal brésilien « Sepultura » pour sa première au Liban organisée dans le cadre de sa tournée mondiale.

J’assume d’ailleurs pleinement ce choix d’offrir une scène à des courants musicaux qui, comme le hard rock ou le metal, sont encore majoritairement mal vus par la société libanaise. D’abord, parce que j’ai moi-même été fan de ces deux courants pendant mon adolescence dans les années 1980. Ensuite, parce que j’ai pu constater en novembre dernier, en acceptant d’héberger la troisième édition du festival Skull Session, organisé par l’association éponyme et réunissant plusieurs groupes de la scène locale, que les gens qui écoutent ce style de musique sont loin de correspondre aux stéréotypes malsains auxquels ils sont souvent associés. La venue de Sepultura a d’ailleurs été initiée par la même association, à qui j’ai donné carte blanche.

Comment voyez-vous l’avenir du Palace ?

La culture au Liban a besoin de lieux alternatifs et j’ai décidé de reprendre le Palace avec l’objectif d’en fournir un. L’important pour nous maintenant est de générer suffisamment de revenus pour l’entretenir, ce qui veut dire qu’il faut que notre calendrier d’événements soit rempli. Nous avons connu des débuts corrects en 2016, avant de traverser un creux en 2017, et de rebondir avec un très bon cru en 2018. Nous espérons confirmer ce rebond en 2019.

Rania Barghout, vous avez plus de vingt ans de carrière dans les médias, notamment à Londres où vous avez participé en 1991 au lancement de la première chaîne du groupe Middle East Broadcasting Center (MBC), après vos débuts en tant que présentatrice à Télé-Liban. Qu’est-ce qui vous a décidée de reprendre le Palace pour en faire une salle de spectacle au pays du Cèdre ? Je suis...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut