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Nos Lecteurs ont la Parole - par Sylvain THOMAS

La Vierge immaculée

Par une grâce venant déjà de la naissance, la mort et de la résurrection de son fils, Marie a été préparée à être une demeure digne de Lui. Toute fête de Marie est une fête du Christ. Oui, Il nous sauve par Sa croix en faisant resplendir sa Résurrection. Mais nous sommes tellement habitués à un temps logique irréversible, d’abord la mère puis le fils, d’abord la naissance puis la mort, suivie de la résurrection, que nous ne comprenons plus ce que saint Paul appelle la « récapitulation de toutes choses dans le Christ ».

Écoutons bien cette hymne magnifique, digne des jours de fête : « Béni soit Dieu... qui nous a fait connaître le mystère de Sa volonté, ce dessein bienveillant qu’Il avait formé en Lui par avance, pour le réaliser quand les temps seraient accomplis : ramener toutes choses sous un seul chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres. C’est en Lui encore que nous avons été mis à part, désignés d’avance selon le plan préétabli de Celui qui mène toutes choses au gré de sa volonté, pour être, à la louange de Sa gloire, ceux qui ont par avance espéré dans le Christ. »

Le Christ récapitule en lui, à la plénitude des temps, toute l’attente de l’humanité qui a soif d’un Sauveur qui, enfin, « délivrera » le monde de l’emprise du mal et nous rendra à la vraie vie selon la « volonté de Dieu ». Ainsi, toute fête liturgique est une fête du Christ sauveur du monde.

Nous contemplons cette « attirance » vers la gloire et découvrons cette « femme », drapée de « soleil » car elle le reflète. La lumière de la résurrection du Christ enveloppe Marie. De même qu’à la transfiguration.

Par là nous découvrons que notre humanité est faite pour rayonner la présence de Dieu en nous. Le Christ est bien l’un d’entre nous, notre frère, « né d’une femme, sujet de la loi ». Il est « vrai homme » car « il a vécu notre condition d’homme en toutes choses excepté le péché ». Nous apprenons que le péché n’est pas « intrinsèque » à l’homme. Il n’est pas un élément de la nature humaine et Dieu ne nous a pas créés pécheurs. C’est nous qui le sommes devenus. « Tu ne tueras point », que nous pouvons comprendre comme : « Tu réaliseras ta vie en ne tuant pas autrui. » Voilà le chemin de l’humanité : ne pas tuer pour apprendre à respecter l’humanité de l’autre et découvrir l’amour au sein d’une humanité fraternelle.

Mais Caïn, l’aîné, a tué son frère Abel malgré l’intervention même de Dieu, signe manifeste que l’humanité est tombée et demeure dans le péché. Alors l’homme est-il fait pour se « cacher » dans la honte d’avoir voulu prendre la place de Dieu ? Est-il cet irresponsable qui ne cesse de dire : « Ce n’est pas moi, c’est elle, c’est le serpent » ? Peut-il aller jusqu’à l’arbre de vie au centre du jardin ? Est-il exclu du paradis, loin de la grâce de Dieu et incapable de l’accueillir ?

Non, Dieu, l’unique créateur du monde, a décidé de le sauver. « Mais s’Il a créé l’homme sans Lui, Il ne le sauve pas sans Lui. » Dieu appelle et l’homme répond librement en écoutant le Seigneur qui l’envoie en mission en son nom. Et cette mission consiste à vivre au maximum cette liberté et cet amour fraternel en vue desquels Dieu nous crée. Nous pouvons comprendre l’histoire sainte comme l’histoire de la recréation de l’homme après la chute pour qu’il soit libéré du mal, du péché et de la mort.

Dans cette longue histoire depuis Abraham, Moïse, David et les prophètes, le peuple de fils d’Israël comprend que, par lui-même, l’homme ne peut « s’en sortir ». Il faut qu’un Sauveur mystérieux, un serviteur souffrant venu de Dieu et « transpercé par nos crimes ». Dieu comprend qu’Il doit venir Lui-même nous sauver et nous conduire aux sources du salut.

Le « oui » de Marie à l’ange en fait la servante de la parole libératrice. Marie puise dans sa liberté vive, non emprisonnée par la fascination du mal, plus jeune et plus neuve que le péché, la force et la joie de porter au monde son Sauveur !

Nous découvrons à nos yeux émerveillés que la femme drapée de soleil de l’apocalypse répond à la femme trompée par le serpent et qu’elle est « cette femme qui maintiendra « l’hostilité entre ce serpent et sa lignée qui l’écrasera du talon ». Marie, mère des croyants, ouvre à son fils Jésus le chemin de la recréation tandis qu’Ève, la mère des vivants, engendrait dans la douleur des enfants marqués par la violence et par la mort.

Allons plus loin et découvrons à notre regard émerveillé cette magnifique alliance entre Dieu – créateur et sauveur – et Marie, l’immaculée qui resplendit la beauté de la création sauvée ! Et cette alliance de lumière est proposée dans la foi à chacun de nous. Ne sommes-nous pas nous-mêmes « porteurs du Christ » puisqu’Il nous donne sa parole, son corps et son sang, son esprit qui anime l’Église et nos frères et nos sœurs dans la foi ? Devenons Celui que nous portons en nous, soyons transfigurés par la charité du Christ ; « Vivre pour nous, c’est le Christ. » Avec Marie, rentrons dans la joie de la lumière et chantons notre Magnificat.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Par une grâce venant déjà de la naissance, la mort et de la résurrection de son fils, Marie a été préparée à être une demeure digne de Lui. Toute fête de Marie est une fête du Christ. Oui, Il nous sauve par Sa croix en faisant resplendir sa Résurrection. Mais nous sommes tellement habitués à un temps logique irréversible, d’abord la mère puis le fils, d’abord la naissance...

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