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Liban - crise

Réfugiés syriens : la proposition de Geagea bute contre le mutisme et... les réalités

En avançant un nouveau projet pour résoudre la crise des déplacés, le leader des FL cherche à doubler le CPL sur son terrain.


Seuls 20 % des réfugiés syriens au Liban vivent dans des camps informels. Joseph Eid/Photo d’archives AFP

La proposition formulée lundi dernier par le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, consistant à réinstaller les réfugiés syriens dans des camps établis à la frontière, du côté syrien, par le biais d’une médiation russe, n’a pas suscité, à ce jour, de réactions au sein de la classe politique.

Le projet préconisé par le leader chrétien, qui s’est évertué à rappeler « l’échec » ou « le faible impact » de toutes les initiatives présentées à ce jour pour résoudre la crise des déplacés, constitue un véritable défi lancé au CPL notamment, qui s’est posé, dès le début, en champion de la cause du retour.

Il est vrai, cependant, que M. Geagea a mis en avant le sens de la « responsabilité nationale » et la nécessité de prendre en considération « les risques en présence », l’urgence de rechercher une solution dans l’immédiat devant prévaloir, selon lui, sur les enjeux de la politique politicienne consistant à « vouloir marquer des points les uns contre les autres », selon sa propre expression.

Qualifiant le dossier des réfugiés de question « existentielle », le leader FL a indiqué que la question du retour des réfugiés ne saurait être résolue que par le biais de l’acheminement des réfugiés vers des zones situées à la frontière où ils pourront provisoirement vivre dans des tentes tout en continuant de bénéficier des aides internationales qu’ils reçoivent déjà au Liban. Constatant que les initiatives précédentes, notamment la proposition russe de rapatriement massif formulée en juillet dernier, ont échoué – les Russes n’ont jamais pu attirer les fonds nécessaires de la communauté internationale pour concrétiser le rapatriement – et rappelant que les alliés libanais de Damas, notamment le Hezbollah, « n’ont, à aucun moment, suggéré un plan de retour se contentant de discours médiatisés », M. Geagea a invité les responsables à pratiquer l’art du possible et à éviter de recycler les mêmes idées.

La communauté internationale continue de considérer à ce jour que les conditions logistiques et sécuritaires ne sont pas encore mûres pour un rapatriement massif et lient le processus de retour à une solution politique en Syrie.

En outre, l’initiative de Moscou, qui tablait principalement sur le lancement du chantier de reconstruction en Syrie, s’est heurtée aux sanctions américaines imposées aux sociétés et pays qui seraient tentés d’investir en Syrie.

Pour les FL, le projet envisagé par M. Geagea ne nécessite pas des fonds importants et pourrait plus facilement être concrétisé. « La proposition de M. Geagea table sur une contribution russe pour la mise en avant de cette proposition, Moscou devant d’une part inciter le régime syrien à avaliser ce projet et, d’autre part, assurer la garantie sécuritaire aux réfugiés qui sont toujours récalcitrants au retour », commente un cadre FL.


(Lire aussi : Retour des réfugiés : le Liban doit "concilier" les positions de Moscou et Washington, selon Aoun)

Deux facteurs essentiels ignorés

Le problème que pose toutefois la proposition formulée par M. Geagea est qu’elle ignore deux facteurs essentiels : à savoir, d’une part, que les réfugiés vivant au Liban, dans des camps dits informels c’est-à-dire sous des tentes, ne dépassent pas les 20 %, le reste, près de 66 % vivant dans des résidences en bonne et due forme qu’ils louent, d’autres sur des chantiers ou dans des garages, près de 15 %. Soit au total, près de 80 % qui auront du mal à accepter de retourner vivre dans des tentes ou des campements, à moins qu’ils n’y soient forcés, un principe moral que le Liban officiel affirme, à ce jour, le retour devant être volontaire mais non lié à un règlement politique.

L’autre obstacle que soulève Imad Rizk, directeur du centre de recherche intitulé « Istichariya », est le fait qu’une réinstallation des réfugiés en territoire syrien suppose d’abord l’accord du régime syrien – ce qui est loin d’être garanti – et d’autre part un accord international et plus précisément une garantie onusienne qui, selon lui, est incontournable, l’organisation internationale étant devenue « légalement responsable de ces réfugiés ». Ce qui nous ramène au point de départ, dit en substance le chercheur, à savoir que la clé du règlement de cette crise est une responsabilité internationale concertée et partagée.

Une dernière entrave, enfin, serait le manque d’enthousiasme que pourrait générer cette suggestion au sein du CPL dans la mesure où elle viendrait concurrencer tous les efforts investis à ce jour par cette formation, qui a parrainé dès le départ ce dossier. Le courant aouniste, qui n’a pas réagi jusqu’ici aux suggestions de M. Geagea, aurait du mal à voir ce dernier tirer crédit d’un terrain dans lequel il s’est largement investi à ce jour, notamment auprès de sa base électorale. La proposition du chef des FL – qui tente subtilement d’éviter l’écueil redouté de la normalisation des relations avec le régime syrien – n’est pas susceptible non plus de susciter l’exaltation du camp pro-Bachar, à commencer par le Hezbollah qui espère, par le biais de la carte des réfugiés, un rapprochement avec le régime syrien.



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La proposition formulée lundi dernier par le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, consistant à réinstaller les réfugiés syriens dans des camps établis à la frontière, du côté syrien, par le biais d’une médiation russe, n’a pas suscité, à ce jour, de réactions au sein de la classe politique. Le projet préconisé par le leader chrétien, qui s’est évertué à rappeler...

commentaires (2)

TREVE DE PAROLES ET DE SUGGESTIONS VIDES DE TOUT CHACUN. SANS UN ACCORD RUSSO/AMERICANO/ONUSIEN LE RETOUR DES REFUGIES RESTE DES PAROLES VIDES. JE SOUHAITE QU,ILS SOIENT RAPATRIES DEMAIN MAIS LES SOUHAITS RESTENT DES SOUHAITS.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 17, le 12 avril 2019

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Commentaires (2)

  • TREVE DE PAROLES ET DE SUGGESTIONS VIDES DE TOUT CHACUN. SANS UN ACCORD RUSSO/AMERICANO/ONUSIEN LE RETOUR DES REFUGIES RESTE DES PAROLES VIDES. JE SOUHAITE QU,ILS SOIENT RAPATRIES DEMAIN MAIS LES SOUHAITS RESTENT DES SOUHAITS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 17, le 12 avril 2019

  • La réinstallation des réfugiés syriens suppose d'abord l'accord du régime syrien (sic). (12/4/2019). La réinstallation des réfugiés palestiniens supposait d'abord l'accord du gouvernement de la Palestine qui n'existe plus depuis 1948. Depuis cette date, Yasser Arafat de triste mémoire avait confondu sa place géographiquement. Serait-elle au nord, au sud ou au centre du Liban avec sa capitale Jounieh... cela dure depuis 71 ans. Pendant ce temps, le chef du CPL, ministre des Affaires étrangères, ex-ministre de l'Energie, est préoccupé à préparer l'installer de son strapontin à Baabda et ce, pour le cas z'où. Mais, d'ici là, le place du strapontin n'y sera peut-être plus !

    Un Libanais

    11 h 26, le 12 avril 2019

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