Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Russie: le responsable de l'ONG Memorial en Tchétchénie condamné à quatre ans de prison



Oïoub Titiev, responsable en Tchétchénie de l'ONG russe de défense des droits de l'Homme Memorial, a été condamné à quatre années de camp, le 18 mars 2019. REUTERS/Said Tsarnayev

Oïoub Titiev, responsable en Tchétchénie de l'ONG russe de défense des droits de l'Homme Memorial, a été condamné lundi à quatre années de camp au terme d'un procès dénoncé par ses partisans comme monté de toutes pièces.

Le tribunal municipal de Chali, une ville située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Grozny, la capitale tchétchène, a reconnu M. Titiev, 61 ans, coupable de possession de drogue, a annoncé Memorial sur son compte Telegram.

Oïoub Titiev, tout de noir vêtu, était présent pour assister au verdict de ce procès qui avait débuté l'été dernier et s'est achhevé à l'issue d'une dernière journée de plaidoiries ayant duré plus de neuf heures.

Egalement condamné à une amende de 100.000 roubles (1.350 euros), le responsable local de Memorial avait été arrêté en janvier 2018 après la découverte de drogue dans sa voiture, placée selon lui à son insu.

Début mars, l'organisation Memorial avait dénoncé le procès de M. Titiev comme étant un "maillon tragique" des pressions visant à entraver son travail, jugeant l'issue jouée d'avance. Selon l'ONG, les poursuites contre M. Titiev étaient liées au fait qu'il enquêtait sur les prisons secrètes tchétchénes, ce qui a permis de libérer plusieurs personnes.


"Un affront à la justice"

"La condamnation d'Oïoub Titiev est un affront aux droits de l'Homme, à la raison et à la justice. En le prononçant coupable en dépit de toutes les preuves du contraire, le tribunal a démontré à quel point le système judiciaire russe est profondément imparfait", a dénoncé Amnesty international dans un communiqué.

"Le tribunal a prouvé n'être qu'un outil que les autorités régionales ont utilisé pour faire taire un des derniers défenseurs des droits de l'Homme travaillant en Tchétchénie", poursuit ce communiqué.

La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a également dénoncé le verdict, qui fait suite à un procès "injuste et absurde".

"Ce verdict révoltant n'a rien à voir avec la loi. Un homme honnête a été emprisonné simplement parce que Kadyrov l'a ordonné", a de son côté déclaré sur Twitter l'opposant russe Alexeï Navalny.

Les observateurs assurent que les fausses accusations de possession de drogue sont fréquentes en Tchétchénie pour faire taire des voix critiques. Mais dans cette république russe du Caucase tenue d'une main de fer par Ramzan Kadyrov, critiquer ouvertement les autorités peut conduire à un sort plus funeste.

La prédécesseure d'Oïoub Titiev comme responsable de Memorial en Tchétchénie, Natalia Estemirova, avait été kidnappée et tuée en 2009. Les groupes de défense des droits de l'Homme avaient alors assuré que les tueurs agissaient sur ordre des autorités locales.

Malgré ces risques, Memorial est la dernière organisation de défense des droits de l'Homme reconnue à maintenir une présence en Tchétchénie tout en se montrant critique envers Ramzan Kadyrov. Le bureau de Memorial à Nazran (en Ingouchie, république russe voisine) avait été incendié après l'arrestation de M. OÏoub.

Oïoub Titiev s'était vu décerné en octobre dernier le prix des droits de l'homme Vaclav Havel par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

En février, les députés européens avaient réclamé la libération immédiate d'Oïoub Titiev et dénoncé "une détérioration dramatique de la situation des droits de l'homme au cours des dernières années" en Tchétchénie.

Memorial est aussi dans le collimateur des autorités russes depuis des années en raison notamment de son travail de mémoire sur les épisodes sanglants du passé soviétique.

Oïoub Titiev, responsable en Tchétchénie de l'ONG russe de défense des droits de l'Homme Memorial, a été condamné lundi à quatre années de camp au terme d'un procès dénoncé par ses partisans comme monté de toutes pièces.Le tribunal municipal de Chali, une ville située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Grozny, la capitale tchétchène, a reconnu M. Titiev, 61 ans,...