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Diaspora - Distinction

Une infirmière libano-canadienne au cœur d’un projet révolutionnaire sur le cancer de l’ovaire

Depuis 2016, Joëlle Malek, du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), à Montréal, est impliquée dans la mise au point d’un test de dépistage qui vient d’être désigné « découverte scientifique de l’année ».


Joëlle Malek (à droite) posant avec Lucy Gilbert (2e à droite), directrice du service de cancer gynécologique au CUSM, et le reste de l’équipe. Photo Facebook/Projet Dovee

Il est surnommé « silencieux », car sournois et difficile à repérer. Le cancer de l’ovaire représente la troisième cause de mortalité par cancer chez les femmes en Amérique du Nord. Rien qu’au Canada, il est responsable du décès de 1 500 femmes chaque année. Un chiffre qui demeure inchangé depuis plus de 25 ans, malgré les avancées technologiques dans le domaine. Cette stagnation s’explique par le fait que 70 % des femmes touchées par ce type de cancer sont diagnostiquées à un stade avancé, réduisant ainsi les chances de survie.

« Le cancer de l’ovaire ne se manifeste pas de manière claire et ses symptômes (ballonnement, fréquente envie d’uriner, inconfort abdominal persistant) sont souvent comparables à ceux d’un problème digestif ou gastrique », explique Joëlle Malek, infirmière responsable du projet « Dovee », une étude clinique qui a pour objectif la détection précoce du cancer de l’ovaire et de l’endomètre.

Depuis qu’elle a rejoint, il y a trois ans, l’équipe dirigée par Lucy Gilbert, directrice du service de cancer gynécologique au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), l’infirmière de 38 ans a fait de la sensibilisation son cheval de bataille.

Outre les cliniques qu’elle gère dans Montréal et ses environs pour le projet Dovee, Mme Malek parcourt la métropole et ses banlieues pour informer les femmes des services de santé offerts gratuitement pour le diagnostic précoce du cancer de l’ovaire.

« Beaucoup de femmes ignorent les symptômes ressentis parce qu’ils sont perçus comme anodins, mais il est important de se faire examiner par mesure de précaution et pour de meilleures chances de survie », souligne l’infirmière. Selon elle, 91 % des cas détectés à un stade précoce ne nécessitent qu’une chirurgie simple et les risques de récurrence sont très faibles.


Diagnostic précoce = 93 % de survie
Les données du département de gynécologie de l’Université McGill indiquent par ailleurs que le taux de survie d’un cancer de l’ovaire diagnostiqué tardivement est de 10 à 30 %, alors qu’il est de 93 % s’il est diagnostiqué tôt.

Six ans après le lancement du projet Dovee, les études portent leurs fruits et ont permis la mise au point d’un test fiable pour le dépistage précoce des cancers de l’ovaire et de l’endomètre. Ce test, baptisé « PapSEEK », vient de remporter, le 20 février dernier, le prix de la découverte scientifique de l’année 2018, remis par le magazine Québec Science.

« C’est un test vraiment révolutionnaire, s’exclame Mme Malek en parlant du PapSEEK. Il n’existe pas actuellement d’outil aussi facile à utiliser et non agressif pour le dépistage de ce type de cancer. »

Le test consiste en l’analyse génétique d’un prélèvement de cellules de la paroi utérine, une procédure semblable au test Pap lors d’un examen gynécologique, explique Québec Science dans un communiqué. L’outil permet de détecter la présence de mutations dans les cellules de l’ovaire et de l’endomètre, toujours selon le magazine scientifique.


« Travailler sur la santé des femmes »
Avant son arrivée à Montréal, Joëlle Malek a travaillé de 2001 à 2008 comme infirmière aux urgences et dans la salle de réveil à l’Hôtel-Dieu de Beyrouth. « Je ne pensais pas qu’un jour je quitterais le Liban, mais la décision a été prise après la guerre israélienne de 2006, dit-elle. Nous recevions des blessés par hélicoptère, des jeunes gravement atteints par les bombardements. C’était trop intense, nous avions peur de traverser les ponts, les routes. »

Une fois à Montréal, elle travaille dans l’unité gynécologique du CUSM, enchaînant ensuite d’autres postes d’assistante infirmière en chef dans d’autres unités.

En 2011, elle retourne aux études à temps partiel et, deux ans plus tard, elle obtient un certificat en santé communautaire. « Je voulais mieux comprendre le système québécois et, surtout, je voulais faire quelque chose d’utile, dit-elle. Travailler avec les communautés, ça a toujours été important pour moi. »

Joëlle Malek a fait de ce contact direct avec les communautés, et avec les femmes en particulier, le moteur de son action. « Les femmes sont toujours occupées à prendre soin des autres, mais réfléchissent peu à leur propre santé, lance-t-elle. J’ai toujours voulu travailler pour faire avancer les recherches sur la santé des femmes et améliorer leur qualité de vie, dit cette mère de deux fillettes de 5 et 9 ans. Je me considère chanceuse de pouvoir faire partie de ce projet aujourd’hui. »


Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : monde@rjliban.com – www.rjliban.com

Il est surnommé « silencieux », car sournois et difficile à repérer. Le cancer de l’ovaire représente la troisième cause de mortalité par cancer chez les femmes en Amérique du Nord. Rien qu’au Canada, il est responsable du décès de 1 500 femmes chaque année. Un chiffre qui demeure inchangé depuis plus de 25 ans, malgré les avancées technologiques dans le domaine....