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Lifestyle - Pendant ce temps, ailleurs...

L’Égypte nostalgique de l’âge d’or de la chanson arabe

Sur scène, en costume-cravate bleu ciel, Ahmad Adel interprète avec ferveur un classique de la chanson arabe, cultivant une nostalgie romantique pour l’époque où Le Caire était encore la capitale incontournable de ce type musical. Mohammad el-Shahed/AFP

Sur scène, en costume-cravate bleu ciel, Ahmad Adel interprète avec ferveur un classique de la chanson arabe, cultivant une nostalgie romantique pour l’époque où Le Caire était encore la capitale incontournable de ce type musical. Après une introduction au oud, sous l’acclamation du public, il entonne un mawwal. « Ya leil », répète le chanteur avec la langueur de l’interprète original Mohammad Abdel Wahab. « Allah ! » s’exclament des spectateurs en signe d’exaltation, dans la petite salle comble à l’architecture mamelouke de l’Institut de musique arabe du Caire. « Les chansons modernes marchent un jour ou deux, un mois, un an, puis on n’en entend plus parler, tandis que celles de Abdel Wahab et Oum Kalsoum existent toujours jusqu’à aujourd’hui », s’extasie Ahmad Adel en coulisses.

Jusque dans les années 1970, l’industrie musicale égyptienne bouillonne. Oum Kalsoum, Mohammad Abdel Wahab, Abdel Halim Hafez et d’autres font du Caire un véritable Hollywood de la chanson arabe, attirant des talents de toute la région. Mais à partir des années 1990, les pays du Golfe livrent à l’industrie égyptienne une concurrence acharnée, en particulier le label Rotana, propriété du prince saoudien milliardaire al-Walid ben Talal. Et la révolution de 2011, qui plonge l’Égypte dans le chaos politique et économique, porte un coup de grâce au secteur. Pourtant, dans les rues comme les maisons, la voix puissante d’Asmahan ou encore les mélodies voluptueuses de Najate al-Saghira se mêlent toujours au son des tubes pop.

Ahmad Adel monte régulièrement sur scène pour rendre hommage à ses idoles, accompagné d’une troupe de l’Opéra du Caire. « Ces événements-là ont beaucoup de succès », assure Jihan Morsi, la directrice du département des musiques orientales de cet établissement public, qui se réjouit d’avoir « réussi à préserver l’identité arabe ». Pour que le public vienne se « nettoyer les oreilles » du bruit infernal de la capitale, elle fait aussi venir des vedettes de la pop arabe, comme Angham, Saber al-Roubaï ou Waël Jassar. « Ce sont de belles voix qui ont un public de jeunes. Les jeunes viennent les voir, assistent aux parties consacrées aux vieilles chansons et apprécient », se félicite Mme Morsi.

De son côté, l’industrie musicale cible aussi la jeunesse pour raviver le patrimoine. Pour ce faire, Sono Cairo (Sawt al-Qahira, en arabe), historique société de production, mise sur internet – malgré de notoires déboires financiers et de récurrentes batailles judiciaires autour des droits d’auteur sur les chansons d’Oum Kalsoum. Connue pour avoir produit celle que l’on surnomme « l’astre de l’Orient », Sono Cairo investit – comme d’autres sociétés de production – dans les technologies avec son répertoire de classiques, notamment via des contrats avec YouTube et des opérateurs de téléphonie. « Nous avons commencé la numérisation et nous continuons pour atteindre les jeunes », explique Doaa Mamdouh, responsable des services internet de la maison de disques. En outre, « les émissions de télécrochet comme “Arab Idol” et “The Voice” montrent des personnes qui chantent des chansons anciennes. Alors, tout le monde se met à chercher (sur internet) qui chante cette chanson magnifique », relève-t-elle.

Publiées sur la toile par des sociétés ou des particuliers, les vidéos en noir et blanc du patrimoine égyptien rivalisent toutefois difficilement face à la multitude de clips actuels. De jeunes artistes du Liban, du Maroc ou des Émirats arabes unis engrangent des millions de vues sur YouTube, chantant généralement dans leur propre dialecte et sans passer nécessairement par Le Caire. Mais l’Égypte produit elle aussi de nouvelles vedettes de la pop, du rap, du rock ou de l’électro-chaabi – à mi-chemin entre folklore et hip-hop, mais conspué par les puristes. En outre, une nouvelle scène dite alternative (ou underground) grandit à travers le monde arabe. Dans leur studio du Caire, les cinq quadragénaires du groupe de rock Massar Egbari reprennent un classique à leur manière. Batterie, basse et synthétiseur accompagnent le chanteur qui entonne Ana haweit (J’ai aimé) de Sayyed Darwich. Loin des envolées sentimentales et des chansons d’amour sirupeuses, Massar Egbari se décrit comme une rencontre entre Sayyed Darwich et Pink Floyd.

Source : AFP


Sur scène, en costume-cravate bleu ciel, Ahmad Adel interprète avec ferveur un classique de la chanson arabe, cultivant une nostalgie romantique pour l’époque où Le Caire était encore la capitale incontournable de ce type musical. Après une introduction au oud, sous l’acclamation du public, il entonne un mawwal. « Ya leil », répète le chanteur avec la langueur de...

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