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En France, l'antiparlementarisme monte d'un cran avec une tentative d'incendie chez le président de l'Assemblée

"Après l'attaque d'un ministère, des dégradations de permanences parlementaires, des lettres haineuses et racistes contre des députés" et ces faits visant Richard Ferrand, "jusqu'où iront-ils contre les élus?", s'interroge Sandrine Mörch.

Un gilet jaune essaie d'enlever une affiche où l'on voit le président de l'Assemblée Richard Ferrand, à Paris, le 9 février 2019. AFP / Zakaria ABDELKAFI

Après des dégradations en série de domiciles ou permanences de députés de la majorité, les violences antiparlementaires qui émaillent le mouvement des "gilets jaunes" semblent franchir un palier avec la tentative d'incendie visant la maison même du président de l'Assemblée. Cette dégradation de la résidence secondaire de Richard Ferrand à Motreff, dans sa circonscription de Bretagne (ouest), a suscité l'indignation de toute la classe politique.

"Peut-être qu'il est temps d'arrêter la violence, peut-être qu'il est temps d'arrêter la mise en cause systématique des représentants de la démocratie (et) de nos forces de l'ordre", a lancé le ministre français de l'Intérieur Christophe Castaner samedi, 13ème journée de manifestation des "gilets jaunes" entrés en rébellion en novembre contre la politique fiscale du gouvernement.

Selon le procureur de Brest, Jean-Philippe Récappé, il n'y a "aucune revendication" et "rien qui permette de relier ces faits à un groupe quelconque" à ce stade. Une enquête a été confiée à la gendarmerie pour identifier les responsables du sinistre découvert vendredi mais qui remonterait à plusieurs jours.

Cependant, "les auteurs ne semblent pas avoir eu la volonté de mettre le feu à la maison", le foyer ayant été placé à l'extérieur, a-t-il précisé à l'AFP. "Rien ne légitime la violence ou l'intimidation à l'égard d'un élu de la République", avait aussitôt réagi Emmanuel Macron, dont M. Ferrand est un proche.

Le président de l'Assemblée, quatrième personnage de l'Etat, a aussi reçu le soutien du gouvernement et de l'ensemble de la classe politique, de la gauche radicale à l'extrême droite. Le patron des Républicains Laurent Wauquiez a encore condamné samedi sur Twitter "un acte honteux et consternant". L'élu breton "reste auprès des siens ce week-end", selon son entourage. Sa maison avait déjà été la cible d'agriculteurs en colère début 2016.

Au-delà de la sphère politique, le leader du syndicat CFDT Laurent Berger a appelé à "condamn(er) sans détour ces agissements qui n'ont d'autre but que d'ébranler la démocratie".

Cette tentative d'incendie s'inscrit dans une série d'actes violents et menaces envers les députés de la majorité, depuis le début du mouvement des "gilets jaunes" en novembre. Au total, cinquante à soixante élus du parti présidentiel La République en Marche (LREM) ont été visés, dont certains ont reçu une protection policière au moins un temps, de sources parlementaires.


(Lire aussi : Nouvelle journée de manifestations des "gilets jaunes", qui ciblent les violences policières)



"On dépasse les bornes"

"Après l'attaque d'un ministère, des dégradations de permanences parlementaires, des lettres haineuses et racistes contre des députés" et ces faits visant Richard Ferrand, "jusqu'où iront-ils contre les élus?", s'interroge Sandrine Mörch (LREM). "On dépasse les bornes en mettant le feu à un domicile", a aussi dénoncé à l'AFP Christian Jacob, président des députés Les Républicains.

Samedi à Paris, des "gilets jaunes" ont tenté d'enfoncer des palissades devant l'Assemblée nationale et certains ont uriné devant l'édifice puis celui du Sénat, a constaté l'AFP. "Honte" à ceux qui s'en prennent à "la maison de la Nation", s'est insurgée Aurore Bergé, porte-parole LREM, sur Twitter.

Au moins deux permanences de députés avaient été dégradées samedi dernier, l'une peinturlurée de rouge, l'autre recouverte de photos de manifestants blessés.

Fait rare dans l'histoire, le domaine privé des parlementaires est ciblé : domiciles tagués, coups de feu devant un autre, voitures incendiées.

M. Castaner a aussi fait état de menaces contre des parlementaires "qui ont voté certains textes de loi comme cette semaine" la proposition de loi controversée "anticasseurs". Il s'est élevé contre "une menace à la démocratie même".

Selon l'historienne Danielle Tartakowsky, "cet antiparlementarisme est lié pour une part à l'affaiblissement du rôle des élus". Elle met aussi en avant auprès de l'AFP "l'éloignement entre élus et électeurs, accru par la fin du cumul des mandats".

"Les Français, depuis des décennies, constatent que leurs problèmes ne se règlent pas, ce qui crée une défiance terrible à l'égard des élus quels qu'ils soient. Recourir à la violence est contre-productif", plaide Marie Guévenoux, copilote pour les députés LREM du grand débat national.

Ceux-ci organisent ou co-organisent plus de 500 réunions d'ici mi-mars, en espérant canaliser la colère.


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