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À La Une - Etats-unis

Accusant un tabloïd US de chantage, Jeff Bezos balance tout

Le National Enquirer aurait demandé à l'homme le plus riche du monde de déclarer publiquement que les articles le concernant n'avaient aucune visée politique.

Jeff Bezos, le directeur général d'Amazon. AFP / Jim WATSON

Jeff Bezos, le directeur général d'Amazon, a accusé le propriétaire du National Enquirer de chantage, disant que ce dernier avait menacé de publier des "photos intimes" de l'homme le plus riche du monde s'il ne déclarait pas publiquement que les articles du tabloïd le concernant n'avaient aucune visée politique.

Cette accusation, le clou d'une longue tribune figurant sur la plateforme en ligne Medium, est le dernier épisode en date d'un différend à entrées multiples entre Jeff Bezos, propriétaire du Washington Post à titre personnel, et l'éditeur d'un des tabloïds les plus lus aux Etats-Unis, qui a longtemps entretenu des liens étroits avec le président américain Donald Trump.

"Bien sûr, je ne veux pas que des photos personnelles soient publiées, mais je ne participerai pas non plus à leur pratique bien connue de chantage, de faveurs politiques, d'attaques politiques et de corruption", écrit Jeff Bezos. "Je préfère faire face, tout secouer et voir ce qu'il en sort." Le milliardaire a dès lors publié jeudi le contenu de lettres échangées avec American Media (AMI), le propriétaire du National Enquirer. Si AMI ni la Maison blanche n'ont répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.

L'affaire commence le 10 janvier, soit au lendemain de l'annonce du divorce de Jeff et MacKenzie Bezos après 25 ans de mariage, quand le National Enquirer consacre un article de 11 pages à une liaison qu'aurait eue le patron d'Amazon avec Lauren Sanchez, une ancienne présentatrice de télévision, avec photos et SMS à la clef.

Cherchant à déterminer comment le magazine a pu mettre la main sur de tels documents, Jeff Bezos fait alors appel les services Gavin de Becker, un consultant en sécurité qui a notamment travaillé pour Ronald Reagan. Très rapidement, Gavin de Becker dit à la presse que les révélations publiées par le National Enquirer ont une motivation politique.


(Lire aussi : Divorce de Jeff Bezos, l'homme le plus riche du monde)


"Jeff Bozo"
Jeff Bezos, Amazon et Washington Post font régulièrement l'objet d'attaques lancées par Donald Trump sur Twitter. Le Washington Post a publié de nombreux articles critiques vis-à vis du président américain. Ce dernier estime que le journal agit comme le "lobbyiste en chef" d'Amazon, sans avancer de preuve. Dans un tweet réagissant à l'article de National Enquirer sur le divorce de Jeff Bezos, Donald Trump a traité ce dernier de "Jeff Bozo" (Jeff le stupide).

"Il est inévitable que certaines personnes puissantes qui font l'objet d'articles du Washington Post vont conclure à tort que je suis leur ennemi", écrit Jeff Bezos. "Le président Trump est l'une de ces personnes, ce qui ressort clairement de ses nombreux tweets."

Dans sa tribune, Jeff Bezos évoque un courriel d'un avocat d'AMI, Jon Fine, à un représentant de Gavin de Becker dans lequel AMI propose que ce dernier et le patron d'Amazon reconnaissent publiquement qu'"ils n'ont aucune information ni élément pour suggérer que la couverture d'(AMI) est motivée par des considérations politiques ou influencée par des forces politiques". En contrepartie de cette reconnaissance, selon le courriel, AMI propose de "ne pas publier, distribuer, partager ou décrire des textes et des photos non encore publiées".

Jeff Bezos estime que la démarche d'AMI équivaut à une "proposition d'extorsion".

Gavin de Becker a notamment révélé s'être intéressée au frère de l'amie de Jeff Bezos, Michael Sanchez, qui compte parmi ses connaissances Roger Stone, conseiller et ami de longue date de Donald Trump. M. Sanchez, qui a fréquenté également Carter Page, ancien conseiller diplomatique du président américain, pourrait ainsi être à l'origine de la fuite selon l'enquête, a révélé le site Daily Beast. Dans sa tribune, Jeff Bezos laisse aussi entendre que les enquêteurs se seraient intéressés aux relations entre AMI et Donald Trump.

Le patron d'AMI, David Pecker, est un ami de longue date du président américain et a reconnu avoir acquis les droits de témoignages compromettants pour Donald Trump avec le projet clair de ne jamais les publier, pour le protéger. Il a, depuis, accepté de collaborer avec la justice dans l'enquête du procureur spécial Robert Mueller, un revers pour Donald Trump.


(Lire aussi : Amazon devient l'entreprise privée la plus chère au monde)


Trump et MBS

Dans sa tribune, Jeff Bezos mentionne également l'Arabie saoudite, et évoque des liens supposés entre AMI et le prince Mohammed ben Salmane. Or le prince a ordonné, selon plusieurs rapports officiels, le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, qui a collaboré au Washington Post, propriété de Jeff Bezos.

Jon Fine et Gavin de Becker n'ont pas pu être contactés dans l'immédiat.

L'extorsion présumée suscite en outre des interrogations chez certains observateurs judiciaires, qui se demandent si AMI et son directeur général, David Pecker, n'ont pas de ce fait enfreint un accord passé entre la maison mère du National Enquirer et les procureurs fédéraux concernant le paiement d'un montant de 150.000 dollars (132.000 euros) versé pour faire taire Karen McDougal, le mannequin de Playboy qui affirme avoir eu une liaison avec Donald Trump. L'absence de poursuites était subordonné au fait qu'AMI ne commette pas d'autre infraction, selon le bureau du procureur de New York.

Un porte-parole du bureau s'est refusé à tout commentaire.

Jeff Bezos, à la tête d'une fortune de plus de 120 milliards de dollars, a déclaré dans sa tribune: "Si, dans ma position, je ne peux pas résister à ce genre d'extorsion, combien de personnes peuvent le faire?"


Jeff Bezos, le directeur général d'Amazon, a accusé le propriétaire du National Enquirer de chantage, disant que ce dernier avait menacé de publier des "photos intimes" de l'homme le plus riche du monde s'il ne déclarait pas publiquement que les articles du tabloïd le concernant n'avaient aucune visée politique.Cette accusation, le clou d'une longue tribune figurant sur la plateforme en...

commentaires (2)

ON DIRAIT NOS ABRUTIS...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 11, le 08 février 2019

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Commentaires (2)

  • ON DIRAIT NOS ABRUTIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 11, le 08 février 2019

  • C'est pire que chez nous , mais les réactions passent sous silence ces scandales , pour acculturation complexée.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 43, le 08 février 2019

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