Mira Mikati, plus « kawaii » que « kowai » ...

Lors du lancement de sa marque éponyme en 2015, Mira Mikati disait qu’elle aspirait « à créer des vêtements qui font sourire, tout simplement ». Son pari semble largement réussi, cinq ans plus tard, quand la créatrice aura soufflé, au gré de chacune de ses collections aux allures de rêve éveillé, à la faveur de chaque pièce de son vestiaire éclaboussé de couleurs, un vent édulcoré sur la stratosphère mode, faisant l’effet d’un arc-en-ciel parachuté au cœur d’un monde où tout, hélas, nous paraît de plus en plus noir et nuageux. Parallèlement, en fan d’art contemporain, elle égrenait les expos des artistes pop qu’elle affectionne et qui siéent bien à ce qu’elle se plaît à appeler son LaLaLand, bulle hermétique exilée de notre époque qui marche sur la tête. « C’est ainsi que j’ai découvert le travail de Mr. à la galerie Perrotin lors de son exposition solo en 2003. Je ne le connaissais pas, et pourtant, j’ai ressenti comme une connexion entre nous. Sans les 20 heures de vol qu’il faut pour arriver à Tokyo, j’ai eu l’impression, par le biais de ses œuvres, d’être transplantée en plein cœur de cette ville, fascinée par les détails ludiques des caractères kawaii qu’il conçoit », raconte celle qui, en dépit du caractère sombre qui sous-tend l’œuvre de l’artiste japonais, n’en distille que l’aspect kawaii (mignon) plutôt que kowai (terrifiant), et qui résonne bien avec le monde naïf et bariolé qu’elle échafaude à travers son label.

Nulle surprise, donc, que les bulles de Mira Mikati et Mr. finissent aujourd’hui par se croiser à l’occasion d’une collaboration, fruit d’une visite de la Libanaise dans le studio du Japonais à Tokyo en 2009. Lancée samedi dernier à la galerie Perrotin où Mr. présente jusqu’au 9 mars son exposition Mr.’s Melancholy Walk Around the Town, cette collection capsule est constituée de pulls, vestes, tee-shirts, chaussettes, casquettes et poupées tricotées, conçues par Mira Mikati et sur lesquelles semble avoir déteint le castelet tendre et étrange de l’artiste japonais. Si Pharrell Williams s’est déjà rué sur les pièces au moment du vernissage, celles-ci sont proposées à la vente depuis mardi sur le site web de la marque. À vos marques, prêts ? Kawaii !