Ces derniers jours, on a vu que boxer un policier, avec acharnement, peut faire naître une cagnotte au bénéfice du boxeur. On a également entendu des gilets jaunes, des bâtons à la main, nous donner des leçons d’économie.
D’habitude, les grands philosophes et économistes de comptoir en restent à leurs comptoirs. Ils expliquent à celui qui veut bien les écouter – c’est-à-dire d’autres quidams dans le bar – comment il faudrait gouverner le monde ; on entend quelquefois des absurdités, pour ne pas dire des inhumanités. On peut entendre que la Shoah n’aurait jamais existé, ou la théorie fumeuse selon laquelle les Américains ne seraient jamais allés sur la Lune. Il est vrai qu’au bout de 12 verres de rouge, la personne n’a plus vraiment toute sa tête : elle commence sérieusement à délirer et raconter des horreurs, mais cela ne va pas plus loin que la désapprobation de ses congénères, et le flot de bêtises s’arrête au seuil du bar.
On a entendu, à la radio, à la télévision, des personnes qui n’ont aucun titre parler de sujets dont elles n’ont aucune connaissance, aucun savoir. Elles sont même allées jusqu’à se dire représentants du peuple français alors qu’elles n’ont aucun mandat électif. Elles nous expliquaient comment il fallait résoudre la crise, leur pensée monolithique ne voyant aucune solution que la leur.
Comme beaucoup, j’ai été surpris et choqué de l’arrestation et l’emprisonnement d’un grand chef d’entreprise, qui a mis son groupe sur un piédestal mondial. Ce citoyen du monde a réalisé une prouesse économique et managériale, en pilotant 3 entreprises sur plusieurs continents, avec des cultures différentes. Mais quelle ne fut ma surprise en prenant note de certaines des réactions en France ou à l’étranger, notamment du pays du Soleil levant. Ces personnes critiquaient très durement son salaire, sa personnalité, ses résultats même. C’est à se demander si les critiques n’ont pas perdu la raison : est-ce qu’un homme brillant, professionnel, méritant et important mérite d’être humilié en le laissant croupir plusieurs semaines en prison comme un vulgaire criminel ?
Quand on fait le tour de certaines démocraties et qu’on scrute les résultats électoraux en Europe ou en Amérique, on ne peut que s’étonner devant les choix, démocratiques certes, mais tellement médiocres qui ont été faits par les peuples. Que ce soit au pays de l’Oncle Sam qui a élu un grand dadais misogyne et inculte, ou au pays de la Caïpirinha qui a élu un extrémiste. Nous sommes aussi bien lotis en Europe avec les rosbifs qui ont voté pour la sortie de l’Europe – décision médiocre –, ou encore les Italiens qui ont élu un nationaliste. Et je ne vous parle pas du Liban où l’excellence (académique, professionnelle) s’efface au profit d’un clientélisme et d’un féodalisme endémiques qui gangrènent la société dans tous ses recoins.
Décidément, il est bizarre ce monde qui boude l’élitisme et fait une part de choix à la médiocrité.
Est-ce vraiment ce que nous voulons ? La médiocrité 2.0 ?
commentaires (3)
Embêtant si le non médiocre Ghosn a employé sa soeur comme conseillère au sein d’un "global donation advisory council " dont Nissan dit ne rien savoir, pour 660 mille euros de 2013 à 2016. Il y a des médiocres qui ne font pas (trop) de mal (moi par exemple) et d'autres, moins médiocres et qui ne rechignent pas à en faire à plus ou moins grande échelle. Calmez-vous, ça va aller et daignez regarder les choses comme elles sont
M.E
20 h 20, le 18 janvier 2019