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Moyen Orient et Monde - France

Macron lance le grand débat « sans tabou » face à des maires revendicatifs

Le chef de l’État a rencontré hier 600 maires normands rassemblés dans le gymnase de Grand Bourgtheroulde.

Emmanuel Macron s’adressant hier à 600 maires à Grand Bourgtheroulde. Philippe Wojazer/Pool/AFP

Le président français, Emmanuel Macron, a officiellement lancé hier le grand débat national en appelant à un dialogue sans « tabou » face à des maires inquiets qui ont témoigné des « fractures » françaises.

« Nous pouvons faire du moment que traverse la France une chance », a souhaité le président en s’adressant à 600 maires normands rassemblés dans le gymnase de Grand Bourgtheroulde (Eure). Cette première sortie du chef de l’État en région depuis un mois se déroule sous haute sécurité : aux cris de « Macron démission », une centaine de gilets jaunes s’étaient rassemblés à Grand Bourgtheroulde après avoir réussi à contourner les barrages. Les forces de l’ordre ont fait deux fois usage de gaz lacrymogènes pour les contenir et ont interpellé deux hommes. C’est « important symboliquement d’être là, c’est le premier jour du débat. Il faut montrer à Emmanuel Macron que même s’il veut nous écarter, on sera là comme une moule accrochée à son rocher », a déclaré l’un d’eux, Thierry-Paul Valette.

Le chef de l’État a nommé publiquement pour la première fois les gilets jaunes depuis le début de leur mobilisation, il y a deux mois, en estimant que cette crise était « une chance » pour « réagir plus fort » et continuer à réformer plus profondément. « Il faut constamment redemander aux gens leur avis. Je ne pense pas du tout que ce soit du temps perdu, que ce soit du temps pour arrêter les réformes, car les gens veulent des changements », a-t-il ajouté au cours d’une visite surprise à Gasny (Eure) à la mi-journée.

À Grand Bourgtheroulde, Emmanuel Macron a écouté les maires se succéder au micro pour énumérer la longue liste des « doléances » de leurs administrés. « Monsieur le Président, merci de votre démarche. Je vais vous parler du fond du cœur. La France est malade. Il y a une grande souffrance », a témoigné l’un d’eux. Et les élus de citer le pouvoir d’achat, la justice fiscale, le niveau des retraites ou l’affaiblissement des services publics en milieu rural. « On a des territoires où des malades décèdent, faute de soins », a regretté Anne-Marie Vousine, maire de Torigni-sur-Vire (Manche).

« Toutes ces fractures, on les a devant nous, et d’un seul coup, les choses s’effritent », avait expliqué en préambule le chef de l’État, citant Jacques Chirac et sa fracture sociale. « Je pense qu’il ne faut pas du tout en avoir peur. Il faut refuser la violence (...) Il faut refuser la démagogie parce que l’addition des colères n’a jamais fait une solution, mais il nous faut construire les voies et moyens de construire des solutions pour le pays. »

Cadeau aux riches

Les élus ont suggéré plusieurs réformes : baisser la TVA sur les produits de première nécessité, rendre des compétences aux maires... « Faites confiance aux maires », ont réclamé nombre d’élus. « Quelle garantie nous donnez-vous que seront pris en compte les éléments que nous transmettrons ? » a interrogé Sophie de Gibon, maire de Canteloup Calvados. Le président aura fort à faire pour convaincre nombre d’habitants persuadés de l’inutilité de ce grand débat, qu’ils se disent pro-Macron ou « de tout cœur » avec les gilets jaunes. Selon un sondage Elabe pour BFMTV hier, 40 % d’entre eux ont l’intention de participer au grand débat, mais seulement 34 % pensent qu’il permettra une sortie de crise. L’enjeu est pourtant crucial pour Emmanuel Macron, qui compte relancer son quinquennat et reprendre l’initiative après deux mois de crise et d’effondrement dans les sondages. Francis Courel, maire de Saint-Philbert-sur-Risle (Eure), a accusé le président d’avoir, en supprimant l’ISF, « fait un cadeau d’un milliard d’euros aux 100 Français les plus riches ». Comme plusieurs de ses collègues, il a salué les « gilets jaunes » comme l’exemple d’un « réveil démocratique en marche qui interpelle un système probablement à bout de souffle ».

Le débat a été lancé alors que son organisation n’est pas toujours pas finalisée. Deux membres du gouvernement, Emmanuelle Wargon (Transition écologique) et Sébastien Lecornu (Aménagement du territoire), ont été désignés pour en superviser l’animation, ce qui a provoqué les critiques de l’opposition et des gilets jaunes. Mais il reste encore à désigner le collège de cinq personnalités qui seront les garants de l’indépendance et de la neutralité de la consultation. Leurs noms seront dévoilés vendredi.

Le Premier ministre Édouard Philippe a assuré devant les députés que ni le gouvernement ni les deux ministres chargés de l’animer ne se mêleront d’organiser les remontées du débat, qui sera la responsabilité des garants.

D’autres « qui déconnent »

Dans les couloirs de l’Assemblée, les députés d’opposition ont dénoncé une nouvelle « petite phrase » d’Emmanuel Macron qui a déclaré à Gasny vouloir « responsabiliser » les personnes en situation de pauvreté, car « il y en a qui font bien » et d’autres « qui déconnent ». « L’année 2019 débute comme elle s’est achevée. Des débats s’ouvrent mais toujours le même mépris pour les Français ! » a dénoncé Valérie Boyer (LR). Olivier Faure, le patron du PS, a jugé « insupportable » cette « façon de jeter en pâture les plus faibles ».

Source : AFP

Le président français, Emmanuel Macron, a officiellement lancé hier le grand débat national en appelant à un dialogue sans « tabou » face à des maires inquiets qui ont témoigné des « fractures » françaises. « Nous pouvons faire du moment que traverse la France une chance », a souhaité le président en s’adressant à 600 maires normands rassemblés...

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