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Liban - Réfugiés syriens

Aoun au corps diplomatique : La position internationale est « peu rassurante »

« Un gouvernement solide offrira au Liban la certitude d’être considéré par la communauté internationale comme un partenaire digne de confiance », estime le nonce apostolique.

Le président Michel Aoun donnant son discours, hier, devant le corps diplomatique étranger accrédité au Liban. Photo Dalati et Nohra

Le président de la République, Michel Aoun, a assuré hier dans un discours devant le corps diplomatique étranger accrédité au Liban, à l’occasion du Nouvel An, qu’il œuvrait afin d’obtenir la formation du gouvernement qui se fait attendre depuis mai dernier, et évoqué une nouvelle fois le poids des réfugiés syriens qui se trouvent au Liban depuis le début de la guerre en Syrie en 2011.

« L’essence de la démocratie libanaise repose sur le consensus avant toute autre chose. C’est pour cela que nous œuvrons à obtenir une large entente afin de former le gouvernement avec le Premier ministre désigné » Saad Hariri, a affirmé le président Aoun devant les ambassadeurs, en présence notamment du doyen des diplomates étrangers accrédités au Liban, le nonce apostolique Joseph Spiteri, et de l’ambassadeur de Syrie Ali Abdel Karim Ali, qui était assis à côté de l’ambassadeur du Vatican.

« Les expériences passées montrent que (la formation du gouvernement) requiert du temps et de larges consultations, car les précédents cabinets ne se basaient pas sur des critères clairs. Mais aujourd’hui, après avoir adopté le mode de scrutin proportionnel aux législatives, la formation du cabinet n’aurait pas dû prendre autant de temps si nous avions adopté comme critère la représentation équitable (...) », a déploré le chef de l’État. « Les circonstances ne permettent plus d’atermoiement (…) », a-t-il averti.

La formation du gouvernement, attendue depuis plus de sept mois et qui semblait imminente à la veille des fêtes de fin d’année, s’est compliquée in extremis.

Par ailleurs, le président Aoun a évoqué la question du plus d’un million de réfugiés syriens présents au Liban. « (...) La crise des réfugiés (syriens) continue de peser lourdement (sur le Liban), sur les plans économique, sécuritaire, social, éducatif et sanitaire », a déploré le chef de l’État, qui a souligné que les infrastructures du pays étaient incapables de supporter une telle présence démographique.

Les frais d’une paix régionale

« Le Liban est un pays d’émigration et non de naturalisation ou de marché de travail ouvert », a affirmé le président Aoun, ajoutant que les réfugiés syriens « ont la possibilité de rentrer chez eux et de vivre en Syrie en toute dignité en contribuant à la reconstruction de leur pays, surtout après le recul des combats et le retour à la normale dans la plupart des villes syriennes » .

Le chef de l’État a appelé à un retour des réfugiés syriens chez eux sans attendre une solution politique au conflit, alors que la communauté internationale estime qu’un tel retour est encore prématuré et ne bénéficie pas de garanties suffisantes concernant la sécurité des réfugiés en Syrie.

« Les prises de position de la communauté internationale ne sont pas claires à ce sujet, et ce qui filtre de ces positions n’est pas rassurant, car il y a des tentatives de lier le retour à une solution politique qui pourrait prendre du temps avant d’être mise en place (...) », a prévenu le président Aoun. Il a exprimé la crainte que la volonté présumée de la communauté internationale de garder les réfugiés au Liban ne s’inscrive dans le cadre d’un « plan concocté pour forcer les Libanais à quitter le pays de sorte à faciliter la mise en œuvre de solutions suspectes (de naturalisation, NDLR) ». « Le Liban est-il voué à faire les frais des solutions de paix régionales, après avoir payé le prix des guerres de la région (pendant la guerre civile de 1975 à 1990, NDLR) ? » s’est interrogé le chef de l’État.

Il a par ailleurs réitéré sa position défendant l’attachement du Liban à l’application de la résolution 1701 de l’ONU et stigmatisé les « violations continues de ce texte par Israël », dans une allusion à peine voilée à l’affaire des tunnels souterrains présumés du Hezbollah traversant les frontières sud vers l’État hébreu et que celui-ci s’était engagé à détruire il y a un peu près d’un mois, en lançant l’opération Bouclier du Nord.

Souhaits diplomatiques…

Pour sa part, le nonce apostolique a mis l’accent sur l’enjeu de la formation du gouvernement, tout en réaffirmant l’appui international que vaut au Liban l’accueil offert aux réfugiés.

« Nous voudrions vous assurer du soutien diplomatique et économique de tous les amis du Liban pour que celui-ci puisse faire face aux défis internes et externes, et pour trouver des solutions justes et équitables aux problèmes épineux, telle la question des réfugiés syriens. Dans un contexte géopolitique toujours en évolution, nous souhaitons un Liban stable (…) », a déclaré le diplomate à l’adresse du chef de l’État, en s’étendant sur la valeur du Liban en tant que « message de liberté et de diversité », servant de « modèle en Orient et en Occident, comme l’avait affirmé le pape Jean-Paul II il y a une trentaine d’années ».

Mais « pour que le Liban puisse continuer à se présenter comme modèle aux autres nations, nous formulons notre vif souhait que la formation du nouveau gouvernement advienne dans les meilleurs délais possibles. Ainsi, la confiance des citoyens en leur pays sera renforcée, un changement positif sera instauré et le pays pourra bénéficier du soutien international nécessaire, déjà promis dans différentes conférences, notamment celle de Paris », a déclaré le diplomate. « Un gouvernement solide offrira au Liban la certitude d’être considéré par la communauté internationale comme un partenaire digne de confiance », a conclu le nonce apostolique.


Le président de la République, Michel Aoun, a assuré hier dans un discours devant le corps diplomatique étranger accrédité au Liban, à l’occasion du Nouvel An, qu’il œuvrait afin d’obtenir la formation du gouvernement qui se fait attendre depuis mai dernier, et évoqué une nouvelle fois le poids des réfugiés syriens qui se trouvent au Liban depuis le début de la guerre en Syrie...

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