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Économie - Automobile

Devant le tribunal pour la première fois, Carlos Ghosn se dit « faussement accusé »

Carlos Ghosn lors de sa comparution devant le juge, le 8 janvier 2019, au Japon. Kyodo/via Reuters

Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, s’est dit « faussement accusé et détenu de manière injuste », lors de sa première comparution, hier, devant un juge, près de deux mois après son arrestation surprise à Tokyo. Le magnat de l’automobile de 64 ans, qui a subi une chute brutale après être devenu un personnage tout-puissant, s’est défendu, sans montrer d’émotion, au cours d’une audience qui a attiré les médias du monde et de nombreux curieux.

« Carlos Ghosn Bichara » : l’homme débute l’audience en énonçant son nom, avant de confirmer sa profession, « chef d’entreprise ». Auparavant, des gardes de sécurité avaient enlevé ses menottes et la corde autour de sa taille. On savait par ses proches qu’il avait maigri, soumis à un régime alimentaire strict à base de riz.

L’audience l’a confirmé : il a semblé bien plus mince dans son costume bleu nuit, joues creuses et pommettes saillantes sous ses épais sourcils. Son regard en revanche est déterminé et sa voix claire et forte, témoignant de sa bonne forme. Au cours des deux heures de comparution, jamais il ne laisse filtrer d’émotion, regard fixé droit devant lui ou au sol.

Au cours de la séance qui a duré quasiment deux heures, de 10h30 heure locale (3 heures et demi Beyrouth) à midi, Carlos Ghosn, vêtu d’un costume sombre, sans cravate, sandales vertes en plastique aux pieds, a rappelé, s’exprimant en anglais, avoir dédié « deux décennies de sa vie à relever Nissan et bâtir l’alliance », une entreprise qu’il dit aimer. Le dirigeant franco-libano-brésilien a affirmé « avoir agi avec honneur, légalement et avec la connaissance et l’approbation des dirigeants de la compagnie », selon une déclaration écrite qu’il a lue.

Risque de fuite

Le juge a justifié de son côté son maintien en détention par un risque de fuite à l’étranger « où il a des bases » et d’altération de preuves. Dès les premières heures de la matinée, une longue queue s’était formée devant le tribunal.

Plus d’un millier de personnes, parmi lesquelles de nombreux journalistes étrangers, ont patienté dans le froid pour tenter de décrocher une des rares places dans la salle : seulement 14 tickets ont été alloués par tirage au sort à des membres du public, pour assister à la comparution du célèbre accusé.

L’ambassadeur de France au Japon, Laurent Pic, était présent « dans le cadre de la protection consulaire », tout comme son homologue du Liban. La procédure de comparution de ce type est rare, seulement 0,6 % des détenus ont fait une telle requête l’an dernier. Elle n’a quasiment aucune chance de changer le cours des choses mais la portée symbolique est forte pour M. Ghosn, qui a pu rompre le silence médiatique dans lequel il était muré depuis plusieurs semaines. « Même si ça n’est que dix minutes, pour lui, c’est très important de pouvoir dire au monde sa vérité à lui », a réagi Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem de l’automobile basé à Paris.

En prison jusqu’au procès ?

Son équipe d’avocats, menée par un ancien procureur, Motonari Otsuru, va déposer une demande de fin de détention pour son client qui est actuellement en garde à vue jusqu’à vendredi sur les soupçons d’abus de confiance. Il risque cependant une nouvelle inculpation sur ces faits, a confié M. Otsuru à la presse. Le cas échéant, cela déclencherait le début d’une nouvelle période de détention provisoire, venant se superposer à celle déjà en cours suite à sa première mise en examen le 10 décembre pour dissimulation de revenus.

Après des espoirs déçus en décembre, peut-il malgré tout être relâché sous caution ? « De manière générale, dans les cas de déni total des accusations d’abus de bien confiance, la libération sous caution n’est le plus souvent pas approuvée jusqu’à l’ouverture du procès », qui ne devrait pas intervenir avant six mois au moins, a déclaré l’avocat. La longueur de sa détention étonne à l’étranger où certains s’offusquent de la dureté du système judiciaire japonais.

« Présomption d’innocence »

Ce scénario est réfuté par le constructeur japonais qui dit n’avoir eu d’autre choix que de « mettre fin aux graves agissements » de celui qui l’avait naguère sauvé. L’affaire est partie d’un ou plusieurs lanceurs d’alerte au sein du groupe, qui a mené l’enquête dans le secret pendant plusieurs mois avant de transmettre les informations au parquet, lequel a parallèlement conduit ses propres investigations. Plusieurs centaines de salariés de Nissan sont toujours mobilisés et chaque semaine ou presque, de nouveaux soupçons filtrent dans les médias. « L’enquête de la compagnie se poursuit, et son champ continue de s’élargir », a répété la compagnie hier, disant que sa décision de limoger M. Ghosn était irrévocable.

Face à cette avalanche d’accusations, Renault a pour l’heure fait profil bas, choisissant de maintenir sa confiance à Carlos Ghosn. Hier, la direction de la marque au losange n’a pas souhaité faire de commentaire, tandis que l’État français, actionnaire de Renault, réitérait « le principe de présomption d’innocence ». « Le gouvernement n’a pas d’indications aujourd’hui qui peuvent le conduire à conclure qu’il y a une responsabilité de M. Ghosn », a affirmé la ministre des Transports Élisabeth Borne, interrogée sur la radio France Info. « La gouvernance de Renault, elle est assurée, il y a une gouvernance provisoire mise en place (confiée au numéro deux Thierry Bolloré). Évidemment, si cet empêchement devait durer, il faudrait en tirer les conséquences », a-t-elle ajouté.

Source : AFP

Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, s’est dit « faussement accusé et détenu de manière injuste », lors de sa première comparution, hier, devant un juge, près de deux mois après son arrestation surprise à Tokyo. Le magnat de l’automobile de 64 ans, qui a subi une chute brutale après être devenu un personnage tout-puissant, s’est défendu, sans montrer d’émotion, au cours...

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