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Culture

Rita Bassil* : Elle ne lâchait jamais rien

« Je ne me souviens plus exactement quand j’ai commencé à travailler avec Jocelyne. Je l’ai interviewée en 2004 pour an-Nahar à l’occasion de son film Dounia, qui traitait notamment de l’excision des femmes en Égypte. Son actrice principale, Hanane el-Turk, venait de se voiler. En apprenant la nouvelle, Jocelyne a pleuré en pleine interview. Je verrai ces mêmes larmes quelques années plus tard à la fin de la deuxième édition du Cultural Film Festival, un festival que nous avions montées ensemble. C’étaient des larmes d’épuisement. Avec Jocelyne, il n’y avait jamais de limites. Elle avait une incroyable énergie et ne craignait rien. Et surtout, elle ne lâchait jamais rien.

Reporter de guerre, elle a été la première femme à filmer les morts de Sabra et Chatila après le massacre. Quand je lui demandais d’en parler, elle répondait “Je ne peux plus, je ne peux plus”. Pourtant en 2006, elle repartait au Liban filmer les bombardements israéliens.

Elle a toujours été une battante à tous les niveaux. Lors des négociations avec les éventuels sponsors lors du Cultural Resistance Film Festival, elle n’acceptait jamais d’essuyer un refus. Alors que Tripoli était minée par les attentats, il fallait lancer notre festival à partir de cette ville. Contaminée par Jocelyne, j’insistais pour que l’ouverture se fasse à Tripoli même. Nous n’étions que quatre dans l’équipe, et Jocelyne tissait un projet colossal. Elle était ainsi. Parfois avec peu de moyens, elle montait des projets fabuleux.

Tout comme avec elle-même, elle pousse les gens au dépassement de soi, au risque de créer des brouilles et de repartir à zéro. Par ailleurs, elle aimait beaucoup la poésie. Elle ne pouvait réaliser un film sans faire des recherches en amont et plonger dans la lecture dans son appartement parisien surchargé de livres passionnants.

Radicale, elle exposait ses idées avec beaucoup de douceur et de délicatesse, au risque d’en payer parfois le prix. »

*Auteure et journaliste.

« Je ne me souviens plus exactement quand j’ai commencé à travailler avec Jocelyne. Je l’ai interviewée en 2004 pour an-Nahar à l’occasion de son film Dounia, qui traitait notamment de l’excision des femmes en Égypte. Son actrice principale, Hanane el-Turk, venait de se voiler. En apprenant la nouvelle, Jocelyne a pleuré en pleine interview. Je verrai ces mêmes larmes...

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