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Liban - Pollution

L’affaire des résidus d’eaux usées dans la Békaa devant la justice

Les municipalités de Baalbeck et de Brital ont porté plainte et attendent que le procureur général en matière de protection de l’environnement se prononce.


Un monticule de résidus boueux désséchés dans la région de Baalbeck. Photo Wissam Ismaïl

Jamil Sayyed, député de Baalbeck-Hermel, est revenu à la charge hier dans le cadre de l’affaire des résidus infectieux d’eaux usées déversés dans la Békaa en présentant une note d’information au procureur général près la Cour de cassation. Dans cette note, M. Sayyed a tiré à boulets rouges sur le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), concerné par le dossier, et demandé l’ouverture d’une enquête auprès du CDR, de la société Mirage pour la gestion des déchets ainsi que de toute personne impliquée. Le député a par ailleurs menacé de porter plainte, en sa qualité de représentant de la région de Baalbeck.

Le scandale a éclaté le week-end dernier, lorsque des résidus boueux ont été découverts par un agent de la Sécurité de l’État au lieudit Wadi Jreibane, entre les villages de Brital et de Taybé. Grâce aux aveux du chauffeur chargé de déverser ces agents polluants, plusieurs autres dépôts ont été trouvés dans les jurds de Hazzine, Aïn Bourday, Chmestar, Taraya, Beit Mcheik et Bednayel.

Ces résidus boueux émanant des eaux usées traitées par l’usine de Zahlé sont déversés tels quels dans la nature, faute de traitement adéquat. Une situation qui a poussé les municipalités de Baalbeck et de Brital à porter plainte contre la société Mirage, chargée par le CDR de disposer proprement de ces déchets.

« Après traitement des eaux usées, il faut aussi penser à traiter les résidus qui en émanent. Or, l’usine de traitement des eaux usées de Zahlé n’est pas équipée pour le faire. Ce qui fait que ces déchets sont en train d’être déversés directement dans la nature », a expliqué le président de la municipalité de Baalbeck, Hussein Lakkis, à L’Orient-Le Jour. « Le CDR a un contrat avec la société Mirage qui consistait initialement à transporter ces résidus de Zahlé à Kfour (Nabatiyé). Sauf que les habitants de Kfour ont refusé cela. Ils ont donc décidé de les jeter dans des régions isolées de la Békaa en pensant que personne n’allait le remarquer », a-t-il déploré.

« Comment le CDR a-t-il pu confier cette tâche délicate à une société sans s’assurer de la manière scientifique dont ces matières allaient être traitées ? » s’est demandé M. Lakkis qui fait état de 30 à 40 tonnes de résidus boueux produits chaque jour. « Nous attendons que le procureur général pour l’environnement se prononce sur cette affaire », a-t-il dit, tout en rappelant que les eaux usées étaient directement jetées dans le Litani avant que l’usine de Zahlé ne soit fonctionnelle.


(Lire aussi : Nouveau scandale environnemental : des bulldozers déversent des matières toxiques dans la Békaa)


Biologiquement actifs
Interrogé par L’OLJ, l’expert environnemental Nagi Kodeih a tiré la sonnette d’alarme et déploré des agissements « irresponsables ». « Les résidus qui ont été déversés sont biologiquement actifs et contiennent des bactéries et des polluants chimiques et organiques. Il est inacceptable qu’ils soient jetés de cette façon dans la nature », a-t-il expliqué.

La solution est pourtant simple, selon l’expert. « Les résidus boueux peuvent être traités dans un digesteur (cuve utilisée dans le processus de méthanisation des déchets) qui va les transformer en biogaz. Le biogaz et l’énergie récupérés pourront ensuite servir à produire du courant électrique », a souligné M. Kodeih.

« Je ne comprends pas comment on a pu lancer une usine de traitement des eaux usées sans prévoir ce qu’on allait faire des résidus laissés par ces eaux… Nous ne pouvons pas continuer comme cela. Cette situation montre à quel point nous faisons face à des comportements irresponsables alors qu’il n’est pas impossible de se débarrasser convenablement de ces résidus », a lancé l’expert. « Le CDR fait n’importe quoi depuis 20 ans (…). La seule usine de traitement des eaux usées à fonctionner dans tout le pays est l’usine de Zahlé et elle ne fonctionne qu’à 10 ou 15 % de ses capacités. Il existe une quarantaine d’usines à travers le pays qui n’ont jamais fonctionné », a-t-il déploré.



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