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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Israël et le Brésil officialisent le nouveau statut de leur relation

Le Premier ministre israélien effectue une visite de cinq jours et assistera à l’investiture du président Bolsonaro le 1er janvier.

Le président élu du Brésil, Jair Bolsonaro, salue le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans une synagogue à Rio de Janeiro, au Brésil, le 28 décembre 2018. Leo Correa/Pool via Reuters

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est envolé vendredi vers des cieux plus cléments, alors qu’il fait face à des allégations de corruption et qu’il a appelé à la tenue d’élections anticipées à la maison. Il doit rester cinq jours au Brésil et assister le 1er janvier à l’investiture en grande pompe de son nouvel allié, le président élu Jair Bolsonaro, à Brasilia, à l’instar notamment du président chilien Sebastian Piñera, du Premier ministre hongrois Viktor Orban, et du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, avec qui M. Netanyahu doit s’entretenir le 1er janvier à Brasilia. Leurs discussions devraient porter sur la décision du président américain Donald Trump de retirer les 2 000 soldats américains déployés en Syrie. Le Premier ministre israélien s’entretiendra également avec les présidents du Chili et du Honduras. Au total, douze dirigeants sont attendus, mais les organisateurs de la cérémonie refusent de divulguer la liste complète des noms, arguant de problèmes de sécurité, selon le quotidien espagnol El Pais. « Israël est la terre promise et le Brésil est la terre de la promesse », s’est exclamé M. Netanyahu vendredi dernier lors de la conférence de presse conjointe avec M. Bolsonaro en marge de leur rencontre dans un fort militaire, à la vue imprenable sur la célèbre plage de Copacabana. Les deux hommes ont également visité une synagogue, où la sécurité était renforcée, notamment avec des tireurs d’élite sur les toits voisins, et où M. Netanyahu a exprimé l’espoir que les deux pays puissent fonctionner de manière plus alignée et plus conviviale. À l’issue du tête-à-tête, M. Netanyahu a annoncé que le président élu du Brésil a accepté son invitation à se rendre en Israël, Jair Bolsonaro ayant précisé que ce voyage aura lieu « d’ici au mois de mars, si Dieu le veut ». Malgré son annonce depuis l’avion qui le menait à Rio de Janeiro de discuter du transfert de l’ambassade brésilienne de Tel-Aviv à Jérusalem, ce dossier n’a pas été mentionné lors de la conférence de presse. Premier exportateur mondial de viande halal, le Brésil pourrait voir ses relations commerciales avec les marchés arabes menacées en cas de concrétisation de ce transfert, la Ligue arabe ayant mis en garde Brasilia, selon Reuters.

La visite qu’effectue M. Netanyahu est la première d’un Premier ministre israélien auprès de la quatrième plus grande démocratie du monde. Avec l’élection à sa tête d’un homme à la fois nostalgique du temps de la dictature brésilienne, fan autoproclamé du style du président américain Donald Trump, et admiratif de l’État d’Israël, le Brésil, plus grand pays d’Amérique du Sud et qui abrite la plus grande partie du poumon de la planète, représente pour Tel-Aviv non seulement un large marché potentiel dans des domaines tels que la sécurité et la technologie, mais aussi un nouveau partenaire de poids dans les institutions internationales et en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien. « Je pense que Benjamin Netanyahu obtiendra le soutien rhétorique du gouvernement brésilien, ce qui n’est pas anodin », estime Oliver Stuenkel, professeur au Centre de relations internationales à la Fondation Getulio Vargas de Sao Paulo interrogé par L’Orient-Le Jour. Il explique qu’il « peut y avoir un transfert de technologie et une grande coopération dans le domaine de la sécurité, mais c’est surtout au niveau multilatéral, dans les institutions internationales » que les bénéfices d’avoir le Brésil comme allié sont les plus importants pour Israël. « Ce serait un changement historique, le Brésil passerait d’un médiateur classique au Moyen-Orient à un puissant soutien d’Israël. »


(Pour mémoire : Pourquoi le Brésil est désormais un allié d’Israël)


« Des frères à l’avenir »

Les échanges actuels entre le Brésil et Israël s’élèvent à 1,2 milliard de dollars, et le président Bolsonaro a annoncé mardi dernier des négociations sur l’utilisation de technologies israéliennes pour la production d’eau dans le nord-est du pays, frappé par de longs épisodes de sécheresse, alors que le gouverneur élu de l’État de Rio de Janeiro, Wilson Witzel, s’est rendu récemment en Israël, où lui ont été présentés selon la presse brésilienne des drones capables de tirer à distance sur des suspects. Mais « sur le plan matériel », les gains de la visite de M. Netanyahu « sont assez limités », poursuit M. Stuenkel, qui explique que des avantages politiques sont mutuels aux deux dirigeants. Jair Bolsonaro « peut vendre cette visite à son opinion publique comme une victoire diplomatique, et surtout envoyer un message à la majorité des 40 millions d’évangéliques qui ont voté pour lui », ainsi qu’à la communauté d’hommes et de femmes d’affaires juifs brésiliens, tandis que M. Netanyahu, affaibli à la maison, peut montrer à l’opinion publique israélienne « qu’il y a des pays qui soutiennent la cause israélienne » et qu’il sait cultiver les liens qu’il faut.

L’autre aspect au niveau international pour le Premier ministre israélien est un positionnement au centre d’un groupe de dirigeants qui ont, à certains niveaux, des caractéristiques communes, comme une approche unilatérale aux niveaux nationaux et internationaux, ainsi qu’une forme de nationalisme et de protectionnisme. Avant de se rendre au Brésil pour l’investiture de son « frère » Bolsonaro, M. Netanyahu, allié intime de Donald Trump, a reçu ces derniers mois en Israël le très controversé président des Philippines, Rodrigo Duterte, le ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, allié de Marine Le Pen pour les élections européennes à venir, et le Premier ministre hongrois Viktor Orban, chef de file du groupe dit de Višegrad et élu sur base d’un programme farouchement anti-immigration. « Ensemble, avec d’autres pays comme les États-Unis, qui ont une idéologie semblable à la nôtre, nous avons tout pour nous entraider et apporter des bienfaits à nos pays », a déclaré M. Netanyahu devant des membres de la communauté juive brésilienne lors de la visite de la synagogue. « Plus que des partenaires, nous serons des frères à l’avenir, dans les domaines de l’économie, de la technologie et de tout ce qui peut apporter des bénéfices à nos deux pays », a affirmé Jair Bolsonaro, qui a par ailleurs remis à Benjamin Netanyahu la plus haute décoration nationale pour les visiteurs au Brésil, accordée par le passé à l’ancien président américain Dwight Eisenhower et à la reine Elisabeth II.


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L'usurpation joue avec le feu et finira par se brûler.

FRIK-A-FRAK

14 h 39, le 01 janvier 2019

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Commentaires (1)

  • L'usurpation joue avec le feu et finira par se brûler.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 39, le 01 janvier 2019

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