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Liban - Disparition

Edgar Maalouf, une école de loyauté et de discrétion

L’ancien député est sans doute l’un des plus anciens et des plus fidèles compagnons du président Michel Aoun. Photo tirée du compte Twitter de son neveu, Eddy Maalouf

Edgar Maalouf aurait sans doute été gêné que l’on parle autant de lui, depuis sa mort vendredi à Genève, alors qu’il avait passé sa vie dans la discrétion et le silence. 84 années qui se résument par un seul mot : la loyauté. Officier par vocation, il est sans doute l’un des plus anciens et des plus fidèles compagnons de Michel Aoun, au sein de l’armée, puis dans l’exil et enfin dans la période du retour en 2005 et de l’action politique. Tous ceux qui connaissent Michel Aoun, dans toutes les étapes de son parcours, ont certainement vu Edgar Maalouf à ses côtés, toujours dans l’ombre et en retrait, illuminant toutefois l’atmosphère avec son sourire bienveillant.

En parfait officier qui a longtemps servi dans les renseignements (le Second Bureau sous le mandat de Charles Hélou), Edgar Maalouf a toujours fui les médias. Il n’a même jamais donné d’interview, juste quelques déclarations rapides, lorsqu’il ne pouvait pas faire autrement face à l’insistance des journalistes. Mais cela ne l’empêchait pas de donner son opinion en privé et selon les militants aounistes, il était très écouté par le général Michel Aoun, qui avait en lui une confiance absolue.

Bien qu’Edgar Maalouf ait précédé Michel Aoun à l’école des officiers, les deux hommes se sont trouvés et ne se sont plus quittés, d’abord dans le cadre de l’institution militaire puis ensuite dans la vie civile et dans le monde politique. Si Edgar Maalouf avait rapidement décelé en Michel Aoun des qualités de chef hors pair et de stratège, Aoun de son côté avait trouvé en lui un frère et un ami fidèle plein de bon sens, discret et dévoué comme peu de gens peuvent l’être. Leur amitié ne s’est jamais démentie en dépit des hauts et des bas, des crises et des victoires. Edgar Maalouf a en fait toujours été aux côtés de Michel Aoun, dans tous ses combats, dans les bons et mauvais jours, égal à lui-même, au point que de nombreux partisans du général ne pouvaient pas les imaginer l’un sans l’autre. Il était d’ailleurs l’un des rares qui parlait « au bouillant général » en toute franchise, le long chemin de la vie qu’ils ont accompli ensemble lui donnant en quelque sorte ce privilège. Pendant la guerre entre l’armée et les Forces libanaises en 1989, Edgar Maalouf a perdu un frère, officier en poste dans la base militaire d’Adma. Pour le général Maalouf, c’était une perte terrible et il s’est senti responsable de la famille de son frère, dont le fils Eddy a aujourd’hui repris le flambeau politique. Mais il n’a jamais fait de déclaration sur le sujet, se contentant de poursuivre son parcours dans l’ombre du général Aoun.


Député du Metn

De fait, Edgar Maalouf a toujours fait confiance à Aoun et l’a toujours suivi dans ses choix et ses décisions, même lorsqu’il en a payé le prix, ayant été lui aussi contraint à l’exil, en 1990, après avoir été l’un des trois membres du gouvernement militaire présidé par le général Aoun en 1988. À cette époque, et face à la démission des ministres musulmans, il avait dû prendre en charge six portefeuilles : les Finances, la Santé, l’Industrie et le Pétrole, les Travaux publics et le Tourisme. Il ne s’agissait pas alors pour lui d’une promotion, mais d’une mission qu’il a essayé d’accomplir de son mieux, en dépit des circonstances difficiles et de la division du pays. Après le 13 octobre 1990, il a donc lui aussi pris le chemin de l’exil pour se rendre d’abord en France, puis en Suisse. Il avait alors presque coupé les ponts avec le Liban, mais il ne s’est jamais éloigné de son ami et compagnon de route, le général Michel Aoun. Lorsque ce dernier a décidé de rentrer au pays après le départ des troupes syriennes, le 7 mai 2005, il est revenu avec lui, dans le même avion, décidant, une fois de plus, de lier son sort au sien. Le général Aoun avait besoin de lui dans cette nouvelle étape de son parcours si riche en événements et il ne pouvait qu’être à ses côtés. C’est ainsi qu’il s’est présenté aux élections législatives en 2005 et 2009 pour un des sièges du Metn et il a été élu, sans même donner des interviews à la presse, comptant sur son action sur le terrain et sa proximité des gens, qui lui ont d’ailleurs exprimé leur confiance en votant pour lui.

En 2018, il a décidé de passer le relais à son neveu, Eddy. Mais il restait présent, dans les coulisses ou à l’arrière-plan, toujours prêt à donner sa contribution lorsqu’il le sentait nécessaire. Si les Libanais en général ne le connaissent pas beaucoup, ne retenant de lui que sa présence discrète, les militants du CPL, eux, mesurent à sa juste valeur son rôle dans l’émergence du « aounisme » et même au sein du mouvement devenu un parti politique. C’est d’ailleurs ce qui est apparu clairement dans l’hommage émouvant que lui a rendu le chef du parti, Gebran Bassil, lorsqu’il a déclaré : « J’étais intimidé d’être le chef du parti alors qu’Edgar Maalouf en était un simple membre, parce que c’est comme cela qu’il concevait son rôle. Pour moi, il restera toujours une école de militantisme et de fidélité. » Sa disparition laisse un grand vide chez les aounistes et il manquera à beaucoup de Libanais. Car qui a dit que les gens discrets passent inaperçus ? Ils laissent en fait des traces bien plus profondes qu’on ne le croit.


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commentaires (1)

J’attend avec intérêt l’oraison funèbre de son ami de toujours. Elle tarde....

Evariste

01 h 49, le 31 décembre 2018

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Commentaires (1)

  • J’attend avec intérêt l’oraison funèbre de son ami de toujours. Elle tarde....

    Evariste

    01 h 49, le 31 décembre 2018

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