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Culture - Exposition

Aucune de ces céramiques-sculptures ne laisse de marbre !

À la galerie Janine Rubeiz, le parcours de « Echoes of Earth* » fait pénétrer dans l’univers de Névine Bouez à travers plus de quarante œuvres tout aussi étonnantes par leurs formes ou leur poésie.

Une œuvre de Névine Boueiz.

Après une licence en Fine Arts à la Lebanese American University et un master à Oxford University où elle découvre la gravure, Névine Bouez rentre au Liban et se tourne naturellement vers la peinture, sans jamais ressentir le besoin d’exposer, mais pour le simple plaisir d’exprimer. Quand un jour elle tombe sur une sculpture réalisée à l’université, elle décide de se lancer dans l’art de la céramique. Durant quatre ans, elle fréquente un atelier où elle s’applique à maîtriser la technique pour enfin décider de s’y consacrer pleinement. Depuis, Névine Bouez a exposé à Londres, à Abou Dhabi, à la Beirut Design Fair et dans diverses galeries libanaises. Au Salon d’automne 2017 du musée Sursock, elle obtient le premier prix de l’audience. L’inspiration ne l’a jamais plus lâchée.

Le bonheur est dans le pré

Elle rêve d’espace vert, ce qui la conduit à préférer au chaos urbain le calme de la montagne où elle choisit de vivre. Car ce que Névine Bouez aime par-dessus tout, c’est la nature, cette source de motifs et de couleurs, ce réservoir infini dans lequel elle puise sans cesse. Son jardin lui offre un confort propice à la création. Ce confort, ce sont les journées passées à se promener, à se pencher sur chaque pierre et chaque caillou sur son passage, à caresser les écorces des arbres, à effleurer chaque feuille et chaque branche, à mémoriser les textures pour les décliner ensuite à volonté. « Encore, dit-elle, faut-il prendre le temps de regarder » car, pour cette artiste, tout est dans le regard : « Je suis comme une éponge qui absorbe pour faire à partir de rien quelque chose de beau. » C’est dans son jardin ensoleillé qu’elle façonne la terre et, par jours de pluie, elle transforme sa cuisine en atelier. Un atelier où elle dompte ses visions et sublime les formes et les couleurs imprimées dans son cerveau. Névine Bouez est une artiste passionnée aux choix affirmés, une artiste exigeante, libre et toujours inspirée, avec pour seul moteur la joie de vivre. Elle aborde la matière comme un canevas. « Je suis chanceuse, dit-elle, de pouvoir convertir la simplicité de la nature sur un medium que j’utilise comme une base pour des possibilités infinies. »

Des strates et de la texture

Minérales, organiques et définitivement terrestres, aucune de ses œuvres ne laisse de marbre. Le flux de son imaginaire alimente et irrigue l’épiderme de ses créations. Il les façonne avec autant de différences et de défauts qu’elles en deviennent presque parfaites. Les céramiques-sculptures de Névine Bouez invitent aux Retrouvailles, murmurent Le bonheur, chuchotent L’amour et renvoient à des Pulsions de vie.

Autant de titres qu’elle a choisis pour honorer son geste, celui qui se place dans une dynamique toujours positive. Tendues vers l’infini, les œuvres s’élèvent en terre ou en raku, se déclinent en strates que l’artiste superpose et enroule, faisant souvent, elle l’avoue, la part belle au hasard et à l’inconnu. « Quand je commence une œuvre, indique-t-elle, je n’ai aucun projet précis. Mes mains, qui sont mon seul instrument, se laissent entraîner pour révéler des effets de textures inédites et de couleurs naturelles. » L’artiste s’approprie ainsi des techniques d’ouvrage sans avoir jamais recours à un matériel précis. Pas de croûteuse, ni de tours ni de boudineuse, mais juste la force de ses bras qu’elle met à l’œuvre pour étaler sa matière en plaque. « L’intelligence de la main est au cœur de la création », disait Paul Valéry. L’enjeu, ici, est de partir d’un rien pour glisser vers un tout, ce qui exclut toute lecture univoque de l’œuvre. Et même si l’acte de création pour elle est un acte isolé et personnel, une part du processus créatif reste une histoire à raconter, un désir d’absolu à partager. « Mes œuvres, affirme Névine Bouez, expriment des émotions, flirtent avec les textures, tantôt lézardées tantôt marbrées, mais honorent toujours ce mystère, celui d’être vivant. Car il est tellement bon d’être vivant et de vibrer tous les jours quand un projet démarre et que sous mes mains, la magie opère. » Le renouvellement et l’originalité, la permanence d’un engagement authentique, d’un amour pour son métier, a mené l’artiste à force de travail à toujours questionner et à conquérir son medium.

Il y a du cœur qui bat dans ses sculptures généreuses, dans leurs proportions et leur matière, comme dans sa générosité à les partager.

* À la galerie Janine Rubeiz, Raouché, imm. Majdalani. Jusqu’au 31 décembre 2018.

Après une licence en Fine Arts à la Lebanese American University et un master à Oxford University où elle découvre la gravure, Névine Bouez rentre au Liban et se tourne naturellement vers la peinture, sans jamais ressentir le besoin d’exposer, mais pour le simple plaisir d’exprimer. Quand un jour elle tombe sur une sculpture réalisée à l’université, elle décide de se lancer dans...

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