La réfugiée syrienne Sarah Mardini choquée par sa détention en Grèce

La réfugiée syrienne Sarah Mardini, célèbre pour avoir sauvé des migrants en mer en 2015 avec sa soeur nageuse olympique Yusra, s'est dite mercredi choquée d'avoir été emprisonnée en Grèce pendant près de trois mois, accusée d'aide à l'immigration irrégulière.

"Je suis un peu choquée par ce qui s'est passé et par la vitesse avec laquelle tout ça s'est produit", a affirmé à l'AFP la jeune femme de 23 ans, de retour à Berlin après sa remise en liberté en Grèce au début du mois.

"On m'a arrêtée parce que j'étais accusée de trafic de migrants (...) et de faire partie d'une organisation criminelle", a-t-elle ajouté, assurant avoir seulement voulu "sauver des réfugiés comme nous le pouvions".

Sarah Mardini, qui travaillait comme bénévole pour l'ONG ERCI sur l'île grecque de Lesbos, avait été arrêtée et placée en détention provisoire fin août, inculpée de participation à un réseau d'aide à l'immigration irrégulière.

Son avocat, Zacharias Kesses, a également dénoncé l'attitude des autorités grecques qui, selon lui, cherchent à "criminaliser" les ONG d'aide aux migrants sur cette île grecque proche des côtes turques où s'entassent dans des conditions d'hygiène catastrophiques des milliers de migrants.

"Ce qu'elles veulent (les autorités grecques) c'est envoyer un message aux ONG leur signifiant qu'elles ne doivent pas seulement se contenter de coopérer avec les autorités mais qu'elles doivent travailler pour elles", a-t-il jugé.

L'incarcération de Sarah Mardini, ainsi que d'autres travailleurs humanitaires, avait suscité la colère d'organisations de défense des droits de l'Homme.

Si la jeune Syrienne, réfugiée à Berlin depuis 2015, a été libérée après le versement d'une caution, une procédure judiciaire est toujours en cours.

L'histoire des soeurs Mardini, parties de Damas à l'été 2015 pour rejoindre l'Europe, comme des centaines de milliers de Syriens, avait suscité un immense intérêt.

Nageuses confirmées, elles n'avaient pas hésité à sauter à la mer alors que leur canot de sauvetage surchargé menaçait de chavirer entre les côtes turques et Lesbos. Elles avaient alors tiré l'embarcation jusqu'à Lesbos.

Elles ont ensuite obtenu l'asile en Allemagne. Sarah s'est alors consacrée à l'aide humanitaire tandis que sa soeur cadette Yusra a été sélectionnée dans une équipe de réfugiés pour participer aux jeux Olympiques de Rio en 2016.

L'histoire de Yusra doit prochainement faire l'objet d'un film.