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Nos Lecteurs ont la Parole - par Nicolas SBEIH

Ne soyez pas vilains

Ceux qui ont la patience de suivre les rapports rébarbatifs des institutions financières internationales, publiques et privées ont probablement remarqué un certain changement dans leur ton ces derniers temps. Ces organismes ont l’habitude de publier des évaluations des pays qui les intéressent, dont le Liban, tous les quelques mois. Un rapport type comprend en général une description de la situation économique et financière récente, avec les points positifs et négatifs, suivie des défis pour l’avenir et des recommandations. Tout cela avec une bonne dose de diplomatie. Même s’ils entrevoient un tsunami qui va déferler, ils en donnent un descriptif modéré, disons “une marée va déborder un peu sur le rivage”. Si le rapport est visionné d’abord par les autorités du pays, elles se chargent elles-mêmes d’atténuer le ton. C’est de bonne guerre, quoique un peu autruche.

Que s’est-il donc passé ces derniers temps ? En fait, un glissement imperceptible du ton vers un paternalisme de circonstance devant l’immobilisme actuel. En allant un brin vers la caricature, ces organismes tiennent à peu près un langage de ce genre :

« Messieurs les responsables, vous êtes en train de faire sombrer le pays. C’est vilain de continuer de la sorte. Vous vous embourbez dans vos chicaneries alors que la barque prend l’eau. On a été assez gentils pour vous organiser trois conférences de soutien cette année. Bon, il est vrai que vos dossiers à ces conférences étaient passablement bâclés, mais vous avez déversé une pléthore de promesses selon lesquelles vous allez être plus raisonnables et adopter plein de réformes. Et puis plus rien. Pourtant, vous aviez bien démarré. Vous avez élu un président et organisé des élections législatives, ce qui est un exploit ! Vous voyez que vous pouvez bien faire quand vous voulez! Votre Parlement a voté des budgets annuels, ce qui est encore une idée ingénieuse, même si vous ne les respectez pas vraiment. Il a même voté quelques lois nécessaires ! C’est dire ! Maintenant, il va falloir continuer. Mais faites quand même attention, la prochaine fois que vous votez une loi de dépenses, de bien calculer combien ça coûte. Il n’est pas bon de se tromper de 500 millions de dollars comme la fois passée (pour les salaires). Bon, tout le monde peut se tromper, mais il ne faut pas que ça devienne une habitude. Et puis, dans la foulée, améliorez un peu la gouvernance, et faites en sorte que les sanctions américaines ne soient pas encore plus fortes [mais sans jamais nommer les responsables des sanctions]. Allez, dépêchez-vous, les pays qui vous ont promis des aides ont d’autres chats à fouetter. »

Réponse probable : « C’est pas ma faute, ce sont les autres. »


Ceux qui ont la patience de suivre les rapports rébarbatifs des institutions financières internationales, publiques et privées ont probablement remarqué un certain changement dans leur ton ces derniers temps. Ces organismes ont l’habitude de publier des évaluations des pays qui les intéressent, dont le Liban, tous les quelques mois. Un rapport type comprend en général une description de...

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