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À La Une - Grande-Bretagne

May contrainte de reporter le vote du Parlement sur l'accord de Brexit

Le processus de divorce plongé dans l'incertitude.



La Première ministre britannique Theresa May devant la Chambre des Communes le 10 décembre 2018. Capture d'écran/Parliament TV/ REUTERS

La Première ministre britannique Theresa May a reporté lundi le vote du Parlement sur l'accord de sortie de l'Union européenne, reculant devant l'opposition des députés et plongeant le processus de divorce dans l'incertitude. "Nous allons reporter le vote prévu demain", a dit Mme May devant la Chambre des Communes, sans préciser de calendrier, dans une ambiance surchauffée.

"Avant le conseil européen (des 13 et 14 décembre), j'irai voir mes homologues des autres pays membres" de l'Union européenne pour "discuter avec eux des préoccupations exprimées par cette assemblée", a-t-elle ajouté. Mais Theresa May, dont l'avenir politique pourrait se jouer sur ce texte, a réaffirmé que l'accord conclu en novembre entre Londres et Bruxelles à l'issue de 17 mois de négociations était "le bon", et qu'"aucun accord n'est possible sans inclure" la disposition très controversée du filet de sécurité, ou "backstop" en anglais.

Cette disposition prévoit de maintenir l'ensemble du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE, ainsi qu'un alignement réglementaire plus poussé pour l'Irlande du Nord, si aucun accord sur la future relation entre Bruxelles et Londres n'est conclu à l'issue d'une période de transition de 21 mois après le Brexit, prévu le 29 mars 2019. Cet arrangement suscite une opposition de tous bords, depuis les europhiles, qui espèrent encore pouvoir faire marche arrière, jusqu'aux plus ardents "Brexiters", qui redoutent un arrimage permanent à l'UE.

Alors que des cris appelant à la "démission" de Theresa May fusaient des bancs du Labour, le leader de l'opposition, le travailliste Jeremy Corbyn a villipendé le gouvernement, estimant qu'il avait "perdu le contrôle des évènements". Il a jugé que Theresa May ne pourra pas effacer les "défauts fondamentaux" du texte en obtenant quelques amendements "bâclés" auprès de Bruxelles.


(Lire aussi : Les conséquences d'un Brexit sans accord, scénario redouté pas encore écarté)


Risque de "crise nationale"

Jusqu'ici, les dirigeants européens se sont montrés inflexibles, rejetant l'idée de rouvrir les discussions. "Nous ne renégocierons pas l'accord, y compris le filet de sécurité, mais nous sommes prêts à discuter de la manière de faciliter la ratification britannique", a répété lundi le président du Conseil européen Donald Tusk sur Twitter.

Jugeant l'annonce de Theresa May "profondément discourtoise", le président de la chambre des Communes John Bercow a suggéré au gouvernement de soumettre ce report à un vote, une tactique très risquée, car l'exécutif s'exposerait à un nouveau camouflet.

La profonde incertitude qui entoure désormais le processus de divorce a fait plonger la monnaie britannique. Vers 16H00 GMT, la livre s'échangeait pour 1,2527 dollar, son plus bas niveau depuis avril 2017. L'euro, de son côté, pointait à 90,80 pence pour un euro, son plus haut niveau depuis fin août.

"C'est un coup de plus pour les entreprises qui aspirent à plus de clarté", a réagi Carolyn Fairbairn, directrice générale de la principale organisation patronale, la CBI. "Les plans d'investissement sont en pause depuis deux ans et demi. À moins qu'un accord ne soit rapidement conclu, le pays risque de glisser vers une crise nationale", a-t-elle ajouté.


(Lire aussi : Brexit: et si le Parlement britannique rejetait l'accord?)


Concessions symboliques ?

Pour Constantine Fraser, expert en politique européenne chez TS Lombard, la principale raison de retarder le vote est, pour l'exécutif, "d'essayer d'obtenir d'autres concessions, même symboliques, pour donner à ses députés qui hésitent encore une excuse pour voter cet accord".

Si le calendrier reste incertain, un vote doit être organisé sur l'accord de retrait avant le 21 janvier. Si le traité n'a pas été ratifié à cette date, le Parlement votera sur les prochaines étapes du processus de divorce, en fonction des propositions formulées par le gouvernement.

Mme May a multiplié les mises en garde contre les conséquences que pourrait avoir un rejet du traité. "Cela signifierait une grave incertitude pour le pays, avec un risque très réel de ne pas avoir de Brexit, ou de quitter l'Union européenne sans accord", a-t-elle déclaré dans le Mail on Sunday.

Surtout, un rejet du texte pourrait exposer Theresa May à son renversement, et in fine à de nouvelles élections législatives. Elle a d'ailleurs agité la menace d'une éventuelle victoire de Jeremy Corbyn en cas d'élections. L'hypothèse d'un maintien dans le club européen pourrait prendre forme si un nouveau référendum sur l'UE était organisé. Ce scénario a été exclu par Theresa May mais gagne du terrain parmi les Britanniques.



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