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Moyen Orient et Monde - Conférence de presse

À Beyrouth, les parents d’Austin Tice, détenu en Syrie, disent espérer beaucoup de Washington

Le journaliste américain a disparu le 14 août 2012 près de Damas.

Ayman Mhanna, directeur exécutif de SKeyes, aux côtés de Debra et Marc Tice, lors de la conférence de presse, hier, à Beyrouth, pour évoquer le sort de leur fils Austin, disparu en Syrie en 2012. Photo Caroline Hayek

« C’est notre huitième fois à Beyrouth, et nous espérons que ce sera la bonne », ont confié hier Debra et Marc Tice, lors d’une conférence de presse organisée par le centre SKeyes (Fondation Samir Kassir). Six années se sont écoulées depuis que leur fils, Austin, un journaliste américain, a disparu en Syrie sans qu’ils ne parviennent à obtenir la moindre nouvelle. En attente de visa syrien, Debra et Marc Tice continuent de remuer ciel et terre pour obtenir la libération de leur fils. Et ils semblent aujourd’hui tout près du but. « Il y a désormais un consensus parmi les gens qui œuvrent pour la libération d’Austin, au sein du gouvernement américain, qu’il est vivant », déclare Marc Tice aux questions des journalistes présents. Le 13 novembre dernier, l’envoyé spécial du président américain pour le dossier des otages, Robert O’Brien, a affirmé publiquement que Washington estime qu’Austin est en vie et qu’il est toujours détenu en Syrie. Le photo-reporter indépendant s’était rendu en Syrie en mai 2012 pour couvrir le soulèvement contre Bachar el-Assad pour McClatchy News, le Washington Post, CBS, l’AFP et d’autres médias, avant de disparaître des radars le 14 août, soit trois jours après son 31e anniversaire. Parti en taxi de Daraya, ville phare de la révolution syrienne située au sud de Damas, Austin Tice aurait été enlevé à un barrage de contrôle non loin de la capitale, alors qu’il était en route pour Beyrouth. « Il s’agissait d’une zone contestée en 2012, donc nous avons un tas d’hypothèses possibles sur qui tenait ce barrage », poursuit Marc Tice.

Une seule et unique preuve de vie a été postée sur YouTube en septembre 2012, à travers une vidéo où Austin Tice apparaît ligoté et les yeux bandés, balbutiant une prière en arabe, avant de s’écrier, à bout de souffle : « Oh, Jésus. » Autour de lui, des hommes armés qui pourraient s’apparenter à des extrémistes islamistes, revêtus de tenues traditionnellement portées par les talibans. Un simulacre, s’étaient à l’époque accordés à dire de nombreux experts, mais l’identité des ravisseurs, groupes radicaux, autorités syriennes, chabbiha ou autres, reste inconnue à ce jour, du moins officiellement.


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Récompense

« Nous n’avons pas la confirmation à 100 % qu’il est détenu par le gouvernement syrien, mais nous pensons en revanche que celui-ci est le mieux placé pour nous aider à ramener Austin sain et sauf », affirme Marc Tice. Le gouvernement syrien a de son côté toujours affirmé qu’il ignorait où se trouvait leur fils. Plus tôt dans l’année, le FBI avait offert une récompense d’un million de dollars en échange d’informations permettant de garantir le retour d’Austin. Aux États-Unis, une coalition de médias et d’autres organisations a récemment permis de tripler la récompense. « Le régime n’a jamais laissé entendre qu’il était vivant, ni le contraire », souligne la mère qui attend son fils « avec impatience ». Un espoir que la famille porte à bout de bras depuis de longues années, mettant tout en œuvre pour obtenir la moindre information, frappant à toutes les portes. « La diaspora syrienne qui s’est élargie au fil des ans a contribué à ce que l’on puisse obtenir des bribes d’indices ici et là », ajoute Debra Tice. Celle-ci s’était rendue à Damas en 2015, où elle avait été « chaleureusement » reçue par des locaux, avant d’être présentée à des personnes « soigneusement choisies » par le régime, telles que le ministre de la Réconciliation Ali Haïdar ou le responsable du Croissant-Rouge syrien. Malgré un combat mené tambour battant pour faire connaître le sort de leur fils, le dossier piétinait depuis plusieurs années. La dynamique en faveur de la question des otages s’est accélérée depuis l’arrivée de la nouvelle administration Trump. Debra et Marc Tice confiaient hier être très « encouragés par les plus hautes autorités de l’État, notamment grâce aux engagements pris envers (eux) de ramener (leur) fils vivant », sans toutefois donner de détails sur comment le gouvernement compte s’y prendre. « Cette nouvelle administration veut ramener les Américains à la maison, et jusqu’à maintenant 17 otages ont été libérés grâce aux récents efforts déployés », poursuit Marc Tice. Donald Trump a affirmé qu’il prendrait les mesures nécessaires pour faciliter la remise en liberté du journaliste, sans donner davantage de précisions. « Nous continuons à demander aux Russes (alliés de Damas) d’exercer leur influence en Syrie pour ramener Austin à la maison », a en outre déclaré Robert O’Brien. En 2016, selon le New York Times, les Russes auraient suggéré, lors de discussions avec des responsables américains, qu’ils pourraient négocier un échange afin de récupérer certains de leurs ressortissants emprisonnés aux États-Unis. Les Américains auraient également lancé l’idée de libérer un espion russe en échange d’Austin Tice, mais les responsables russes n’auraient pas saisi l’offre. « L’une des demandes continues que nous adressons au gouvernement américain est qu’il établisse un contact direct avec les autorités syriennes. Et cela n’a jamais eu lieu sous l’administration Obama », déplore Marc Tice, qui rappelle notamment la libération, obtenue en mai dernier, de trois otages américains détenus par la Corée du Nord, malgré les relations extrêmement distendues entre les deux pays.



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