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Culture - Interview / Exposition

Le parcours extraordinaire de l’ordinaire Monsieur H...

Célébrer le moment et savoir reconnaître les instants-clefs qui ponctuent la vie, tel était l’objectif des anciennes photos, auxquelles Élias Moubarak rend hommage dans le récit fabuleux et poétique de Monsieur H à la galerie Art on 56th*.

Quand est né exactement le besoin de cette exposition ?

J’ai suivi des études de communication en arts à la LAU, ce qui englobe toutes les disciplines. J’ai commencé par réaliser quelques courts-métrages que j’ai présentés à des festivals. Et à part la vidéo et le montage, j’ai fait de la photographie de rue. J’étais sur le projet d’un long-métrage qui me prenait toute mon énergie. Un jour, je suis tombé, en me promenant à Berlin, sur ces photos argentiques, vintage, revendues au marché aux puces. J’ai décidé de les acheter et de m’octroyer une pause sur le film. C’était en quelque sorte une évasion dans ce projet imaginaire et fictif. Une thérapie relaxante.


Le visiteur remonte le temps avec ces photos. De quoi s’agit-il au juste ?

J’aime piocher dans les photos étalées dans les rues, et trouver des clichés sur des familles. J’en achète parfois des albums. Je trouve que ce sont des photos artistiques. Je suis donc tombé sur celles de ce mec qui m’a semblé très sympathique. Très curieux de comprendre son historique et son parcours, j’ai essayé de remasteriser les photos en fabulant sur certains moments de sa vie. D’homme ordinaire, je l’ai rendu extra-ordinaire.


Quelle démarche avez-vous suivie? Vous vous êtes fait conteur d’histoires ?

Comme un cinéma à rebrousse-poil. À partir de photos statiques, j’ai construit un scénario. J’ai recréé une histoire à ce Monsieur H. Une histoire inventée qui relate son parcours jusqu’à sa mort. Les photos sont bien sûr retravaillées, manipulées, pas seulement colorées. Je n’ai introduit la couleur sur le noir et blanc que lorsque les émotions entrent en jeu. L’album, grand ouvert sur un présentoir, donne une idée de ce qu’étaient les images avant mon travail. C’est la photographie de rue qui m’a beaucoup aidé parce qu’on y apprend la spontanéité. L’univers du réalisateur Alejandro Jodorowsky m’inspire également dans la création de photos.


Qui est au juste Monsieur H ?

Monsieur H est un rebelle. Il est né à l’époque nazie, une période sombre pour l’Allemagne. C’est un charmeur, un musicien, un explorateur. Il a aussi un pouvoir magique, puisqu’il a ramené les couleurs au sein de sa famille. Son parcours sera parsemé d’événements uniques qu’une seule et unique photo traduira. En bref, Monsieur H est l’élu.


La lettre H évoque-t-elle autre chose ?

Elle évoque le mot hommage. Un hommage que j’ai voulu faire à la photographie. Dans le temps, on prenait un ou deux clichés durant un événement de la vie : naissance, mariage… Aujourd’hui, grâce au (ou à cause du…) smartphone, il y a une consommation inouïe de la fabrication de photos, qui ne laissent pourtant plus de traces. En effet, aussitôt redistribuées sur les réseaux sociaux, on sait pertinemment qu’elles seront oubliées.


Les lunettes ont une grande importance dans cette exposition. Pourquoi ?

Elles sont des repères temporels. Elles indiquent, de par leur changement de style, l’époque à laquelle la personne a vécu. J’ai donc parsemé mes photos de différents binocles. En les regardant, on se dit toujours : ah, je mettais ces lunettes à cet âge-là, ou encore à cet autre âge. Mais ce qui est drôle, c’est que parfois j’en fais porter aux bébés. C’est ce qui est magique.


*Art on 56th. Gemmayzé. Jusqu’au 22 décembre.

Quand est né exactement le besoin de cette exposition ? J’ai suivi des études de communication en arts à la LAU, ce qui englobe toutes les disciplines. J’ai commencé par réaliser quelques courts-métrages que j’ai présentés à des festivals. Et à part la vidéo et le montage, j’ai fait de la photographie de rue. J’étais sur le projet d’un long-métrage qui me prenait toute...

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