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Économie - Conférence

Cybersécurité : une stratégie nationale dans six mois ?

La commission chargée d’élaborer ce plan a entamé ses travaux en novembre.


Lina Oueidate (à la tribune), conseillère du Premier ministre, a présenté les grands axes de la future stratégie nationale du Liban en matière de cybersécurité. Photo P.H.B.

Du cheval de Troie Gauss, le virus qui avait visé des banques libanaises en 2012, à la récente mise en accusation de trois personnes pour vol de données sur des sites web affiliés aux forces de l’ordre, le Liban est de plus en plus ciblé par des cyberattaques visant aussi bien ses institutions que des sociétés établies sur son territoire. Un danger dont les autorités semblent enfin avoir pris conscience, à en juger par une série d’initiatives lancées depuis août et qui ont débouché sur la formation d’une commission chargée de développer une stratégie nationale en matière de cybersécurité.

Placée sous la tutelle de la présidence du Conseil des ministres et dirigée par le secrétaire général du Conseil supérieur de défense, le général Saadallah Mohieddine Hamad, cette commission se donne six mois pour atteindre ses objectifs, qui ont été présentés hier par Lina Oueidate, conseillère en technologies d’information et de communication du Premier ministre désigné, Saad Hariri, lors d’un panel organisé à l’occasion du 4e forum annuel de lutte contre la cybercriminalité, hier à Beyrouth. Mme Oueidate est également membre décideur au sein de cette commission.

Collaboration entre administrations

Mme Oueidate a participé activement à la rédaction de la feuille de route qui a été approuvée par les autorités locales ainsi que les pays qui financent des initiatives pour renforcer les capacités du Liban en matière de cybersécurité, préalablement à la création en septembre de la commission chargée d’élaborer la stratégie nationale. « Le Liban occupe le 119e place (NDLR : sur 193) au dernier classement de l’indice mondial de cybersécurité publié par l’Union internationale des télécoms (UIT). Un mauvais résultat qui s’explique principalement par l’absence de stratégie nationale ou de structure centrale pour coordonner les efforts entrepris par certaines entités de façon isolée », explique Mme Oueidate.

Le travail de la commission, composée d’une dizaine de responsables et d’experts, va donc consister à élaborer en collaboration avec l’ensemble des administrations et institutions concernées les bases d’une architecture nationale pour combler ces lacunes. Le coup d’envoi de ses travaux a été lancé le 15 novembre lors d’une table ronde organisée au Grand Sérail dans le cadre de Cybersud – un projet conjoint de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe visant à aider cinq pays – Liban, Algérie, Jordanie, Maroc, Tunisie – à renforcer leurs capacités en matière de lutte contre la cybercriminalité.


(Lire aussi : Le Liban de plus en plus ciblé par les cyberattaques)


« Faire la synthèse »

« Nous avons commencé par demander à toutes les administrations avec lesquelles nous allons travailler de désigner des représentants pour participer aux sessions qui sont programmées toutes les deux semaines. Mais nous attendons toujours les retours de certaines d’entre elles », poursuit Mme Oueidate. Les présidences de la République, du Conseil des ministres et du Parlement ; plusieurs ministères dont ceux des Télécoms, de la Justice, des Finances, ou encore de la Défense, de l’Intérieur; ainsi que plusieurs institutions comme Ogero, la Banque du Liban ou le bureau du ministère d’État pour la Réforme administrative (Omsar) doivent notamment être consultés.

L’institutionnalisation de la coopération interservices et la centralisation des moyens de surveillance, le développement des ressources humaines, matérielles et technologiques dédiées, ou encore la mise en place de partenariats public-privé font partie des principaux enjeux identifiés. « L’ensemble doit permettre au pays de se protéger contre les menaces et d’être capable à tout moment de s’adapter à l’évolution des moyens de télécommunications qui évoluent à un rythme quasi annuel », conclut Mme Oueidate.

Des développements qui réjouissent l’expert franco-libanais en cybersécurité Hadi el-Khoury, cofondateur du chapitre français de l’Information Systems Security Association (ISSA). « Le fait que l’État s’engage dans cette voie ne peut qu’avoir des répercussions positives, notamment sur la réputation du pays. Comme Mme Oueidate, il rappelle toutefois qu’une fois complétée, la stratégie nationale devra être entérinée avant d’être transposée dans la législation, pour pouvoir être mise en œuvre. Il invite également à » faire la synthèse « de ce qui a été déjà fait ailleurs pour adopter le modèle qui correspond le mieux au pays, notamment en matière de protection des données personnelles.

Les experts qui sont intervenus pendant le panel animés par Mme Oueidate et le consultant en matière de contre-terrorisme au sein de l’Union européenne Jérôme Ribault-Gaillard sont : Maya Chamli, directrice de projet au sein du Haut-Conseil pour la privatisation et les partenariats ; Séverine Wernert, membre du cabinet de Julian King, commissaire européen chargé de l’Union de la sécurité ; et Daniel Ionita, directeur au sein de l’agence roumaine de réponse aux cybermenaces, CERT-RO.


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