Dans la vision de Michel Aoun, qu’il soit officier de l’armée, commandant en chef, Premier ministre, chef de bloc parlementaire ou président de la République, la souveraineté et l’indépendance sont indissociables. Comme il s’est battu pour libérer le Liban de l’emprise des organisations palestiniennes, des milices et des armées israélienne et syrienne, il estime devoir se battre aujourd’hui pour libérer les Libanais des influences étrangères. Les deux premières années de son mandat ont donc été consacrées à cet objectif, en instaurant des relations diplomatiques acceptables avec tous les pays, notamment ceux qui traditionnellement ont une influence sur les parties internes. Il a ainsi choisi de se diriger vers Riyad pour sa première visite à l’étranger, avant de sillonner ensuite le monde, en évitant Téhéran et Damas, pour ne pas susciter de polémique.
Élu après deux ans et demi de vacance présidentielle, dans un pays divisé sur la plupart des grands dossiers stratégiques, sur fond de guerre en Syrie, Michel Aoun a estimé que la priorité était à la consolidation de l’entente interne, pour pouvoir réaliser l’indépendance et la souveraineté. C’est dans cet esprit qu’il a voulu renforcer l’armée et la coopération entre les forces sécuritaires pour assurer la stabilité, à la base de la souveraineté. Il a pesé pour assurer des nominations militaires et sécuritaires et, usant de son titre de commandant des forces armées, il a éloigné les forces armées de la politique, leur laissant ainsi une autonomie pour gérer les questions sécuritaires et mener la bataille du jurd tout en restant en état d’alerte pour protéger la frontière sud du pays.
Conscient du fait que le renforcement de l’armée et des FSI ne suffit pas à réaliser la souveraineté, il s’est employé à réduire le fossé entre les différentes parties politiques. Il s’est basé sur « le compromis présidentiel » pour se rapprocher du Premier ministre Saad Hariri et de son camp, jouant même indirectement le rôle de pont entre eux et le Hezbollah. En dépit de plusieurs crises, il a aussi établi de bonnes relations avec le président de la Chambre et son camp et avec le leader druze Walid Joumblatt et ses partisans. Il a surtout poussé vers l’adoption d’une loi électorale basée sur le mode de scrutin proportionnel. Il espérait ainsi créer un seuil d’entente minimale entre les différentes parties, mais en raison des tensions régionales et internationales, celui-ci n’est pas toujours respecté.
À toutes les échéances cruciales, Michel Aoun choisit l’option libanaise. C’est ce qu’il a fait lors de la « démission forcée de Saad Hariri » à Riyad et lors des pourparlers avec le secrétaire d’État américain Rex Tillerson au sujet d’un échange de territoires le long de la ligne bleue avec Israël, en contrepartie de l’octroi de 45 % du bloc maritime numéro 9 (riche en ressources pétrolières et gazières) aux Israéliens. C’est ce qu’il fait aussi dans le cadre du dossier des déplacés syriens, insistant sur leur retour sans attendre la solution politique en Syrie et se battant contre la communauté internationale pour déclencher le processus. Pour lui, la souveraineté et l’indépendance sont à ce prix, et leur couronnement serait dans la consécration du Liban comme pays modèle de coexistence à travers la création de l’Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue, sous la supervision de l’ONU.
Dans la vision de Michel Aoun, qu’il soit officier de l’armée, commandant en chef, Premier ministre, chef de bloc parlementaire ou président de la République, la souveraineté et l’indépendance sont indissociables. Comme il s’est battu pour libérer le Liban de l’emprise des organisations palestiniennes, des milices et des armées israélienne et syrienne, il estime devoir se...