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Culture - Disparition

Ziad Abou Absi, à jamais Abou el-Zolof ou Istez Ziad

Il a très vite gagné sa place sur les planches, tant les personnages haut en couleur qu’il incarnait resteront à jamais gravés dans la mémoire collective. Aujourd’hui, il est parti sans crier gare. L’homme de scène, qui ne parlait pas de sa santé et ne grognait pas, s’en est allé silencieusement, laissant des générations orphelines.

Ziad Abou Absi, mentor de toute une génération d’amoureux du théâtre. Photo tirée du compte Facebook de l’artiste disparu

Né à Saïda en 1956, Ziad Abou Absi a fait des études de comptabilité et de gestion des affaires à la LAU. Mais les chiffres et lui ne sont pas compatibles, et il profite de ses années d’université pour jouer dans des pièces théâtrales comme Fenianos bel day3a en 1974, écrite par Rose Ghorayeb. Ce n’est qu’en 1977 qu’il révèle son vrai talent. C’est la rencontre avec un autre Ziad, au patronyme de Rahbani, qui décide de sa carrière. Il collabore avec lui sur différents projets, sur la pièce Bennesbeh la boukra chou en 1978, Film ameriki tawil en 1980, Chi fechil en 1983, Bekhsous al-karameh wel shaab el-anid (1993)… Cet enthousiasme pour le théâtre grandissant le pousse à se remettre aux études. Il fait alors un « major » en théâtre et télévision, et se consacre entièrement à cette discipline qu’il chérit. Sa trajectoire sera peuplée de collaborations avec des metteurs en scène et des projets comme Gibran wal Qaëda, al-Mouftah, Rejee Naim rah en 1991, qu’il écrit et met en scène lui-même (1991), Aashra aabid zghar en 2014. Il participe même au film de Nadine Labaki en 2011 Where do we go now ? (Et maintenant on va où ?).


Plus qu’un enseignant, un éducateur

Les étudiants des sciences humaines, beaux-arts et dramaturgie de la LAU le connaissent s’affairant souvent autour de Shakespeare. Ils lui doivent énormément de productions qui demeureront inscrites dans les annales de l’université. Reem Saleh, cinéaste, se souvient de l’odeur des coulisses du théâtre Irwin à la LAU et du siège qu’il occupait. « J’ai pris trois cours avec lui et il a eu la gentillesse par la suite de me proposer plusieurs travaux sur scène, même des rôles parce qu’il pressentait la passion que j’avais pour le théâtre. C’était mon mentor. Je lui ai dis un jour que je ne comprenais pas. Il m’a dit : “Tel est le niveau. Il faut t’élever à cela”. J’ai tout appris de lui, la lecture, comment respirer, marcher, comment initier une émotion et surtout comment retrouver ma place dans la vie. Nous venons de perdre un être précieux. Le Liban aussi. Mais il restera à jamais Abou el-Zolof et le Istaz. »

Ziad Abou Absi formera plus d’une génération d’étudiants mordus de l’univers des planches. Mais ce natif de Saïda ne pouvait rester les bras croisés devant les meurtrissures de son Sud natal. En 2001, il trempe sa plume dans l’encre qui se dissout dans le sang du militant et du résistant pour écrire une pièce inspirée des événements de juin 1982 qui ont marqué le Liban. L’auteur y raconte alors la genèse de la résistance libanaise. Souar al-jalil (édition Pirsan, 70 pages) est cette résistance qui s’est étendue jusqu’au Liban-Sud, la Galilée côté libanais.

Professeur à la LAU durant des années, il enseignait ces derniers temps à la LIU (Université internationale du Liban). La metteure en scène Lina Khoury témoigne en quelques mots, qui rejoignent certainement les témoignages d’autres personnes qui l’ont côtoyé de près : « Je l’ai eu comme enseignant en 1993, dit-elle. Et nos chemins ne cessaient jamais de se croiser. C’était la relation qu’il entretenait avec tous ses élèves. Il venait à mes répétitions, me conseillait, me guidait. C’était de même avec tous les autres. Nous, très nombreux, qui nous considérions comme sa famille, sommes certainement tristes et choqués d’avoir perdu cet être unique, mais en même temps privilégiés de l’avoir connu. Ce n’était pas simplement un professeur qui enseignait une matière précise, mais un éducateur, un mentor qui a tracé la trajectoire des étudiants et tissait des liens avec eux, en les suivant dans leur carrière et en étant proche d’eux dans tous les moments de leur vie. Et il a eu des générations à éduquer ! Cet homme propre dans sa tête et son esprit était une bibliothèque vivante. Il avait même agrandi l’espace de sa maison pour que cela contienne les livres qu’il aimait et qu’il proposait et conseillait à tous. Modeste et généreux, il n’attendait ni reconnaissance ni prix de quiconque. D’ailleurs de qui allait-il les recevoir ? D’une société gouvernante en qui il ne croyait pas ? La reconnaissance, c’était dans les yeux de tous ces élèves qu’il la retrouvait. Et l’amour, dans le regard de ses proches et amis qui aujourd’hui postent des aveux sur les réseaux sociaux et essaient de se réunir pour se consoler et parler de lui. »

Afin de le ramener rien que quelques instants parmi eux avant l’ultime départ...

Né à Saïda en 1956, Ziad Abou Absi a fait des études de comptabilité et de gestion des affaires à la LAU. Mais les chiffres et lui ne sont pas compatibles, et il profite de ses années d’université pour jouer dans des pièces théâtrales comme Fenianos bel day3a en 1974, écrite par Rose Ghorayeb. Ce n’est qu’en 1977 qu’il révèle son vrai talent. C’est la rencontre avec un...

commentaires (1)

"Mais il restera à jamais Abou el-Zolof et le Istaz. »" Pour moi, c'est plutôt l'Edouard du Film Ameriki Tawil: "el massihiyyé kheyfin ya khayyé! Hawde mahmoudet kellon!"

Georges MELKI

15 h 03, le 21 novembre 2018

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Commentaires (1)

  • "Mais il restera à jamais Abou el-Zolof et le Istaz. »" Pour moi, c'est plutôt l'Edouard du Film Ameriki Tawil: "el massihiyyé kheyfin ya khayyé! Hawde mahmoudet kellon!"

    Georges MELKI

    15 h 03, le 21 novembre 2018

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