« 2018 commémore le centenaire de la Première Guerre mondiale, allons-nous vers un nouvel ordre mondial ? » Tel était le thème de l’une des conférences organisées samedi par la Fondation May Chidiac à l’hôtel Phoenicia de Beyrouth. Celles-ci réunissaient tout un panel de professeurs et de chercheurs sur le thème du développement et de la liberté d’expression, mais aussi l’interconnexion des esprits pour mieux comprendre l’état actuel du monde. Mais le terme de « nouvel ordre mondial » n’est pas employé ici par hasard. Il est en général utilisé pour décrire la nouvelle politique américaine au sortir de la guerre froide, au début des années quatre-vingt-dix, et symbolise l’unilatéralité de l’hégémonie de Washington sur la scène internationale à partir de cette date.
C’est le 11 septembre 1990, un mois après l’invasion du Koweït par l’Irak et face à la lente désintégration de l’Union soviétique, que le président américain de l’époque, George Bush, choisit d’évoquer pour la première fois ce terme, resté célèbre, dans un discours devant le Congrès. « La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s’orienter vers une période historique de coopération (…) un nouvel ordre mondial peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. Une ère où tous les pays du monde, qu’ils soient à l’est ou à l’ouest, au nord ou au sud, peuvent prospérer et vivre en harmonie », avait alors affirmé le président américain. Ce nouvel ordre mondial a été appliqué avec succès. Les États-Unis, seuls en tête, sont ainsi devenus une « hyperpuissance » pendant de très nombreuses années. Mais près de trente ans après, en 2018, ce nouvel ordre mondial semble connaître des failles et l’hégémonie américaine est de plus en plus menacée par d’autres puissances d’abord émergentes qui ont, au fur et à mesure, réussi plus ou moins à s’imposer. « Le système international est en transition, mais il est trop tôt pour parler d’un nouvel ordre mondial. Le monde de l’après-guerre froide, dominé à un degré sans précédent par les États-Unis, s’est estompé depuis plus de dix ans. Il est remplacé par un ordre international dans lequel le pouvoir est plus distribué – moins concentré », explique l’un des intervenants, Steven Heydemann, professeur au sein du programme Moyen-Orient au Smith College du Massachusetts, interrogé par L’Orient-Le Jour. « Je ne pense pas que nous soyons au cœur d’un nouvel ordre mondial. Nous assistons à une renégociation des droits et privilèges au sein du système international existant (…) Il y a un recul des États-Unis qui a commencé sous Barack Obama et se poursuit actuellement sous Donald Trump », estime quant à lui, dans son intervention, Philip J. Crowley, adjoint au secrétaire d’État américain pour les affaires publiques sous le mandat de Barack Obama. « Malgré le recul, les États-Unis restent le principal acteur, mais d’autres États, comme la Chine et la Russie, sont désormais en mesure d’exercer une influence beaucoup plus grande sur les affaires mondiales », ajoute M. Heydemann. « La Russie et la Chine sont en train d’essayer de créer leur espace avec leur propre arrière-cour. La Chine en s’imposant dans la zone de la mer de Chine méridionale, stratégique pour le commerce mondial, et la Russie en exerçant ses incursions en Ukraine et en Syrie », conclut M. Crowley.
Pour mémoire
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commentaires (4)
L'Amerique est toujours présente il ne faut pas oublier c'est la première puissance mondiale , regarder un peu c qu'elle fait avec l'Iran , je ne suis pas contre , qu'elle laisse tranquille le Liban
Eleni Caridopoulou
14 h 53, le 19 novembre 2018