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Liban - Parlement

Parlement : Au bout de la nuit... la surprise des disparus


Moment d’émotion, hier au Parlement libanais, avec l’adoption de la loi sur les disparus de la guerre, pour la première fois depuis la fin de la guerre civile. Photo Marwan Assaf

S’il ne faut retenir qu’une loi de la longue séance parlementaire d’hier consacrée à la législation « de nécessité », ce sera celle sur les disparus qui a finalement été adoptée, en soirée, sous les applaudissements des députés. Après une longue journée de palabres, de débats et de temps en temps de vote, le Parlement a vécu son moment d’émotion avec la loi sur les disparus de la guerre, qui constitue pour la première fois depuis la fin de la guerre civile un véritable effort pour réconcilier les Libanais avec ce passé douloureux et tenter de trouver une solution à la terrible cause des disparus. Le projet, qui comporte 38 articles, a d’ailleurs provoqué de longues discussions entre les députés. Il y a même eu une tentative de le renvoyer en commission, qui a échoué, et finalement, les députés ont voté la loi article après article. Un débat animé a porté sur l’article 37 qui porte sur les poursuites qui pourraient être engagées contre ceux qui ont provoqué, encouragé, incité et exécuté la disparition, mais il a finalement été adopté.


(Lisez aussi notre dossier spécial : Disparus de la guerre civile : S'ils pouvaient témoigner...)


Après le vote de la loi, les députés ont longuement applaudi, et de nombreux blocs ont exprimé leur satisfaction. Le bloc du Liban fort, par la voix de son chef Gebran Bassil, a estimé que cette loi devrait permettre au Liban d’entamer une véritable réconciliation après la guerre. De même, Hikmat Dib, qui, avec l’ancien député Ghassan Moukheiber, a largement contribué à l’élaboration du projet, a déclaré que cette loi était un grand pas en avant pour permettre enfin de tourner la page de la guerre. Les députés Samy Gemayel et Nadim Gemayel ont, pour leur part, considéré que ce projet fait partie de leur combat pour soulager la peine des proches des disparus et leur permettre de faire le deuil, et ont adressé leurs félicitations aux Libanais pour cette loi qui rend enfin justice aux disparus et à leurs familles. Samy Gemayel a toutefois appelé les Libanais à ne pas confondre cette loi avec le cas des personnes disparues en Syrie, que l’État libanais devrait continuer à réclamer.En hommage à l’activiste Ghazi Aad qui avait fait de cette cause son principal combat et qui est mort avant l’adoption de cette loi qui constitue, en quelque sorte, le couronnement de ses efforts, Simon Abiramia a proposé que cette loi porte son nom.


Pause francophone

À part cette loi, la séance parlementaire du soir a été marquée par le retrait par le gouvernement de 5 projets, notamment le projet de la réforme de la justice proposé par Samir Jisr et un autre sur l’amendement de la loi sur les douanes, ainsi qu’un projet visant à augmenter les membres du conseil municipal de Zahlé, qui passeraient à 24, à l’instar de Saïda. De même, le projet de loi présenté par le ministre sortant César Abi Khalil, sur le fait d’autoriser le secteur privé à construire des usines de traitement de déchets solides pour les transformer en énergie électrique qui serait par la suite vendue à EDL, a été retiré. Le projet de loi présenté par M. Abi Khalil sur l’octroi d’une avance du Trésor d’un montant de 642 milliards de livres sur une longue durée au fournisseur d’électricité a, en revanche, été adopté.

La séance a vécu une pause francophone, lorsque, dans le cadre des débats au sujet du projet de loi sur l’électricité de Zahlé, le député Eddy Demerdjian a lu une jurisprudence sur la continuité du service public en français. Le député César Maalouf lui a demandé de parler en arabe, et Nabih Berry a interrompu la discussion en leur lançant en français : « Arrêtez ! »

Le renouvellement de la licence d’exploitation d’Électricité de Zahlé a suscité un débat si animé que le président de la Chambre s’est vu obligé de dire aux députés : « Soit vous faites vite, soit je vous laisse ici jusqu’à minuit. » M. Berry a montré ainsi son intention de terminer le jour même l’examen de l’ordre du jour pour permettre au Premier ministre de tenir sa conférence de presse sans se retrouver coincé par les débats du Parlement. Finalement, et après une réunion de concertation qui s’est tenue dans un salon avoisinant à la demande de M. Berry, un accord a été trouvé.


Contacts sur « le nœud sunnite »

Poursuivant son activité, le Parlement a approuvé la prolongation d’un an des contrats de location de lieux non résidentiels. Mais avant la fin de l’examen de l’ordre du jour, le président de la Chambre a levé la séance, laissant 4 projets de lois, dont celui qui impose de soumettre tous les contrats publics à la direction des adjudications à une séance qui sera fixée plus tard.

Comme cela a été le cas durant la séance de la journée, les contacts pour régler « le nœud sunnite » se sont poursuivis en marge de la séance du soir, et le ministre Bassil, chargé de cette mission par le chef de l’État, a eu un long aparté avec le député Fayçal Karamé qui fait partie du groupe des six, après s’être entretenu successivement pendant la journée avec le président de la Chambre et le Premier ministre désigné. Il est clair, d’après les informations ayant filtré, que M. Bassil était soucieux de proposer des solutions avant la conférence de presse que doit donner aujourd’hui Saad Hariri, dans laquelle il devrait en principe répondre au discours de Hassan Nasrallah prononcé samedi. MM. Bassil et Berry veulent empêcher le Premier ministre désigné de trop hausser le ton, ce qui serait de nature à compliquer encore plus la situation gouvernementale en radicalisant les positions et en rendant la possibilité de trouver un compromis plus difficile. Le chef du CPL a souligné en fin de soirée qu’un gouvernement verrait bientôt le jour et qu’il rencontrerait incessamment Walid Joumblatt.


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commentaires (3)

"MM. Bassil et Berry veulent empêcher le Premier ministre désigné de trop hausser le ton," Bien sûr seul le maitre omnipotent du hezb, du Liban et de l'univers a le droit de hausser le ton. Tous, nous devons baisser nos têtes et nous prosterner devant sa sagesse et surtout ses fusées salvatrices, sans lesquelles ses paroles ne seraient bonnes que pour une épisode comique de chouchou! Ya haram ya chaiib lebnen!

Wlek Sanferlou

16 h 41, le 13 novembre 2018

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Commentaires (3)

  • "MM. Bassil et Berry veulent empêcher le Premier ministre désigné de trop hausser le ton," Bien sûr seul le maitre omnipotent du hezb, du Liban et de l'univers a le droit de hausser le ton. Tous, nous devons baisser nos têtes et nous prosterner devant sa sagesse et surtout ses fusées salvatrices, sans lesquelles ses paroles ne seraient bonnes que pour une épisode comique de chouchou! Ya haram ya chaiib lebnen!

    Wlek Sanferlou

    16 h 41, le 13 novembre 2018

  • « Finalement, et après une réunion de concertation qui s’est tenue dans un salon avoisinant à la demande de M. Berry, un accord a été trouvé. » Et cet accord ? Un secret ? C’est bien une loi qui a été adoptée. Veuillez avoir la gentillesse de partager avec vos lecteurs.

    Evariste

    09 h 34, le 13 novembre 2018

  • Et on s'installe tranquillement dans le désordre programmé...on vote des lois... mais on ne sait pas s'entendre pour former un gouvernement ! C'est vrai...à quoi bon...de toutes façons chacun ici dans ce pays a pris l'habitude de faire ce qu'il veut...et après lui le déluge...sur le petit peuple ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 43, le 13 novembre 2018

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