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Liban - Numérique

Comment faire pour lutter contre les « fake news » ?

Développer un « journalisme certifié » et effectuer un retour vers l’esprit critique s’avèrent de plus en plus nécessaires.


Lors de la conférence sur la désinformation, organisée par « L’Orient-Le Jour » au Salon du livre francophone de Beyrouth, vendredi dernier, de gauche à droite, Marc Saïkali, Cyrille Nême, Ayman Mhanna et Stéphane Bazan. Photo Michel Sayegh

Avec l’entrée en force des réseaux sociaux dans notre quotidien, nous sommes de plus en plus exposés au risque de tomber sur une « fake news » ou « intox », ces fausses informations qui circulent sur le net et qui peuvent concerner une multitude de sujets, allant de la politique à la médecine, en passant par les faits divers. Comment faire, dès lors, pour distinguer le vrai du faux ? Une question sur laquelle se sont penchés les intervenants de la table ronde « Désinformation et intox : quels sont les antidotes ? », organisée vendredi dernier par L’Orient-Le Jour dans le cadre du 25e Salon du livre francophone de Beyrouth.

Réunis autour de notre collège responsable de la section idées à L’Orient-Le Jour, Cyrille Nême, qui faisait office de modérateur, le directeur de la chaîne d’informations France 24, Marc Saïkali, le directeur exécutif de la Fondation Samir Kassir pour la liberté de la presse et de la culture, Ayman Mhanna, et le conseiller en stratégies numériques, Stéphane Bazan, sont unanimes : il est aujourd’hui plus important que jamais, pour les journalistes, de présenter un travail de qualité, et pour le receveur d’informations d’exercer son esprit critique.

Après avoir rappelé que le terme de « fake news » a été popularisé par le président américain Donald Trump, lors de sa campagne présidentielle, et qu’il a fait son entrée au dictionnaire Collins l’année dernière, Cyrille Nême a commencé par souligner que « pour faire face à l’épidémie (de la désinformation), il faut en diagnostiquer les symptômes comme les agents de transmission ».


(Lire aussi : Malgré le grand ménage, les "junk news" prospèrent toujours sur les réseaux sociaux)


Le rôle du journaliste

« Les fake news ont toujours existé », souligne d’entrée de jeu Marc Saïkali, qui rappelle qu’une des intox majeures des dernières décennies est probablement l’affaire des prétendus charniers de Timișoara, en 1989 en Roumanie, largement relayée par la presse et qui a précipité l’exécution du dictateur roumain Nicolae Ceaușescu. C’est l’avènement des réseaux sociaux qui a démultiplié une phénomène vieux comme le monde. « Avec l’avènement des réseaux sociaux, tout le monde a le droit de dire n’importe quoi », constate M. Saïkali, qui prône la prudence en ligne et insiste sur le rôle des journalistes. « (À France 24), nous devons travailler vite, mais nous prenons toujours le temps de vérifier une information. Mieux vaut diffuser une information un peu en retard que de transmettre une intox », martèle-t-il. « Alors que nous sommes aujourd’hui abreuvés d’informations fausses ou qui se contredisent, le rôle des journalistes est plus important que jamais. L’info publiée sur nos sites est certifiée, et le journalisme certifié est de plus en plus important », ajoute-t-il.

Objectifs politiques dans le monde arabe

Rebondissant sur ce point, Ayman Mhanna déplore justement le « manque de formation des journalistes » dans la région, qui serait responsable, selon lui, de la désinformation dans les pays arabes. « Trop souvent, il y a un manque de volonté, de la part des journalistes, de vérifier l’information », déplore-t-il. Il tient également le financement politique d’un grand nombre de médias arabes pour responsable de la propagation de fausses informations, souvent de propagande. « Tant que ce mode de financement existe, la presse ne jouera pas le rôle de rempart », souligne-t-il.

« Les régimes arabes veulent qu’on ne croie en rien », dénonce encore le directeur de SKEyes qui parle d’une « perte de repères complète ». Ayman Mhanna relève par ailleurs que les pays arabes sont construits sur une conception de l’identité qui entraîne une sorte de victimisation. « Dans ce cadre-là, l’autre constitue une menace et on est donc de plus en plus enclins à croire aux fake news », dit-il.

Revenant sur l’assassinat en 2005 de Samir Kassir, Ayman Mhanna rappelle que quelques minutes après la mort du journaliste et historien, une fausse information, à visée de propagande, s’était répandue : « À peine 15 minutes après l’attentat, une fausse information a commencé à circuler en ligne selon laquelle le chef

du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, aurait commandité l’assassinat de Samir Kassir parce que ce dernier aurait eu une liaison avec sa femme », raconte-t-il.


(Lire aussi : Stéphane Bazan : « Le Liban, un terreau fertile pour les “fake news” »)


Les lois du web

Stéphane Bazan insiste sur les spécificités de l’écosystème des réseaux sociaux. « L’objectif de Facebook est que les informations postées sur la plateforme soient partagées et suscitent des réactions. Car c’est à travers ces partages que Facebook collecte des données » et donc des revenus potentiels, explique-t-il. Quand l’on sait qu’une fausse information circule « sept fois plus vite qu’une vraie information », l’on comprend dès lors pourquoi les réseaux sociaux en regorgent.

« Auparavant, les journalistes faisaient autorité. Aujourd’hui, les intox sapent leur autorité (…) On a perdu notre attachement à toute autorité informationnelle à cause du modèle économique de la publicité en ligne », qui repose sur le clic, ajoute-t-il. « Dans ce contexte, poursuit-il, s’est développé un véritable “phénomène industriel” autour des fausses informations, notamment en Russie et aux États-Unis, avec l’apparition d’“usines à intox” qui fabriquent et diffusent en ligne de fausses informations sur commande. »

Pour lutter contre la désinformation, Stéphane Bazan appelle à « trouver des moyens alternatifs de financement des réseaux sociaux et du journalisme ». Il insiste également, comme les autres membres du panel, sur la « nécessité d’un retour à l’esprit critique, au croisement des sources, à un travail de recherche et à la sensibilisation des enfants au monde du numérique ».

Avec l’entrée en force des réseaux sociaux dans notre quotidien, nous sommes de plus en plus exposés au risque de tomber sur une « fake news » ou « intox », ces fausses informations qui circulent sur le net et qui peuvent concerner une multitude de sujets, allant de la politique à la médecine, en passant par les faits divers. Comment faire, dès lors, pour...

commentaires (3)

Comme par exemple les fake news que le clown distille sur son accord avec le courageux Kim JUNG UN. Où en sont ils ? Que du bluff . Avec le Yémen aussi idem , que de la grande gueule.

FRIK-A-FRAK

11 h 32, le 13 novembre 2018

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Commentaires (3)

  • Comme par exemple les fake news que le clown distille sur son accord avec le courageux Kim JUNG UN. Où en sont ils ? Que du bluff . Avec le Yémen aussi idem , que de la grande gueule.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 32, le 13 novembre 2018

  • NE SUIVRE, NE LIRE ET N,ENTENDRE QUE LES MEDIAS SERIEUX ET RECONNUS COMME TELS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 26, le 13 novembre 2018

  • Bonjour, verifier ses sources, recouper les informations, attendre avant de diffuser, en parler en équipe sont sûrement les bonnes méthodes contre les intox. Ce n est pas nouveau mais le contexte a changé. Pas simple. Philippe

    VIARD Philippe

    09 h 52, le 13 novembre 2018

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