Nadine Mokdessi : « Toc toc », c’est la thérapie par le rire...

Tout sourire, volubile, plus dynamique que jamais, Nadine Mokdessi, l’un des porte-flambeaux du théâtre francophone à Beyrouth, s’apprête, avec son grand cœur et son enthousiasme habituels, à présenter sa 23e production.

Grand branle-bas donc en coulisses de la pièce Toc Toc de Laurent Baffie. Le célèbre humoriste, auteur et animateur de télévision et de radio français, réputé pour ses réparties vives et cinglantes, toujours invité sur les plateaux de la télévision française, lui a généreusement cédé les droits d’auteur de son opus pour sa création beyrouthine.

Créée en 2005 au Théâtre royal à Paris, Toc Toc – à laquelle elle a déjà assisté dans la Ville Lumière et dont elle garde le billet d’entrée qu’elle montre fièrement en rigolant – est restée un inoubliable coup de cœur pour Nadine Mokdessi. Et voilà, plus d’une décennie plus tard, que l’œuvre passe sous sa férule de metteuse en scène avisée.

Qu’est-ce qui l’a touchée dans cette pièce ? « Ce sont des personnages qui ont des tocs et qui en souffrent, explique Mme Mokdessi. Ils sont vulnérables et vont voir un psychiatre pour trouver enfin une solution à leurs maux (et c’est un peu leurs mots !), une thérapie de groupe pour se tirer d’affaire par le biais de l’humour. Sept personnages (six patients et l’assistante du psychiatre) provoquent un rire facile et non nerveux, car le jeu est très proche de la commedia dell’arte. Ils sont gesticulants et grimaçants. » Et d’ajouter : « Je n’ai nulle affection ou tendresse particulière pour l’un ou l’autre car ils sont tous, différemment, fragiles et vulnérables. Les points forts de cette pièce, ce sont justement ces six personnages réunis, sans le vouloir vraiment. Parce qu’ils se regardent un peu avec méfiance, comme ils sont enfermés chacun dans son toc ! La difficulté de cette pièce ? Ne pas tomber dans la caricature. S’emparer du toc et ne pas sombrer dans le toc ou le surjeu ! Pour ce travail, j’avais l’impression d’avoir une partition de musique où les notes doivent être toutes harmonieuses. »

Pour le décor, Michel Chidiac, déjà plusieurs fois son complice de scène, a concocté une atmosphère taillée sur mesure. « Un décor qui n’étouffe pas, c’est un écrin élégantissime », souligne Nadine Mokdessi, qui a toujours offert au public un texte et une pièce à (re)découvrir ainsi que son ardent désir de venir en aide aux associations humanitaires, sans oublier sa volonté de faire partager les auteurs qu’elle aime et les pièces qu’elle voit lors de ses voyages à Paris et qui la marquent.

Quelle est la plus belle réplique de la pièce ? Sans attendre, la réponse fuse : « Pour une fois que je peux toucher quelqu’un… » Bien dit et bien envoyé en ce monde de brutes ! Et qu’attend-elle de cette pièce ? Là aussi, les mots affleurent rapidement : « J’attends que le public ait le même coup de cœur que moi envers ces personnages. Car des tocs, il y en a à Beyrouth ! Je me suis renseignée auprès d’un psychiatre. Dans ces six tocs sur scène, il y en a cinq véridiques et un seul dû à un traumatisme. J’attends que le public soit attendri et touché. »

Pour la suite, on attend évidemment le lever de rideau…

Fiche Technique

Metteuse en scène : Nadine Mokdessi

Acteurs : Lea Abinader, Nadim Chammas, Nicole Debbas, Elsa el-Hage, Alain Hochar, Albert Thoumy et Joëlle Yacoub

Décor : Michel Chidiac, assisté de Maria Chbeir

Costumes : Souad Challita et Trunk

Éclairage : Hagop Derghougassian

Photos : Roula Stephan Ghanem

Film vidéo : Sabine Sebaali.