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Culture - Cimaises

Les hiéroglyphes du bonheur de Joseph Sassine

Au musée Sursock, vingt-sept œuvres abstraites, aux allures d’icônes modernes et revisitées, dégagent couleurs, lumière, foi, plénitude et bien-être spirituel.

Un travail fignolé en orfèvre...

Un homme d’action et d’influence qui sort de l’ombre où il s’est délibérément cantonné. Président-directeur général de la Banque de l’habitat depuis 1983, architecte de formation, Joseph Sassine avait aussi un jardin secret jalousement gardé : une passion pour l’art qu’il a longtemps et minutieusement cultivée. Des créations, patiemment et amoureusement élaborées qu’il a longtemps gardées, dans l’intimité, loin des regards… Aujourd’hui, et puisque le temps passe vite (il est né en 1936), il décide de montrer ses travaux qui remontent à presque un demi-siècle. Pour une première exposition, dans les salles du second étage du musée Sursock*, on peut dire, sans casser la formule, qu’il s’agit d’un coup de maître!

Ouverture avec la Vierge de Vladirmirskaya, point de départ d’une iconographie levantine qui subit une lente évolution, une transformation vers une expression épurée, originale, à la fois audacieuse et sage. Dans ses strates, ses couches superposées, ses alignement ordonnés, sa mouvance immobile comme des vagues douces ou rugissantes qui brisent le silence et s’échappent vers des zones inattendues… Comme un rai de lumière qui force la pénombre. À travers des nuances chromatiques subtiles alliant l’or, les tessons, les éclats de verre brut, la pierre colorée, les plis ou l’ajustement amidonné du jute, les sinuosités du cuivre, les bouts de bois (cœur des arbres ou écorce rêche) rugueux ou lisses et la terre cuite, pour des effets optiques variables (suivant la position du spectateur), se révèlent la puissance des jeux et des réverbérations de la couleur et du dessin.

Puisant également aux sources historiques du Proche-Orient, tout en dépoussiérant les fouilles des civilisations sumériennes, égyptiennes, phéniciennes, byzantines et arabes, elles révèlent aussi, par suggestion et rayonnement, tous les ingrédients de ce qui parle de bonheur.


Être humain/Dieu
Suivant ce célèbre nombre d’or, base de tout équilibre et harmonie (1.618), et par-delà la combinaison des proportions, du prisme et de la palette de couleurs adroitement agencés, l’artiste dit avoir « voulu allier la lumière physique et métaphysique pour un conte doré. J’ai essayé de créer des hiéroglyphes de bonheur, de plénitude et de bien-être spirituel ».

Il s’est ainsi lancé dans une longue quête des plus infimes détails d’une œuvre (cadre, divers matériaux domptés) à un ensemble cohérent, pour créer une atmosphère et susciter une émotion. Un travail solitaire, patient et personnel pour ces tableaux (aux dimensions allant de 2m30 x 1m20 à 30cm x 50cm) qui sortent de l’ordinaire. Pour ce refuge dans une certaine mystique, pour cette expression libre et libérée, Joseph Sassine a entrepris, en navigateur solitaire, toutes les démarches. Couper et raboter le bois, plier et tordre le cuivre, piler et clarifier le verre, glisser l’or et l’argent dans des tonalités discrètes ou sourdes, maîtriser la terra cotta et ses humeurs imprévisibles…. Tout cela pour capter cette expérience, réussie, de la lumière.

Loin de toute préoccupation matérielle ou d’effet de séduction facile, cette œuvre, d’une singulière élégance et aux lectures multiples, semble touchée par une certaine grâce immatérielle entre rayon de soleil, cri du cœur et appel aux ondes d’émotions positives. Comme une impalpable poudre d’aile de papillon…

Une exposition qu’il faut regarder avec l’œil d’un croyant, d’un adepte à la paix, d’une rencontre avec soi et les autres dans la fraternité humaine, sous la bienveillance du Créateur.

Ce n’est guère un hasard si Joseph Sassine, humble et modeste artiste-artisan au travail éblouissant et fignolé en orfèvre inspiré, cite cette phrase de Platon à méditer : « Dans chaque être humain il y a un Dieu. »


*Expérience de la lumière, de Joseph Sassine, au musée Sursock jusqu’au 19 novembre 2018.


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Un homme d’action et d’influence qui sort de l’ombre où il s’est délibérément cantonné. Président-directeur général de la Banque de l’habitat depuis 1983, architecte de formation, Joseph Sassine avait aussi un jardin secret jalousement gardé : une passion pour l’art qu’il a longtemps et minutieusement cultivée. Des créations, patiemment et amoureusement élaborées...

commentaires (1)

Superbes oeuvres d'un Immense artiste doublé d'un Grand banquier, et dommage que je ne sois pas à Beyrouth pour me précipiter à notre musée Sursock, Bravo Joseph pour cette magnifique passion, salutations chaleureuses de Bruxelles.

TRAD Fouad N.

21 h 55, le 05 novembre 2018

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Commentaires (1)

  • Superbes oeuvres d'un Immense artiste doublé d'un Grand banquier, et dommage que je ne sois pas à Beyrouth pour me précipiter à notre musée Sursock, Bravo Joseph pour cette magnifique passion, salutations chaleureuses de Bruxelles.

    TRAD Fouad N.

    21 h 55, le 05 novembre 2018

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