Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

Plus bleu que le bleu des yeux de Jean-Daniel Bouvard

Attentif et réceptif au monde qui l’entoure, cet artiste se plaît à absorber les choses avant de les coucher sur une toile. À la galerie Cheriff Tabet*, l’œil est apaisé et l’envie de s’échapper vers des horizons lointains pressante.

Une palette qui respire l’air marin… DR

Le silence est-il à l’origine des œuvres de Jean-Daniel Bouvard, de son monde solitaire tellement à part, de son goût jamais satisfait pour la lumière, dont il ne cesse de sonder l’appel du grand large ?

Chacune de ses toiles murmure la quiétude et la solitude, et pourtant cet artiste n’est pas celui de la mélancolie ou de la nostalgie des lieux, mais un amoureux de la vision contemplative. Son art révèle un goût pour la lumière à toute heure qui prend sa source dans le ressac des vagues et cette immensité rassurante vers laquelle il ne cesse de tendre. La mer, le silence et l’artiste, un trio à la composition singulière qui accentue le lien invisible qui se tisse entre les êtres et le grand bleu. L’art de Jean-Daniel Bouvard est celui de la transposition, mais non de la métamorphose. Loin du surréalisme et contre l’abstraction, il se complaît dans une peinture figurative où il transpose ses affections personnelles à l’échelle du monde. Né à Saint-Étienne en 1957, il monte à la fin de son cursus scolaire à Paris pour entreprendre des études d’architecture. Après avoir obtenu son diplôme en 1984, et fait quelques essais dans des agences spécialisées, le Stéphanois qui avoue avoir toujours aimé le dessin choisit définitivement la peinture. Il va s’y consacrer totalement. « Tout s’est enchaîné, dit-il, après une première exposition à Paris en 1986. Les expositions en province et aux États-Unis ont suivi, notamment à New York où j’expose régulièrement depuis 1997. »


Échappée bleue

Planter son chevalet au hasard d’une promenade déambulatoire pour peindre en plein air, voilà ce que l’artiste affectionne. « À la liberté du geste qui prend son temps, je préfère l’immédiateté du moment. Là où je me lance le défi de toujours rattraper la tombée du jour avant qu’elle ne m’échappe, comme une contrainte de l’éphémère », confie-t-il. Et la mer, source d’inspiration intarissable, demeure pour lui un champ exploratoire systématique. La palette de Jean-Daniel Bouvard respire l’air marin et l’on arrive presque à se demander si le bleu de son regard n’a pas déteint sur les étendues océanes qu’il dépeint. Chaque arrêt face à ses œuvres est une invitation à la méditation, dans laquelle il entraîne le spectateur vers une quête de perfection et d’éternité. La puissance de sa facture est celle d’un artiste qui dans un monde en mouvement perpétuel empreint d’un instantané friable insuffle à ses œuvres la beauté de la permanence.

De sa formation d’architecte, ce peintre excelle dans l’art de l’équilibre et de la composition. Les formes se dévoilent avec une extrême simplicité, oscillent entre un impressionnisme certain et un romantisme murmuré. Dans sa toile intitulée Rovin (qui aurait pu s’appeler « Impression du soleil couchant »), les couleurs retrouvent leurs grâces originelles. Tout dans le ciel l’affirme. Le ciel s’empourpre, l’obscurité a commencé son office et la nuit gagne avant le retour de l’aube. L’incandescence de cette œuvre évoque étrangement les toiles de Turner, les clairs-obscurs de Vermeer, et son soleil couchant flirte avec les impressionnistes. Entre ciel en feu et mer infiniment silencieuse, sa toile accueille les contrastes et les contraires. Placé devant sa cette toile, le spectateur pourrait presque sentir l’eau lui caresser les jambes, et la ligne d’horizon est si présente qu’on ne demande qu’à la toucher. Le délavé des couleurs est obtenu par une application d’abord à la gouache pour la fluidité de la matière et puis, une fois la toile à l’atelier, elle est vernie au gesso, ensuite retouchée à l’huile pour lui conférer une certaine épaisseur. Il en résulte une atmosphère d’une grande transparence, où ne cessent de se rejouer la force du désir d’exprimer de l’artiste et celle de regarder du spectateur.


Jean-Daniel Bouvard

À la galerie Cheriff Tabet jusqu’au 21 novembre 2018.

Le silence est-il à l’origine des œuvres de Jean-Daniel Bouvard, de son monde solitaire tellement à part, de son goût jamais satisfait pour la lumière, dont il ne cesse de sonder l’appel du grand large ? Chacune de ses toiles murmure la quiétude et la solitude, et pourtant cet artiste n’est pas celui de la mélancolie ou de la nostalgie des lieux, mais un amoureux de la vision...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut