Rechercher
Rechercher

Liban - Société

Au déjeuner des anciens à Paris, le recteur de Jamhour dénonce la crise des écoles privées

Photo de groupe pour les membres de l’AJFE et leurs enfants.

L’Association des anciens de Jamhour en France et en Europe (AJFE), dont L’Orient-Le Jour est partenaire, est extrêmement active, notamment à Paris, où elle organise régulièrement diverses activités pour ses adhérents et leurs amis : clubs professionnels, rencontres spirituelles, accueil des nouveaux arrivants, pique-niques, etc. Mais le point d’orgue de sa saison est certainement le déjeuner annuel qui se tient traditionnellement au mois d’octobre, dans des lieux différents et originaux (péniche sur la Seine, Buddha Bar, siège de l’Unesco…) et qui regroupe un grand nombre d’anciens autour d’un invité d’honneur et d’une délégation venue spécialement du Liban pour l’occasion.

Pour 2018, l’AJFE avait choisi le Pavillon des Princes, en bordure du bois de Boulogne, avec comme invité d’honneur Philippe Helou, cofondateur de la société Murex. Les participants à cet événement, près de 250 personnes, heureux de se retrouver, savouraient l’apéritif sur la terrasse par un temps radieux, en devisant gaiement. Puis ils ont pris place autour des tables dans une immense pièce décorée aux couleurs de la France, du Liban et du Collège Notre-Dame de Jamhour.

Après les hymnes nationaux libanais et français, le président de l’association, Élias Matta, prend la parole pour souhaiter la bienvenue aux présents, dont l’ambassadeur du Liban en France, M. Rami Adwan, lui-même ancien de Jamhour, et faire le point sur les activités de l’association. Il souligne notamment que l’AJFE, « victime de son succès », a même dû refuser les dernières inscriptions au déjeuner. Il rappelle les objectifs de l’association qui consistent à « rassembler les anciens et soutenir le collège » et détaille certains des projets à venir.

Après les remerciements d’usage, Élias Matta revient rapidement sur les principales activités de l’AJFE et informe les présents qu’« après 10 ans au service de l’AJFE », son mandat touche à sa fin et que « ces dix années ont été riches en défis, en moments partagés, en amitiés, en solidarité et en satisfaction de voir la famille rassemblée ». Le président conclut son allocution en rappelant que l’AJFE compte sur le soutien de ses adhérents et qu’elle se tient à leurs côtés.

Puis c’est au tour du R.P. recteur, le père Charbel Batour, de donner des nouvelles du collège de Jamhour. Il met l’accent sur l’inauguration du nouveau bâtiment du collège Saint-Grégoire à Beyrouth et insiste sur le fait qu’il est symboliquement très important que « Jamhour revienne à Beyrouth, la capitale du Liban ». Le collège Saint-Grégoire est l’incarnation de l’aide que les pères jésuites avaient apportée à la communauté arménienne en détresse dans les années 1920.

En ce qui concerne les projets, le père recteur annonce qu’une académie de technologie et de robotique va voir le jour et qu’elle proposera des ateliers animés par des spécialistes venus des États-Unis. Il annonce également qu’un fonds de dotation sera bientôt lancé, dans le but d’assurer l’avenir financier de l’institution. En conclusion, le père Batour lance un vibrant appel en faveur des écoles privées qui sont actuellement fortement combattues au Liban et affirme que le danger est réel de voir l’éducation, l’un de nos apanages, régresser dans notre pays.

Les pères Dalmais et Bouzy bénissent alors le repas et tout le monde peut déguster son (excellent) repas jusqu’au moment où l’invité d’honneur, Philippe Helou, prend la parole.


Philippe Helou et l’engagement citoyen

Extrêmement discret et peu habitué à se mettre en avant, le directeur général de Murex France se plie néanmoins à l’exercice avec beaucoup de simplicité et d’humour. Il raconte son parcours et notamment son arrivée improbable, en 1975, à l’Université de Berkeley aux États-Unis, avec une délicieuse pointe d’autodérision. Puis il explique comment, avec ses quatre beaux-frères, ils ont fondé la société Murex qui au départ se situait beaucoup plus à l’étranger qu’au Liban. Jusqu’au choc de 2006, lorsque en plein bombardements israéliens, ils constatent le courage, la détermination et l’efficacité du personnel des bureaux au Liban, ce qui les impressionne et les pousse à accélérer le développement de leurs activités dans notre pays, à un moment où toutes les grandes sociétés cherchaient à se délocaliser ! Philippe Helou a poursuivi son intervention en parlant avec chaleur et émotion de ses combats aux côtés de quatre ONG : arcenciel, l’hôpital de la Quarantaine, Haouat al-Tanmiya et l’Association des travailleurs étrangers.

M. Helou a ensuite évoqué le rôle des médias dans le contexte présent au Liban. « Je crois qu’il est fondamental de soutenir le journalisme indépendant, qui puisse jouer son rôle de contre-pouvoir, si l’on veut changer les choses au Liban, a-t-il notamment souligné. Je citerais les reportages récents de L’Orient-Le Jour sur les carrières, la préservation du littoral et de l’environnement, les législatives, les villages libanais et bien d’autres. »

« Pour conclure, a-t-il ajouté, j’ai voulu partager avec vous quelques initiatives que je trouve intéressantes. Je sais que, où que vous soyez, vous êtes nombreux à être engagés pour le Liban, mais que vous avez parfois des doutes quant à l’efficacité de cet engagement. Et bien moi je pense que cet engagement est utile et nécessaire. Les victoires sont difficiles, mais elles sont possibles. Je prendrais comme exemple l’affaire du Bois des Pins, dernier poumon vert de notre capitale. Par une nuit sans lune, du 5 au 6 septembre, la Sûreté générale a demandé de manière illégale aux pelleteuses de Jihad el-Arab d’arracher les pins sur son terrain et d’excaver le beau sable rouge. Les riverains, les associations, la société civile et la presse se sont immédiatement mobilisés. Dans la semaine qui a suivi, la Sûreté générale a reculé, et en réponse au journaliste de L’Orient-Le Jour, elle s’est dit prête à changer d’emplacement pour construire son bâtiment, si le projet est contesté par les associations et par la société civile. C’est certes une petite victoire, mais c’en est une. Elle est le fruit d’un engagement citoyen, et au vu de la situation du pays, cet engagement est vital aujourd’hui. »

Le président de l’AJFE Élias Matta et le secrétaire général de l’Amicale des anciens, Nagy el-Khoury, ont ensuite remis une plaque commémorative de ce beau moment à l’orateur qui a captivé son auditoire. Une plaque de remerciement a également été remise à Nathalie Younan, vice-présidente, au R.P. Dominique Bouzy, aumônier de l’AJFE, ainsi qu’à Élias Matta.

Après la tombola placée sous le thème de « la culture, la francophonie et le Liban », puis la traditionnelle photo de groupe, l’heure était venue de se séparer. Mais tout le monde était si heureux que personne ne voulait s’arracher à cette atmosphère cordiale et chaleureuse, ce cocon amical et spirituel si rassurant, qui insuffle à chacun le courage de poursuivre vaillamment son chemin.

L’Association des anciens de Jamhour en France et en Europe (AJFE), dont L’Orient-Le Jour est partenaire, est extrêmement active, notamment à Paris, où elle organise régulièrement diverses activités pour ses adhérents et leurs amis : clubs professionnels, rencontres spirituelles, accueil des nouveaux arrivants, pique-niques, etc. Mais le point d’orgue de sa saison est...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut