Avec le retour du président de la République au Liban, après avoir participé à la 73e session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, les négociations pour la formation du gouvernement devraient être relancées. Une visite du Premier ministre désigné à Baabda est même prévue au cours des prochains jours. Mais en dépit de ces indices positifs, nul ne croit véritablement à la possibilité d’une percée qui aboutirait à la formation du gouvernement au cours des prochains jours. De plus, le chef de l’État s’apprête à se rendre à Erevan en Arménie pour participer au XVIIe sommet de la francophonie, au cours de la première quinzaine d’octobre. Ce qui laisse un délai assez limité pour parvenir à un accord avant cette date.
Selon des sources qui suivent le dossier, le leader druze Walid Joumblatt aurait récemment envoyé des signaux positifs, en laissant entendre aux milieux du courant du Futur qu’il serait prêt à accepter deux ministres druzes et un chrétien, réglant ainsi le problème posé par sa précédente exigence d’obtenir les trois ministres druzes du gouvernement de trente en gestation. Toujours selon les mêmes sources, M. Joumblatt aurait reçu des indications claires de la part du duo chiite Amal et Hezbollah, sachant qu’il misait fortement sur l’appui du président de la Chambre, qu’il n’est pas question de mettre le sort du gouvernement entre ses mains, en lui donnant les trois ministres druzes d’un gouvernement de 30 membres, comme il avait, pendant la période précédente, le sort du Parlement entre ses mains, grâce à son bloc parlementaire qui pouvait, selon ses décisions, transférer la majorité parlementaire d’un camp à l’autre et faire ainsi adopter les lois de son choix.
Tout en respectant la trêve médiatique conclue entre son camp et celui du CPL, M. Joumblatt a donc fait savoir aux autorités concernées qu’il serait prêt à faire cette concession importante pour faciliter la formation du gouvernement. À une condition toutefois : que les autres parties en fassent de même. En d’autres termes, « le nœud druze » comme l’appelle communément la presse, ne doit pas être réglé seul. Mais en concomitance avec les deux autres.
Les sources précitées font ainsi le lien entre la souplesse de M. Joumblatt et la soudaine visite du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, au domicile du Premier ministre désigné, jeudi. Selon ces sources, le chef des Forces libanaises aurait décidé à la hâte de rencontrer le Premier ministre désigné pour lui transmettre un durcissement des positions de son parti, qui avait auparavant fait savoir qu’il acceptait d’obtenir quatre ministres dans une équipe de 30 à condition d’avoir trois portefeuilles « de poids » et aucun ministère d’État. Or, au cours de la rencontre suivie d’un déjeuner qui a eu lieu jeudi au domicile de Saad Hariri, Samir Geagea a précisé, toujours selon les mêmes sources, qu’il réclame désormais 5 ministres au lieu de quatre, s’il y a, dans la part des Forces libanaises, un ministère d’État. Ce qui constitue un recul après avoir affiché des positions plus souples. Au cours de la même rencontre, le chef des FL aurait aussi suggéré au Premier ministre désigné de convoquer le gouvernement démissionnaire à des réunions. Même si la Constitution l’interdit, cette démarche pourrait être justifiée par « les décisions urgentes » qu’il faut prendre et qui touchent au quotidien des Libanais. Ce serait en quelque sorte une procédure justifiée par la situation actuelle et calquée sur le principe « de la législation de nécessité » adoptée par le président de la Chambre pour convoquer des réunions parlementaires en l’absence d’un gouvernement en pleines fonctions. De fait, ces réunions pourraient être contestées car en temps normal, si les députés veulent mettre en cause un ministre ils ne peuvent que réclamer sa démission. Or, dans ce cas précis, elle est déjà présentée et les députés n’ont donc aucune prise sur les ministres. Mais tous les grands blocs politiques se sont mis d’accord pour que ces réunions parlementaires aient lieu en raison de l’urgence d’adopter certaines lois, liées à la conférence dite CEDRE et d’autres destinées à calmer la grogne populaire.
La proposition soumise par Samir Geagea à Saad Hariri est en principe dictée par la même logique, mais selon les sources qui suivent de près le dossier gouvernemental, elle a aussi une portée cachée en imposant une sorte de statu quo gouvernemental et en permettant en quelque sorte de contourner la démission obligatoire du gouvernement après la tenue des élections législatives. Si elle devait être adoptée, cette suggestion constituerait un coup porté au président de la République qui réclame la formation d’un gouvernement qui reflète les résultats des élections législatives, et au duo chiite, Amal et le Hezbollah, qui adopte la même position. Sous prétexte de prendre des « décisions nécessaires et urgentes » sur certains dossiers qui ne peuvent plus attendre, il s’agirait, selon des sources proches du CPL, de créer un nouveau fait accompli qui passe outre les résultats des dernières législatives et retarde « le nouvel élan du mandat Aoun », attendu après la formation du gouvernement.
La proposition devrait en tout cas être discutée par les différentes parties politiques. Mais après l’optimisme suscité par la souplesse de Walid Joumblatt, les obstacles font leur réapparition et selon les sources qui suivent de près le dossier gouvernemental, sauf imprévu, il ne devrait pas y avoir de gouvernement au cours des deux prochaines semaines.
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UN ASTROLOGUE UN JOUR SE LAISSA CHOIR AU FONDS D,UN PUITS. ON LUI DIT : PAUVRE BETE, TANDIS QU,A PEINE A TES PIEDS TU PEUX VOIR, PENSES-TU LIRE AU-DESSUS DE LA TETE ? LAFONTAINE
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 30, le 30 septembre 2018