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Campus - Portrait

Léa Choueifaty, Miss briseuse de préjugés

« Pour envoyer un message fort à la société que la beauté est subjective et qu'elle ne doit pas être réduite à des standards infondés ». 

Léa Choueifaty habillée en Rosie The Riveter, l’icône fictive américaine, symbole de l’autonomisation et de l’émancipation des femmes, estime que la beauté est subjective et qu’elle ne doit pas être réduite à des « standards » infondés.

« Je pense que c’est l’affiche de l’événement qui m’a poussée à y participer », confie Léa Choueifaty, jeune étudiante en droit de 22 ans. « Les silhouettes des femmes dessinées sur l’annonce étaient fines et grandes de taille ; comme si l’on disait aux petites femmes, ou celles qui ont des rondeurs, qu’elles ne peuvent pas participer à une compétition de beauté. Comme si ces femmes ne peuvent pas être belles. » Bien qu’elle n’encourage pas la prise de poids excessive par souci de santé, Léa se présente au casting de la compétition, estimant que la beauté est subjective et qu’elle ne doit pas être réduite à des standards infondés. Sa mère, réticente au début, cède devant l’inébranlable détermination de sa fille. La jeune étudiante séduit aussitôt les organisateurs, captivés par sa personnalité pétillante et son profil polyvalent : elle est également cheftaine chez les scouts des Saints-Cœurs de Aïn Najm, grande lectrice, adepte de natation et profondément ambitieuse. Son rêve ? Travailler à la Cour internationale de justice.

Toutefois, si la dynamique étudiante de 1,60 mètre et 80 kg est acceptée avec aisance comme candidate à l’élection de Miss USJ, les préparatifs pour le jour J n’ont pas été aussi faciles. En effet, durant les essayages des habits relatifs aux différents défilés, l’une des tenues proposées ne convient pas à la taille de Léa, bien que la jeune candidate ait donné ses mensurations aux stylistes suffisamment à l’avance. « Peut-être qu’on ne conçoit pas des vêtements de marque pour les femmes qui portent du 42 ! » dit-elle aujourd’hui en plaisantant. Cependant, au moment même, elle n’a pas pu rester aussi positive, surtout après le commentaire de la styliste : « Désolée. Essaie de t’acheter un blazer en paillettes avec un joli pantalon. » Léa a voulu alors se retirer de la compétition. « En fait, ce sont mes amis qui m’ont donné la motivation nécessaire pour continuer. Ils m’ont encouragée du début à la fin », affirme la jeune femme aux longs cheveux noirs.


Briser les stéréotypes
Le jour J. Dans les coulisses, les jeunes femmes se font belles. Léa, qui confie avoir voulu « être princesse » quand elle était petite, avoue qu’elle a toujours aimé ce moment des compétitions de beauté. « Parce que être féministe ne signifie pas délaisser sa féminité. Être féministe signifie abandonner le fantasme enfantin de la princesse des contes de fées, c’est partager “sa couronne” avec d’autres femmes pour les encourager à briller à leur tour », souligne-t-elle.Le premier défilé a pour thème « Ce que vous voulez être plus tard ». L’étudiante, qui vient de s’inscrire en master de droit pour « défendre les droits de l’homme », n’a pas encore fait un choix définitif de carrière. Mais elle sait ce qu’elle veut. « Avoir un impact positif sur la société, quelle que soit le moyen, que je décide de devenir présidente de la République ou femme au foyer. » En effet, la jeune femme apparaît sur scène habillée en Rosie The Riveter, icône fictive américaine, symbole de l’autonomisation et de l’émancipation des femmes partout dans le monde. Son message, elle le clame haut et fort : la femme devrait s’imposer en usant de tout son potentiel, et non seulement de son apparence physique. Dans le public, les (nombreux) amis de Léa, mais aussi, ses nouveaux supporters, s’emballent et crient leur adhésion à la cause qu’elle défend. Défilé après défilé, la jeune femme passe sur scène pour la dernière fois et assume son style en robe blanche : « Malgré le fait qu’on m’a conseillé de porter une robe noire pour cacher mes rondeurs, j’ai décidé de porter celle-là. Parce que je l’aime davantage, tout simplement », confie-t-elle avec un sourire.

« Quelle est ton opinion sur les élections législatives et que penses-tu des mouvements politiques issus de la société civile ? » lui a demandé le jury. Une véritable Miss devrait en effet être également cultivée et intelligente. C’est le cas de Léa qui avait suivi les élections de près et qui a pu donner une réponse judicieuse et pertinente à la question. Pleine d’humour, elle commence sa réplique par « awwal shi, bonsoir » faisant référence aux réponses typiques des candidates de Miss Liban, ce qui déclenche instantanément un fou rire général dans la salle. Ainsi, la personnalité de Léa, son humour, son intelligence et sa beauté lui font gagner le titre de Miss Congeniality. Le message de la jeune femme s’est fait entendre.

Aujourd’hui, la jeune étudiante en droit se dit fière d’avoir participé à cet événement qui, avec son implication dans la simulation parlementaire de l’USJ, lui a offert l’opportunité d’effectuer un stage à la Commission nationale de la femme libanaise. « Je suis certaine qu’un petit pas comme celui-ci peut avoir un impact significatif », ajoute-t-elle. En effet, plusieurs étudiants l’ont approchée suite à la compétition pour la féliciter, et pour exprimer leur lassitude face au jugement superficiel que les uns portent sur les autres, aux étiquettes futiles collées sur le monde, aux règles insensées concernant ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. « Merci pour ce que tu as fait. Tu l’as aussi fait pour nous », lui ont-ils déclaré.

Léa espère porter son message à un niveau supérieur pour secouer plus efficacement les mentalités. Miss Liban 2019, peut-être ?


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