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Liban - Décryptage

Guerre du Yémen : ce qu’en dit un houthi de passage au Liban...

Au bout de trois ans et demi de combats d’une rare violence, avec leur impact insupportable sur les civils, la guerre du Yémen, déclenchée en mars 2015, n’est toujours pas sur le point de se terminer. En dépit de la tragédie humanitaire, de la maladie et de la misère qui mobilisent les organisations internationales, cette confrontation s’est transformée en un piège dont nul ne sait comment sortir. Selon un membre d’Ansarallah (houthis), de passage au Liban – où il entre d’ailleurs légalement, malgré le tollé médiatique autour de sa précédente visite et du fait qu’il avait été reçu, avec une délégation, par le secrétaire général du Hezbollah –, « le prince Mohammad ben Salmane ne peut pas arrêter cette guerre sans une victoire même symbolique, car il risque de perdre la face à l’intérieur de son pays et Ansarallah n’est pas sur le point de déposer les armes et de lui permettre de marquer des points ».

Malgré de nombreuses offensives de la part de la coalition menée par l’Arabie saoudite et ses alliés, le président Abed Rabbo Mansour Hadi et la partie de l’armée qui lui est restée fidèle, les Ansarallah continuent de contrôler 12 des 20 provinces du pays. Ces provinces abritent 17 millions d’habitants sur les 25 millions que compte le Yémen. Si, en matière géographique, le territoire contrôlé par les Ansarallah ne représente que 15 à 20 %, il est le plus peuplé, car près de 50 % du territoire yéménite est un désert, notamment dans la province de Hadramout et dans celle de Mahra. Les Yéménites sont en général divisés en deux grandes confessions, les chaféites (sunnites, non wahhabites) qui constituent la grande majorité de la population du pays et les zaydites, qui représentent 30 % de la populations. Ils sont considérés comme des chiites, mais, en fait, ils sont plus proches des sunnites que des chiites car ils ne croient pas à la doctrine des 12 imams qui constitue un des fondements du chiisme iranien. Malgré cela, ils sont généralement considérés comme des chiites pro-iraniens, alors qu’avant le début de cette guerre, une parmi d’autres dans l’histoire mouvementée du Yémen, l’Iran n’avait aucune influence directe dans ce pays. À ceux qui les accusent d’être financés par les Iraniens, Ansarallah répond que selon le Washington Post, l’Iran a dépensé au Yémen depuis le début de la guerre un milliard de dollars, alors que les Saoudiens ont dépensé 250 milliards en trois ans et demi.

Selon le responsable d’Ansarallah, la géographie est la véritable malédiction du Yémen, qui le situe à l’extrême limite du monde arabe, derrière le géant saoudien, et à un croisement stratégique entre plusieurs mers qui donnent accès à la Chine, à l’Iran mais aussi à Israël. Pour toutes ces raisons, le Yémen a une histoire faite de guerres, mais selon les rapports des organisations internationales, celle-ci est sans doute la plus dure et la plus meurtrière. Selon ces rapports, 60 % des victimes de ce conflit sont d’ailleurs des sunnites, ceux qui vivent dans les régions contrôlées par Ansarallah.

Toujours selon le responsable d’Ansarallah, les négociations menées par l’émissaire de l’ONU Martin Griffith piétinent et n’ont en réalité aucune chance d’aboutir tant que les Saoudiens n’ont pas réussi à marquer un point. Il déclare avec humour : « Avant, la proposition de l’ONU était une reddition humiliante. Aujourd’hui, on nous propose une reddition honorable. » Mais, selon lui, les idées lancées par l’émissaire onusien ne correspondent pas aux réalités sur le terrain, qui ne justifient pas de pousser Ansarallah à faire toutes les concessions. Il ajoute : « Nous avons tout perdu, sauf notre dignité et nous ne la braderons pas ! »

Pour l’instant, il n’y a donc aucune percée, même si l’émissaire international propose de rencontrer une nouvelle fois la délégation d’Ansarallah au Koweït ou en Éthiopie à la mi-octobre.

Mais aucune des parties ne montre un grand optimisme, sachant que la coalition menée par l’Arabie saoudite ne peut ni arrêter la guerre ni la remporter – en dépit des rumeurs sur une nouvelle offensive à Houdeida, le seul port entre les mains d’Ansarallah et le seul poumon de la partie qu’ils contrôlent – et que le peuple yéménite est d’une grande endurance. C’est ainsi que depuis que la coalition a poussé Abed Rabbo Mansour Hadi à transposer la Banque centrale du pays à Aden au Sud, dans la zone qu’elle contrôle, il y a deux ans, les salaires de tous ceux qui sont dans la zone adverse (et qui sont de loin plus nombreux que les fonctionnaires du Sud) ont cessé d’être payés. Malgré cela, les soldats de l’armée (il y en a 400 000 avec Ansarallah contre 300 000 dans la zone sud) continuent de se battre et de défendre aux côtés des Ansarallah la zone sous leur contrôle. En dépit des bombardements intensifs, de la crise humanitaire et des pénuries, « les gens du Nord » continuent de résister dans une sorte de fatalisme, se considérant au cœur de la grande confrontation qui se déroule dans la région entre, d’une part, l’axe dit de la résistance, et, d’autre part, l’Arabie saoudite, les États-Unis et leurs alliés. Il estime à cet égard que le rôle du Hezbollah au Yémen est un soutien médiatique et moral qui n’a pas de prix. C’est ainsi que lorsque Hassan Nasrallah prend la parole, les Yéménites du Nord sortent dans la rue pour exprimer leur joie et leur émotion. La visite de la délégation d’Ansarallah au numéro un du parti chiite était donc destinée à le remercier pour ses prises de position et l’entretien a duré 4 heures...

Au bout de trois ans et demi de combats d’une rare violence, avec leur impact insupportable sur les civils, la guerre du Yémen, déclenchée en mars 2015, n’est toujours pas sur le point de se terminer. En dépit de la tragédie humanitaire, de la maladie et de la misère qui mobilisent les organisations internationales, cette confrontation s’est transformée en un piège dont nul ne sait...

commentaires (5)

Bientôt on aura droit à la comédie musicale "Hassan Nassralah Superstar!" Avec des groupies de tout bord pour se jeter à ses pieds... De la dahyé jusqu'en Syrie en passant par le Yémen et un petit arrêt a tel Aviv...

Wlek Sanferlou

23 h 47, le 22 septembre 2018

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Commentaires (5)

  • Bientôt on aura droit à la comédie musicale "Hassan Nassralah Superstar!" Avec des groupies de tout bord pour se jeter à ses pieds... De la dahyé jusqu'en Syrie en passant par le Yémen et un petit arrêt a tel Aviv...

    Wlek Sanferlou

    23 h 47, le 22 septembre 2018

  • Encore un qui a debarqué sans visa ... ?

    Remy Martin

    14 h 17, le 22 septembre 2018

  • mais bien sur on le savait bien . qui est le mechant ici ? MBS qui sont les mechants instigateurs ? les USA qui sont les autres bailleurs de fonds des mechants ? les EAU,Bahrein qui sont les gentils, les doux, les pacifistes? les houthis qui sont les bailleurs de fonds des pacifistes? Vali fakih & suleimani le beau qui sont les professeurs savants qui leurs apprennent a fabriquer les armes sophistiquees ? les sccientifiques experts persans.

    Gaby SIOUFI

    14 h 07, le 22 septembre 2018

  • Donc les Houthis ont tout perdu sauf leur DIGNITE.....bravo

    Houri Ziad

    11 h 36, le 22 septembre 2018

  • j'ai clique sur l'article quand j'ai vu le titre mais j'ai realise trop tard que c'est l'intox qui parle. donc je referme sans avoir lu

    George Khoury

    06 h 09, le 22 septembre 2018

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