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Liban - Polémique

Nouvelle virulente charge marocaine contre le Hezbollah et l’Iran

Interrogée par « L’OLJ », une source du parti dément formellement ces « accusations sans fondement et sans preuves ».

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita (à gauche), et son homologue américain, Mike Pompeo, à Washington, le 17 septembre 2018. AFP / Jim WATSON

Pour la seconde fois depuis mai dernier, le Maroc accuse, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, l’Iran, par le biais du Hezbollah, de soutenir militairement le Polisario, ce mouvement indépendantiste au Sahara occidental. Le chef de la diplomatie marocaine indique par ailleurs que la relocalisation de l’ambassade du royaume au Liban visait spécifiquement à sortir la représentation diplomatique de la banlieue sud, dominée par le Hezbollah, pour l’installer dans « un quartier sunnite ». « Le Maroc a rapatrié une partie de son personnel diplomatique », précise-t-il. Le ministre s’étend aussi sur l’influence grandissante de l’Iran en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest et auprès des Marocains en Europe, via le parti libanais. Une source du Hezbollah interrogée par L’Orient-Le Jour nie toutes ces accusations en bloc, les qualifiant de « sans fondement ». M. Bourita, dont le pays a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran, a tenu ces propos dans une longue interview accordée au média américain ultraconservateur Breitbart News, connu pour être proche de l’administration Trump et qui avait été dirigé dans le passé par Steve Bannon, ancien conseiller stratégique du président américain, limogé en août 2017. Le ministre y déclare d’ailleurs sans ambages le soutien de son pays à la politique américaine sur l’Iran et « espère coopérer avec l’administration Trump pour bloquer la montée en puissance de l’Iran dans la région ».

Cette interview, accordée à Bucarest, au cours d’une tournée du ministre, et publiée le 16 septembre, est intervenue juste avant un déplacement de M. Bourita à Washington, où il a rencontré lundi son homologue américain Mike Pompeo. Et son message a visiblement été entendu. Les deux responsables « ont examiné les opportunités visant à élargir la forte coopération sécuritaire entre les deux pays, y compris les efforts communs visant à mettre fin au soutien de l’Iran au terrorisme et contrer son influence néfaste dans la région », selon un communiqué officiel publié à l’issue de l’entretien. Qui plus est, l’interview a été accordée à Caroline Glick, journaliste et lobbyiste israélo-américaine. Pour le média marocain Le Desk, cette interview relève de l’exercice de communication, alors qu’elle intervient aussi à la veille de la 73e Assemblée générale des Nations unies où le ministre marocain devrait intervenir sur ce sujet précis, mais aussi à quelques semaines de l’examen du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation dun référendum au Sahara occidental) par le Conseil de sécurité. Le prochain rapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est attendu pour le 28 septembre.


(Pour mémoire : Rupture des relations Maroc-Iran : Riyad applaudit, Téhéran dénonce


« Menace militaire ou menace économique »
Dans l’interview-fleuve, Nasser Bourita donne des détails sur la rupture des relations avec l’Iran depuis mai 2018. En mai, le chef de la diplomatie marocaine accusait déjà le Hezbollah d’approvisionner le Polisario en armes iraniennes par le biais d’un membre du corps diplomatique iranien basé en Algérie (voir L’OLJ du 3 mai 2018). Il avait soutenu que les éléments du Hezbollah se rendaient régulièrement dans les camps de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie, à quelques kilomètres du Sahara occidental, pour former des combattants du Polisario. Des relations qui auraient commencé en 2016, selon lui.

Le ministre marocain rappelle qu’en mars 2017, le Maroc a arrêté Kassem Tajeddine, considéré comme un pivot financier du Hezbollah, suite à un mandat d’Interpol, avant de l’extrader vers les États-Unis. Tajeddine blanchissait de l’argent en Afrique. Il insiste sur le fait que « le Hezbollah dirige des opérations financières majeures en Afrique du Nord et de l’Ouest pour le compte de l’Iran ». « Vous considérez le Hezbollah comme une menace militaire, en Afrique nous le voyons aussi comme une menace économique », martèle-t-il. Le média précise d’ailleurs que le ministre marocain lui a fourni « un document détaillant les vastes contacts établis entre le Hezbollah et les dirigeants du Polisario à Beyrouth et en Algérie ».

Ce serait suite à l’arrestation de Tajeddine que l’Iran et le Hezbollah auraient intensifié leur soutien au Polisario, selon M. Bourita qui affirme qu’ils ont livré des missiles SAM-9 et SAM-11 sol-air aux camps d’entraînement du Polisario. Il raconte qu’ayant confronté les Iraniens avec ces preuves au cours d’une visite à Téhéran, il a constaté le manque de coopération de son interlocuteur, et Rabat a choisi de rompre ses relations avec ce pays. Il ajoute que, suite à ces révélations en mai, « il a été recommandé aux personnes concernées de ne pas parler avec l’accent libanais et d’être plus discrètes lorsqu’elles se rendent à Tindouf, des recommandations émanant principalement d’Algérie », accusée par le Maroc de soutenir le Polisario.

Toujours selon le ministre marocain, c’est à cette même époque que l’ambassade du Maroc au Liban s’est sentie menacée, ce qui a poussé Rabat, selon lui, à décider une relocalisation. « Nous déménageons notre ambassade dans un quartier sunnite de Beyrouth et avons sollicité une coordination avec des amis pour assurer sa protection », ajoute-t-il.


« Qu’il donne des preuves de ce qu’il avance ! »
Interrogée par L’OLJ, une source du Hezbollah a rejeté en bloc ces accusations. « Ce discours est absurde et sans aucun fondement, et ne mériterait même pas une réponse. » « Le Hezbollah n’a rien à voir ni de près ni de loin avec l’affaire du Sahara et du Polisario, poursuit cette source. Nous respectons la souveraineté des États, surtout dans le cas des pays arabes, et l’Iran en fait de même. Quel intérêt aurions-nous d’ailleurs de nous mêler des affaires du Polisario et du Maroc ? »

Interrogée plus particulièrement sur les accusations d’avoir fourni des missiles au Polisario et sur les raisons invoquées par le ministre pour expliquer le transfert de l’ambassade au Liban, cette source rétorque : « Que le ministre nous montre des preuves avant d’avancer de telles allégations ! Il n’en a pas, ce sont des accusations sans aucun fondement. Le Hezbollah ne fournit pas d’armes au Polisario et n’a jamais menacé l’ambassade du Maroc. Nous avons annoncé à de maintes reprises que nous n’intervenons pas dans cette affaire et nous faisons partie intégrante de l’État libanais. »

Pourquoi de tels propos sont-ils tenus à ce moment précis ? « Ces propos doivent être placés dans le cadre d’une vaste campagne américaine contre l’Iran et le Hezbollah, tout est bon pour les accuser de tous les torts, la source. Tout ce que je peux vous dire, c’est que nos objectifs nationaux sont clairs, qu’ils se limitent à la protection du territoire et à la lutte contre l’ennemi, et que nous n’en avons pas d’autres. D’autant plus que nous ne menons jamais aucune action qui ne soit conforme à nos principes. »

À propos du timing, cette source fait le lien avec de récents développements, notamment les victoires des alliés du régime syrien en Syrie. « Comment s’étonner du fait que les campagnes contre nous s’intensifient ? poursuit-elle. Ce qui leur importe, c’est la protection d’Israël. »


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commentaires (7)

Pauvre Hezbollah! mais pourquoi le monde s’acharne sur toi? Toi qui mérite tant le prix Nobel de la paix !

L’azuréen

22 h 06, le 19 septembre 2018

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Commentaires (7)

  • Pauvre Hezbollah! mais pourquoi le monde s’acharne sur toi? Toi qui mérite tant le prix Nobel de la paix !

    L’azuréen

    22 h 06, le 19 septembre 2018

  • Surement pas de nom de rue pour les hezboliottes au Maroc...

    Wlek Sanferlou

    19 h 00, le 19 septembre 2018

  • tres clairement, il y a 2 versions, 2 commentaires diametralement opposes. NON Hezb ne fait rien de tout cela, blanc comme neige, OUI Hezb est coupable et me de pire que cela. LA VERITE? la chercher dans Fars news,AL AKHBAR , OTV et bien entendu les chantres de la moumanaa . car sinon LE MONDE ENTIER, ligue contre lui ne fait que mentir. Voila la verite.

    Gaby SIOUFI

    15 h 29, le 19 septembre 2018

  • Le Hezbollah soutient aussi militairement les FARC, les tigres tamouls, la rébellion ivoirienne, l'ETA, les indépendantistes catalans, l'AZAWAD malien. En résumé où on trouve une rébellion on accuse le Hezbollah et l'Iran. Mais on récuse le soutien saoudien de milliard de dollars à daesh, al nosra, al qaeda, boko haram et j'en passe.

    Zorkot Mohamed

    11 h 15, le 19 septembre 2018

  • Exactement comme ils respectent la souveraineté du Yémen, de l'Irak et du Liban...n'est-ce pas ? Ils sont l'innocence, le dévouement, et la droiture incarnées ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 19, le 19 septembre 2018

  • NOUS RESPECTONS LA SOUVERAINETE DES ETATS ET SURTOUT ARABES ET L,IRAN FAIT DE MEME... IL MANQUE LE NE ET LE PAS ! QUEL CULOT CETTE DECLARATION DE CEUX QUI NE RESPECTENT PAS LA SOUVERAINETE DE LEUR PROPRE PAYS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 15, le 19 septembre 2018

  • "Nous respectons la souveraineté des États". C'est la meilleure de l'année! Ils ne respectent même pas celle du Liban!

    Yves Prevost

    06 h 49, le 19 septembre 2018

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