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Liban - Tourisme interne

Sur les routes du « Tour du Liban » en van

Voilà une semaine qu’Anthony Haddad et Joseph Mikhaël ont entamé leur grande aventure. Accompagnés de leurs amis, ils se sont lancés dans un tour du Liban en minibus le 14 août. « L’Orient-Le Jour » a suivi leur convoi pendant deux jours.


Le projet de tourisme interne initié par le groupe d’amis est très apprécié des locaux qui découvrent leur aventure et ont du plaisir à faire leur connaissance. Photos Yohan Poncet

Au petit matin, sur la côte à quelques kilomètres de Batroun, les vagues s’écrasent sur les rochers. « La mer n’a jamais été aussi agitée », observe Anthony Haddad, qu’on retrouve après six jours de voyage à travers le Liban à bord de minibus avec un groupe d’amis. Sur une petite falaise qui les sépare de la Méditerranée, les minibus du Tour du Liban sont fièrement alignés. Anthony et Joseph Mikhaël, initiateurs de ce projet de tourisme interne - accompagnés de Marc, Mario, Lara et Rami - dégustent un petit déjeuner, font du café sur le réchaud et s’adonnent à un brin de toilette. Le convoi profite des derniers instants sur la côte avant de plier le campement et de repartir sur la route, direction Tripoli.

« On débute une nouvelle phase du voyage en partant dans les endroits qu’on ne connaît pas du tout », explique Anthony. Pour la troupe de voyageurs et passionnés de la nature, il est temps de laisser derrière les montagnes et villages familiers. Après être montés jusqu’à Bécharré, ils sont descendus à Batroun pour profiter de la mer. En reprenant la route, l’éco-village de Khan el-Saboun, bâti par les artisans savonniers de la famille Hassoun depuis 1480, les accueille pour une visite. Un haut lieu des produits libanais locaux, qui a surpris et passionné les visiteurs sur roues.

« J’apprécie chaque seconde du voyage »

Rejoint par Rita et Jad pour la journée, le groupe s’est ensuite aventuré dans l’obscurité de la grotte de Zahlan, à Sir el-Denniyeh. Guidés par Habib, un local, Joseph et ses amis se promènent entre les parois de calcium et dolomite. Un incontournable arrêt dans la région, suivi par une splendide expédition sur les hauteurs de Bqaa Safrine. La montée dans les nuages est rude pour le van bleu d’Anthony et son moteur de 1973, qui doit se reposer régulièrement et refroidir pour tenir la distance. Une fois arrivé au sommet, une mer infinie de nuages blancs se dessine au loin, sous les yeux ébahis et l’excitation des voyageurs, fatigués mais émerveillés. « J’apprécie chaque seconde de ce voyage, s’enthousiasme Anthony en admirant un magnifique coucher du soleil. C’est le plus beau que j’aie vu de ma vie. »

Volontaire à la Croix-Rouge, le jeune homme a passé dix ans à conduire des minibus et vans. Aujourd’hui, il a effectué une pause dans son travail d’ingénieur électricien pour se lancer dans un voyage de seize jours. « On nous dit que c’est trop court, mais on voit quand même des endroits superbes. Je les note tous, pour y retourner un jour et prendre le temps de les apprécier », affirme-t-il.

Son ami Marc, passionné de vans, a pris six jours de congé pour rejoindre le groupe. Il mène sa Volskwagen verte sur les routes de montagne. Le jeune designer graphique l’a achetée il y a quelques mois, mais n’a pas encore eu le temps de l’aménager et de la réparer. « J’aime ce style de vie, dans la nature, à la découverte de nouveaux villages, ça me rend heureux. » Sur la route, les compères plaisantent par talkie-walkie, pour éviter de s’appeler sur leurs téléphones, rendus inefficaces par un faible réseau dans certaines zones.

Une fois la nuit tombée, le convoi quitte les montagnes pour aller explorer la gare abandonnée de Tripoli et installer le campement entre les antiques trains, symboles délabrés d’une prospérité disparue. Dans ce lieu chargé d’histoire, ils retrouvent un autre minibus, également venu camper ici, avec à son bord trois autres voyageurs qui les suivront le lendemain sur les hauteurs du Akkar. « C’est super que des amis et connaissances nous rejoignent aussi loin de nos spots habituels. Même camper ici à Tripoli, c’est quelque chose de nouveau pour nous », affirme Joseph, avant de rentrer dans son van pour entamer une courte nuit.

Comme un autre pays

Au petit matin, même rengaine. Cafés, sièges de camping dépliés et hamacs règnent dans le campement. En reprenant le volant, Rami se renseigne sur le kilométrage parcouru pour le noter sur le carnet de bord : déjà 327 kilomètres depuis leur départ. Derrière le convoi, dans un

4 x 4 blanc, le cousin d’Anthony, Mario, est avec sa compagne Lara. Il filme chaque instant du voyage. « Je veux en faire ensuite un documentaire, mais je ne sais pas encore comment l’aborder », souligne-t-il. Sur l’autoroute, les vans s’amusent à se dépasser et à se klaxonner, tout en restant très attentifs pour rester groupés. À tour de rôle, ils prennent les devants pour mener le convoi vers sa prochaine destination. En montant vers le Akkar, de nombreux enfants regardent les bus avec curiosité et amusement. Les couleurs rouge, bleue et verte ne manquent pas d’attirer l’attention. « Tous les locaux que nous avons croisés soutiennent le projet et sont très accueillants », raconte Anthony au volant. Il y a quelques jours, des militaires l’avaient arrêté à un checkpoint, seulement pour lui demander combien il voulait vendre son van.

Direction Aïn el-Aqroume et Qraiya, où vivent les grands-parents de Joseph. « Je n’étais pas encore venu dans mon village avec le van, c’est ma terre ici ! » s’exclame-t-il. Pour ce professeur de théologie dans une école, « les cèdres nous ont tout offert, c’est fantastique de pouvoir faire ce tour du Liban, comme un rêve qui se réalise ». Une fois tous attablés autour du repas familial, Jad, le copropriétaire du van bleu avec Anthony, regarde à l’horizon : « C’est comme un autre pays ici. »



Pour mémoire

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commentaires (2)

Je suis un peu confus par le nom "khan al saboun" qui est d'après ma connaissance (limitée) le nom d'une édifice historique à Tripoli centre-ville (je l'ai visité). Ici il s'agit dans cet article du 'éco-village' Bader Hassoun dans le Koura ... et non pas du 'khan' historique du 16 17 siècle (caravansary pour les merchants européens). En tous cas c'est un plaisir de voir l'article sur ce beau trajet en 'VW van' dans ce beau pays qui est le Liban.

Stes David

10 h 13, le 27 août 2018

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Commentaires (2)

  • Je suis un peu confus par le nom "khan al saboun" qui est d'après ma connaissance (limitée) le nom d'une édifice historique à Tripoli centre-ville (je l'ai visité). Ici il s'agit dans cet article du 'éco-village' Bader Hassoun dans le Koura ... et non pas du 'khan' historique du 16 17 siècle (caravansary pour les merchants européens). En tous cas c'est un plaisir de voir l'article sur ce beau trajet en 'VW van' dans ce beau pays qui est le Liban.

    Stes David

    10 h 13, le 27 août 2018

  • INTERESSANTE ESCAPADE SUR LES BELLES MONTAGNES ET BELLES COTES DE NOTRE PAYS... SI CE N,ETAIENT PAS LES DECHETS ET LA POLLUTION... ON LAISSE DE COTE LA CORRUPTION QUI NE CONCERNE PAS DANS CETTE AVENTURE TOURISTIQUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 11, le 27 août 2018

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