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Liban - Environnement

Un chantier en plein Jabal Moussa : les défenseurs du site naturel s’insurgent

La municipalité de Yahchouch et le ministère de l’Environnement prennent les choses en main, mais reconnaissent le droit du propriétaire à exploiter 5 % de son terrain.

Sur l’un des versants de Jabal Moussa, un chantier lancé sans autorisation crée la polémique. Photo tirée du site de l’Association de protection de Jabal Moussa

Jabal Moussa est en émoi depuis la publication il y a deux jours d’une photo montrant un versant de sa verte vallée défiguré par un chantier, sur une surface d’un millier de mètres carrés. Cette région du Kesrouan est pourtant classée par l’Unesco comme réserve de biosphère. Publiée sur la page Facebook de l’Association de protection de Jabal Moussa (APJM), la photo n’a pas manqué de faire le buzz sur les réseaux sociaux, suscitant la colère des amoureux de la nature et poussant le président de la municipalité de Yahchouch, Karl Zouein, et le ministère de l’Environnement à réagir. Les travaux – qui seraient des terrassements selon M. Zouein – sont aujourd’hui interrompus car ils ont été entrepris en catimini et de manière illégale, sans la moindre autorisation préalable. Mais pas pour longtemps visiblement, vu que le terrain est situé sur une propriété privée appartenant à M.A. et que le coefficient d’exploitation du terrain est de 5 %, fixé par la Direction générale de l’urbanisme.

Il est de notre devoir d’alerter l’opinion publique
Contactée par L’Orient-Le Jour, l’APJM explique qu’elle a tenu à marquer le coup, même si le terrain « n’est pas directement lié à la réserve » qu’elle loue dans l’objectif d’en faire « un site naturel et de la protéger ». « Ce terrain est une propriété privée, nous le reconnaissons », avoue Christelle Abou Chabké, responsable de la communication et de l’écotourisme au sein de l’ONG. « Il est toutefois au cœur même de la réserve de biosphère de Jabal Moussa classée par l’Unesco. Ce qui s’y passe est de la pure folie, dénonce-t-elle. Il est donc de notre devoir d’alerter l’opinion publique et de hausser le ton sur ce que nous considérons comme une atteinte à la réserve ou même une mauvaise organisation des choses qui s’y déroulent. »
Et comme l’association n’a « aucune prérogative » dans l’affaire, elle a également alerté le ministère de l’Environnement et le président du conseil municipal de Yahchouch. « Cette histoire doit être réglée entre le propriétaire du terrain et la municipalité », précise Mme Abou Chabké, invitant à s’en tenir au communiqué publié par l’association. Un communiqué qui remercie toutes les personnes qui ont exprimé leur réprobation à l’encontre de la destruction chaotique du cœur de la région de réserve de biosphère de l’Unesco de Jabal Moussa. « Nous avons fait part de notre vive inquiétude à la municipalité de Yahchouch et au ministère de l’Environnement », poursuit le communiqué, qui « réclame l’arrêt immédiat de la destruction et la réhabilitation rapide du site, sur base des critères du ministère de l’Environnement ».

Des travaux de terrassement lancés en catimini
Plus pragmatique, le président du conseil municipal de Yahchouch, Karl Zouein, tient à calmer les esprits, rappelant à L’OLJ qu’il a « fait interrompre les travaux dès qu’il a été alerté avec la collaboration des forces de l’ordre », compte tenu que le terrain est situé « dans une zone retranchée, d’accès difficile », et que « les travaux ont démarré sans que personne n’en sache rien ». « Nul n’est plus concerné que nous par la protection de la montagne de Jabal Moussa », affirme-t-il, estimant toutefois que « l’affaire a pris une ampleur qu’elle ne mérite pas ».
M. Zouein explique que le terrain est une propriété privée de 15 000 m2 environ, qu’il n’est pas situé sur la réserve louée par l’APJM, mais sur une zone où l’exploitation du terrain autorisée par la DGU est de 5 % (plus haut, le coefficient d’exploitation est de 2 % seulement). « Par contre, le propriétaire du terrain, que nous ne connaissons pas, a entamé des travaux de construction de terrasses pour y planter des arbres fruitiers, sans autorisation de la municipalité et sans même en avertir l’institution, ce qui est illégal », martèle-t-il. Et d’observer que contrairement à ce qui a été dit sur les réseaux sociaux, « il ne s’agit nullement d’une construction, mais bien de l’aménagement d’un terrain avec l’aide d’un tracteur pour y planter des vergers ». « Non seulement la terre végétale naturelle est là pour le prouver, mais le propriétaire sait pertinemment qu’il ne peut construire sur ce terrain. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a décidé d’exploiter son bien de la sorte », constate le président du conseil municipal.
Le mal est pourtant fait, indubitablement. Sur les lieux du chantier, « s’élèvent deux murs, l’un de 5 mètres et demi et l’autre de 4 mètres ». Mais il est encore temps de limiter les dégâts. Chose à laquelle s’attellent conjointement le ministère de l’Environnement et la municipalité de Yahchouch, semble-t-il. « Dans ce cadre, révèle M. Zouein, un expert du ministère s’est rendu hier sur le chantier afin de constater l’ampleur des dégâts et d’envisager les modalités de réhabilitation conformément aux normes. » Un rapport très attendu par les défenseurs de Jabal Moussa et par tous les amoureux de ce site naturel d’une grande beauté.

Jabal Moussa est en émoi depuis la publication il y a deux jours d’une photo montrant un versant de sa verte vallée défiguré par un chantier, sur une surface d’un millier de mètres carrés. Cette région du Kesrouan est pourtant classée par l’Unesco comme réserve de biosphère. Publiée sur la page Facebook de l’Association de protection de Jabal Moussa (APJM), la photo n’a pas...

commentaires (1)

Mais voyons, en regardant cette photo de plus près, il y a bel et bien une maison construite au milieu du terrain... En tous cas, le Mr. qui a entrepris ces gros travaux de terrassement ne l’a sûrement pas fait pour planter quelques arbres fruitiers, mais bien pour y vivre et possible y attirer d’autres promoteurs véreux qui s’ en foutent de la nature... Des exemples pareils pullulent sur les flancs de nos montagnes... Chiche que rien ne sera fait et que le proprio a certainement ses connexions dans la municipalité qui avait fermé les yeux pour raisons évidentes... Au moins, on dénonce, mais le chien aboie et la caravane passe!

Saliba Nouhad

16 h 12, le 10 août 2018

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Commentaires (1)

  • Mais voyons, en regardant cette photo de plus près, il y a bel et bien une maison construite au milieu du terrain... En tous cas, le Mr. qui a entrepris ces gros travaux de terrassement ne l’a sûrement pas fait pour planter quelques arbres fruitiers, mais bien pour y vivre et possible y attirer d’autres promoteurs véreux qui s’ en foutent de la nature... Des exemples pareils pullulent sur les flancs de nos montagnes... Chiche que rien ne sera fait et que le proprio a certainement ses connexions dans la municipalité qui avait fermé les yeux pour raisons évidentes... Au moins, on dénonce, mais le chien aboie et la caravane passe!

    Saliba Nouhad

    16 h 12, le 10 août 2018

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