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Liban - Droits de l’homme

Pour la Libanaise emprisonnée en Égypte, une audience en appel le 29

Ali Mazbouh, père de la jeune Libanaise détenue en Égypte. Photo ANI

Pour Mona Mazbouh, il pourrait bientôt être trop tard. La première – et peut-être dernière – audience en appel du jugement qui l’a condamnée à huit ans de prison en Égypte a été fixée au 29 juillet. Si le jugement initial est confirmé, il n’y aura pratiquement plus rien à faire, précise à L’Orient-Le Jour l’avocat et militant Hassan Bazzi, qui suit cette affaire de près à partir de Beyrouth. 

La jeune femme de 24 ans avait, rappelons-le, été arrêtée par les autorités égyptiennes fin mai pour avoir posté une vidéo sur les réseaux sociaux où elle dénonce le harcèlement sexuel dont elle a été victime dans les rues du Caire, tenant des propos qui ont été considérés comme une « atteinte au peuple égyptien ». Les excuses qu’elle a postées ultérieurement n’y ont rien fait. 

Hier, une conférence de presse conjointe au Centre libanais des droits de l’homme a été tenue par la directrice des projets au centre, Josiane Noun, les parents de la jeune femme et les militants Hassan Bazzi et Neemat Badreddine. Le père de Mona Mazbouh, Ali, a insisté sur les « graves perturbations psychologiques » dont souffre sa fille depuis l’enfance. Il a révélé « qu’elle a été opérée de la tête en 2006 », et qu’elle est par conséquent non responsable de ses actes. Selon lui, elle a commis cette erreur « par inconscience », estimant dès lors la peine de prison extrêmement sévère. 

Ali Mazbouh a rappelé avoir « plusieurs fois présenté ses excuses au peuple égyptien », et a appelé le président égyptien « à décréter une amnistie qui ramène sa fille dans son pays ». Il l’a décrite comme « désespérée » dans les geôles égyptiennes, craignant une dégradation de son état de santé. Il a enfin demandé au Premier ministre Saad Hariri d’intervenir directement dans ce dossier pour obtenir une libération de sa fille. 


Des rapports sur sa santé mentale feront-ils la différence ?
Interrogé par L’OLJ sur les raisons de cette peine sévère, Hassan Bazzi précise que la jeune femme a été arrêtée sur la base de trois chefs d’inculpation : outrage au peuple égyptien, diffamation et atteinte aux mœurs. « Dans les lois de ce pays, chacun de ces délits est passible de peines de prison, et le juge a décidé de condamner Mona Mazbouh au maximum de chacun, d’où les huit ans », précise-t-il, invoquant « la pression d’une rue outrée par ces propos ». 

L’avocat précise toutefois que, quand le premier jugement a été prononcé, le juge avait été notifié des problèmes psychologiques de l’accusée, mais pas par le biais de documents officiels, d’où le fait qu’il n’en a pas tenu compte. « La famille et les militants ont, depuis, fait parvenir aux autorités égyptiennes à travers l’ambassade à Beyrouth, des rapports sérieux et certifiés sur l’état psychologique et l’état de santé de Mona, qui montrent qu’elle n’est pas responsable de ses actes donc ne peut être jugée comme n’importe quel autre, souligne l’avocat. Nous espérons que ce nouvel élément poussera la justice égyptienne à opter pour une peine avec sursis, ce qui permettra de libérer la jeune femme. D’autant plus que ces rapports de santé sont anciens, datant d’une quinzaine d’années pour certains, et qu’on ne peut nous soupçonner de créer une réalité de toutes pièces pour sauver Mona de la prison. » 

Une « guerre » sur Twitter
Aussi surréaliste que cela puisse paraître, cette polémique suscitée par une seule personne semble affecter profondément les relations entre deux peuples amis, qui entretiennent des relations anciennes et soutenues. Au cours de la conférence de presse d’hier, Josiane Noun a martelé que « cette peine extrêmement sévère pourrait nuire à l’Égypte bien plus qu’une vidéo postée par une internaute », rappelant que le harcèlement sexuel dans la rue « est un fléau dont les Égyptiennes souffrent avant les autres ». Neemat Badreddine a souhaité que « cet incident ne nuise pas aux relations libano-égyptiennes ». 

Hassan Bazzi révèle qu’une « véritable guerre d’insultes » fait rage sur Twitter entre internautes égyptiens et libanais, regrettant que ce jugement « ait exacerbé les sentiments au lieu de calmer les esprits ». 

Quoi qu’il en soit, on peut se demander quel est le rôle joué par le ministère des Affaires étrangères dans un incident impliquant une ressortissante à l’étranger. Neemat Badreddine a répondu à cette interrogation hier, précisant que « le ministre des AE, Gebran Bassil, se prépare à contacter son homologue égyptien pour (tenter de) régler cette affaire ». Elle a ajouté que suite à une réunion avec la famille et les militants, « M. Bassil a donné ses directives à l’ambassade du Liban au Caire pour une action immédiate ». Elle a cependant rappelé « l’urgence d’agir avant l’audience d’appel du 29 juillet ».


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commentaires (1)

Cette triste affaire est un veritable scandale quant a l’inertie de la diplomatie libanaise et de notre ambassade en Egypte a traiter cette affaire. Combien d ‘ouvriers egyptiens au Liban contribuent a envoyer une manne financiere mensuelle a leur pays? Combien d ‘ouvriers et de main d ‘oeuvre egyptiens ont harcele les filles philippines, et autres travaillant au Liban ? Le passage du pere de la jeune femme sur les chaines de television etait emouvant. Pas assez semble t il pour nos Responsables politiques !

Cadige William

09 h 25, le 25 juillet 2018

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Commentaires (1)

  • Cette triste affaire est un veritable scandale quant a l’inertie de la diplomatie libanaise et de notre ambassade en Egypte a traiter cette affaire. Combien d ‘ouvriers egyptiens au Liban contribuent a envoyer une manne financiere mensuelle a leur pays? Combien d ‘ouvriers et de main d ‘oeuvre egyptiens ont harcele les filles philippines, et autres travaillant au Liban ? Le passage du pere de la jeune femme sur les chaines de television etait emouvant. Pas assez semble t il pour nos Responsables politiques !

    Cadige William

    09 h 25, le 25 juillet 2018

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