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Liban - Hygiène alimentaire

Les pistaches du Liban, boudées par Tokyo, sont conformes aux normes, affirme Beyrouth

Le Japon se base sur des tests qu’il a effectués il y a des dizaines d’années, selon la lettre adressée par l’ambassadeur du Liban à Tokyo au palais Bustros.

Les pistaches libanaises sont conformes aux normes, assurent les autorités concernées. Photo Bigstock

Depuis quelques jours, un nouveau vent de panique – à caractère alimentaire – souffle sur le pays. La cause ? Une lettre, déjà ancienne, adressée par l’ambassadeur du Liban à Tokyo, Nidal Yehia, au palais Bustros l’informant de l’objection des autorités japonaises à importer les assortiments de cacahuètes libanaises, plus précisément les pistaches, « après avoir découvert qu’elles contenaient des matières cancérigènes ». Il avait demandé au ministère des Affaires étrangères de transférer ce document aux ministres de l’Agriculture et de la Santé.

Dans sa lettre datée du 19 avril, M. Yehia explique qu’il s’était enquis des raisons pour lesquelles de tels assortiments libanais n’existaient pas sur le marché japonais. La réponse était alors venue du doyen de la communauté libanaise au Japon, l’avocat Fouad Haddad, qui lui avait signalé que Tokyo « avait effectué, il y a des dizaines d’années, des tests sur les pistaches grillées » en provenance du Liban et « avait découvert qu’elles contenaient une forme de moisissure qui se développe à l’intérieur de l’écorce et qui cause le cancer ». Lorsque M. Yehia s’était enquis du pays d’origine des pistaches disponibles sur le marché japonais, on lui avait répondu qu’elles provenaient des États-Unis et qu’elles « répondaient aux normes fixées par le ministère japonais de la Santé ».

Contrôle strict
Léna Dergham, directrice générale de l’Institut libanais de normalisation – Libnor (institution chargée d’élaborer des normes libanaises dans tous les secteurs), explique que les graines en général, au nombre desquelles figurent toutes sortes de pistaches et de cacahuètes, peuvent renfermer des mycotoxines. « Il s’agit de toxines sécrétées par divers types de champignons microscopiques, telles que les moisissures, sous l’effet de la chaleur et de l’humidité, explique-t-elle à L’Orient-Le Jour. Ces toxines sont thermorésistantes, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas tuées lors de la cuisson. » 

Les mycotoxines les plus fréquentes sont l’aflatoxine B1 et B2 et l’ochratoxine A. « Libnor a élaboré plusieurs normes spécifiant les limites maximales de toxines acceptées afin de garantir la qualité et la sécurité de ces produits et de protéger le consommateur, note-t-elle. Pour ce faire, elle s’est basée sur des normes internationales telles que le Codex Alimentarius (un programme commun de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – FAO) et les directives européennes. » 

Mme Dergham signale que la responsabilité de Libnor est de fixer des normes concernant les différents aliments, « ce que nous faisons ». « Les aliments importés subissent des analyses effectuées par les laboratoires nationaux tels que l’Institut de recherche industrielle (IRI) et l’Institut de recherche agricole (LARI), avant d’entrer sur le marché local », précise-t-elle, signalant que les ministères de l’Économie, de l’Industrie et de l’Agriculture ont la responsabilité de contrôler le marché local. « Par ailleurs, ajoute Mme Dergham, le producteur doit s’assurer des normes alimentaires du pays vers lequel il exporte, qui peuvent différer d’un pays à l’autre. » Et d’insister : « Nous avons des normes et des législations en vigueur. Les autorités concernées y recourent pour effectuer leur contrôle. De plus, les industriels libanais ont introduit au cours des dernières années plusieurs systèmes de qualité et de sécurité afin de prévenir l’occurrence de contaminations pareilles, telles que la mise en place de la norme ISO 22 000 et du système HACCP. Cela constitue une garantie de sécurité et de qualité du produit fini que ce soit pour le marché local ou pour l’exportation. » 

De son côté, le président de l’Association des industriels du Liban (AIL), Fady Gemayel, a indiqué que cette mesure du Japon « ne touche pas uniquement les produits libanais », qui « sont soumis à une réglementation très précise ». Contacté par L’OLJ, il affirme que « l’importation des matières premières est soumise à un contrôle strict ». « Tous les grands producteurs libanais de pistaches sont certifiés ISO 22 000 et ont tous leurs propres laboratoires, insiste M. Gemayel. Un contrôle se fait également avant l’exportation de ces produits. Nous exportons des pistaches libanaises vers les États-Unis. »

Réponses de l’Industrie et de la Santé
Réagissant à l’affaire, le ministère de l’Industrie a assuré que « dans le cadre de son rôle et de ses responsabilités de contrôle, il prend au hasard des échantillons des différentes usines du Liban, de manière périodique ». « Depuis deux ans et jusqu’à présent, les résultats des tests effectués sur ces échantillons sont conformes aux normes, c’est-à-dire qu’ils ne contiennent pas de matières cancérigènes », affirme le ministère dans un communiqué, soulignant qu’il « prendra un plus grand nombre d’échantillons des producteurs et des exportateurs qu’il fera examiner dans les laboratoires de l’IRI » et qu’il « annoncera les résultats ».

Concernant l’interdiction de l’exportation des cacahuètes libanaises au Japon, le ministère précise que « cela peut être dû à un ancien lot qui ne répondait pas aux normes ». Il note dans ce cadre que Tokyo « fait référence aux pistaches uniquement et non pas à l’assortiment des cacahuètes libanaises ». Quant aux propos qui citent l’un des ressortissants libanais au Japon, le ministère fait remarquer « qu’on ne peut pas s’y fonder puisqu’ils n’émanent pas d’une autorité japonaise officielle ».

Par ailleurs, le ministère a assuré que les usines agro-alimentaires libanaises « travaillent conformément aux normes européennes et américaines » et « collaborent avec le ministère dans le cadre des sessions de formation spécialisées qu’il organise périodiquement sous la supervision d’experts libanais, européens et américains ». Ces efforts ont porté leurs fruits, selon le ministère, qui a signalé qu’« en 2017, l’industrie agro-alimentaire a constitué près de 20 % de l’ensemble des exportations industrielles ».

De son côté, le ministère de la Santé a souligné dans un communiqué qu’« il ne peut pas se fonder sur une étude menée il y a plusieurs dizaines d’années ». Il note qu’en 2015, il a effectué des examens sur les mycotoxines contenues dans les assortiments de cacahuètes. « Les résultats ont montré que 89,4 % des échantillons prélevés sur le marché local sont conformes aux normes. »

Depuis quelques jours, un nouveau vent de panique – à caractère alimentaire – souffle sur le pays. La cause ? Une lettre, déjà ancienne, adressée par l’ambassadeur du Liban à Tokyo, Nidal Yehia, au palais Bustros l’informant de l’objection des autorités japonaises à importer les assortiments de cacahuètes libanaises, plus précisément les pistaches, « après avoir découvert...

commentaires (8)

La pistache iranienne est parfois dans les magazins en Europe, je l'achète et je le mange moi même. Mais il est vrai que la plupart des pistaches sont américaines en Europe. Je trouve parfois aussi des pistaches 'grecques' mais il est possible que - comme dans le cas libanais - il s'agit de pistaches iraniennes avec l'étiquette de 'pistache grecque'; c.a.d. l'emballage dit 'produit grecque' mais ce n'est pas sûr que l'origine est grecque. Donc c'est important de bien faire recherche et d'indiquer le pays d'origine. En ce qui concerne l'argument que le produit est cancérigène, on doit regarder combien on en mange, si on mange plus que 3 kilo / ans ou moins etc. Si le ministère libanais et des scientifiques libanais disent que le produit est acceptable, je trouve qu'il faut prendre serieux leur opinion, en fait j'y crois également que l'opinion de scientifiques américains, japanois ou européens. Il y a la science mais il y a aussi la politique ! Peut-être les normes américains veulent juste donner un avantage au produit américain ? Un produit précieux comme la pistache iranienne qu'on mange déjà des milliers d'années, pourquoi serait-il mauvais ... ? En ce qui concerne les pistaches syriennes et turques, je ne connais pas, mais probablement ce sont des bons produits. En tous cas, si "Hallab" à Tripoli achète 80 tonnes de pistaches par an (!) les patisiers libanais sont des experts en matière de pistache ...

Stes David

08 h 31, le 19 juillet 2018

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Commentaires (8)

  • La pistache iranienne est parfois dans les magazins en Europe, je l'achète et je le mange moi même. Mais il est vrai que la plupart des pistaches sont américaines en Europe. Je trouve parfois aussi des pistaches 'grecques' mais il est possible que - comme dans le cas libanais - il s'agit de pistaches iraniennes avec l'étiquette de 'pistache grecque'; c.a.d. l'emballage dit 'produit grecque' mais ce n'est pas sûr que l'origine est grecque. Donc c'est important de bien faire recherche et d'indiquer le pays d'origine. En ce qui concerne l'argument que le produit est cancérigène, on doit regarder combien on en mange, si on mange plus que 3 kilo / ans ou moins etc. Si le ministère libanais et des scientifiques libanais disent que le produit est acceptable, je trouve qu'il faut prendre serieux leur opinion, en fait j'y crois également que l'opinion de scientifiques américains, japanois ou européens. Il y a la science mais il y a aussi la politique ! Peut-être les normes américains veulent juste donner un avantage au produit américain ? Un produit précieux comme la pistache iranienne qu'on mange déjà des milliers d'années, pourquoi serait-il mauvais ... ? En ce qui concerne les pistaches syriennes et turques, je ne connais pas, mais probablement ce sont des bons produits. En tous cas, si "Hallab" à Tripoli achète 80 tonnes de pistaches par an (!) les patisiers libanais sont des experts en matière de pistache ...

    Stes David

    08 h 31, le 19 juillet 2018

  • Les échantillons sont conformes à nos normes mais pas aux normes japonaises . Attention messieurs .

    Antoine Sabbagha

    19 h 00, le 18 juillet 2018

  • Étonnant combien cet article est mal documenté et ne raconte pas la réalité de l’histoire qui n’a rien à voir avec le Japon seul! 1- le Liban ne produit presque pas de pistaches! 2- il importe à 85% de ses pistaches de l’Iran et le reste de Turquie et de Syrie! 3- la pistache iranienne fait partie de l’embargo commercial et, en tous cas interdite de vente en Europe, en Amérique du Nord et au Japon car on lui avait trouvée en plus des taux d’aflatoxine B1 cancérigène élevés dus à des normes de conservation et de transport peu conformes aux standards mondiaux. 4- c’est la Californie qui est en voie de dépasser l’Iran comme premier producteur mondial de pistaches et qui inonde ces marchés de ses produits. Alors n’en faisons pas de cette histoire avec les japonais, un problème purement Libanais et soyons réalistes!

    Saliba Nouhad

    15 h 17, le 18 juillet 2018

  • Le titre de cet article utilise le terme "pistaches libanaises" mais je crois un autre article de 2016 plus : "Les Libanais font partie des plus gros consommateurs au monde, bien que cette graine n'y soit plus cultivée depuis longtemps." Donc l'article https://www.lorientlejour.com/article/1002820/ me semble réaliste et que la production locale libanaise n'est pas très grande "la production locale est inexistante de nos jours, bien qu'elle l'ait été dans le passé. Selon Mansour Medawar, expert agronome, il existe bien un type d'arbre libanais producteur de pistache, mais la production locale a disparu avec la guerre civile"

    Stes David

    13 h 22, le 18 juillet 2018

  • Je me demande pour commencer si ce sont vraiement des pistaches "libanaises". Est-ce que la loi libanaise exige ou demande que l'origine - pays d'origine - du produit de l'ingrédient soit clairement indiqué sur la boîte ?? Je soupçonne que le contenu des marques fameuses libanaises qui sont à l'aéroport de Beyrouth etc. ce n'est pas des ingrédients libanais. Ce sont des marques libanaises, oui, mais je doute que le produit soit d'origine libanaise.

    Stes David

    13 h 16, le 18 juillet 2018

  • ce serait vraiment etonnant une bourde pareille de la part du Japon ! ou alors au Japon, certains combattent les produits libanais qui concurrencent ceux de certains autres pays- TRES DROLE -

    Gaby SIOUFI

    11 h 23, le 18 juillet 2018

  • QU,EST-CE QUI A CHANGE DEPUIS ? MAIS NOUS SAVONS QUE NOS PISTACHES ET PASSA-TEMPOS SONT DES MEILLEURS SUR LES MARCHES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 25, le 18 juillet 2018

  • des excuses bidons de notre ministere... le test pour l'afflatoxine coute un grand maximum $50, donc rien n'interdit de faire des tests rapides et a bas cout. je fais mille fois plus confiance aux autorite nippone que Libanaise qui ont surement fait les tests necessaire et decouvert que la pistache contient de l'afflatoxine, matiere ultra cancerigene.

    George Khoury

    07 h 16, le 18 juillet 2018

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