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À La Une - Terrorisme

La Tunisie rend hommage à ses six policiers tués dans un attentat jihadiste

C'est la première fois depuis plus de deux ans que les forces de l'ordre essuient de telles pertes.

A Tunis, lundi 9 juillet 2018, le cercueil d'Anis El Werghi, un des six membres des forces de sécurité tués le 9 juillet 2018 dans un attentat jihadiste. REUTERS/ Zoubeir Soussi

La Tunisie a rendu hommage lundi aux six membres des forces de sécurité tués la veille dans l'ouest du pays, lors de l'opération jihadiste la plus sanglante depuis la série d'attaques de 2015 et début 2016, revendiquée par el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi).

Après une cérémonie sur une base de la Garde nationale près de Tunis, plusieurs ont été enterrés en présence de centaines de personnes.
A Douar Hicher, une banlieue populaire de Tunis où la police annonce régulièrement des arrestations d'extrémistes, la dépouille d'un jeune policier, Arbi Guizeni, a ainsi été accompagnée par un important cortège, en tête duquel se trouvaient des membres des forces de sécurité en cagoule et armes à la main. Dans la maison qu'il était en train de faire construire, sa mère, veuve, s'est effondrée sur le cercueil de son fils, pilier de cette famille très modeste. 

Les six agents de la Garde nationale ont été tués, et trois autres blessés, lorsque leurs voitures ont été attaquées dimanche matin avec un engin explosif artisanal près de la frontière avec l'Algérie, dans le secteur de Ain Sultan, dans le gouvernorat de Jendouba.
Les trois policiers blessés, transférés à l'hôpital militaire de Tunis, sont "dans un état stable", a indiqué lundi matin le porte-parole de la Garde nationale, le colonel Houssemeddine Jebabli. 
Il a précisé que les opérations de recherches lancées dimanche avec l'armée se poursuivaient, mais aucune arrestation n'a eu lieu. 

La branche tunisienne du groupe jihadiste Aqmi, Okba ibn Nafaa, a revendiqué l'attaque et affirmé avoir saisi plusieurs armes, selon le centre américain de surveillance des sites jihadistes SITE.
Aqmi et Jund al-Khilafa, affilié au groupe État islamique (EI), sont implantés dans cette zone frontalière montagneuse. 



Crise politique 
Cette attaque risque d'accentuer la crise politique profonde que traverse la Tunisie, où le Premier ministre Youssef Chahed fait face à une offensive au sein de son propre camp. "Nous allons venger nos héros", a déclaré M. Chahed, tout en soulignant que "la situation sécuritaire est sous contrôle". 

"La guerre contre le terrorisme (...) nécessite le renforcement de l'institution militaire loin des calculs étroits", a indiqué son parti, Nidaa Tounès, dans un communiqué signé du principal rival de Youssef Chahed, Hafedh Caïd Essebsi, le fils du président de la République.

M. Chahed a récemment limogé le ministre de l'Intérieur et des dizaines de responsables du ministère ont été démis de leur fonctions sans explication précise.

A Sidi Bouzid, dans le centre tunisien, des dizaines de policiers ont manifesté pour réclamer davantage de moyens, selon un correspondant de l'AFP.

Des heurts ont régulièrement lieu à la frontière algérienne mais c'est la première fois depuis plus de deux ans que les forces de l'ordre essuient de telles pertes.
La dernière attaque de grande ampleur en Tunisie remonte à mars 2016, lorsque des jihadistes avaient lancé des opérations coordonnées contre des installations sécuritaires de Ben Guerdane, près de la Libye, entraînant la mort de 13 membres des forces de l'ordre et sept civils. 


(Lire aussi : En Tunisie, un projet de réforme sociétale suscite la polémique)


"Stratégie globale"
Bien que perpétrée dans une zone montagneuse, loin du littoral touristique, cette attaque intervient dans un moment sensible pour ce pays qui fut le pionnier des Printemps arabes en 2011. 

Frappée par une série d'attentats jihadistes meurtriers, notamment au musée du Bardo à Tunis et sur une station balnéaire en 2015, la Tunisie a beaucoup misé sur l'accalmie de ces deux dernières années pour relancer le tourisme, poumon vital de son économie.
Même si la situation sécuritaire s'est nettement améliorée, le pays reste sous état d'urgence depuis l'attentat suicide commis en plein Tunis contre la sécurité présidentielle (12 agents tués), en novembre 2015. 

Selon le chercheur Matt Herbert, c'est dans les maquis du nord-ouest qu'ont péri le plus de membres des forces de l'ordre depuis la révolution, avec un bilan de 118 morts.
Le pays garde notamment en mémoire la mort de 15 soldats en juillet 2014 dans une attaque jihadiste au Mont Chaambi. 
Celle de dimanche "montre qu'il reste des poches où les problèmes de sécurité n'ont pas été résolus", a déclaré à l'AFP M. Herbert. Il a appelé à "une stratégie globale (...) visant à résoudre les problèmes économiques et de gouvernance que ces groupes exploitent".



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