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Agenda - Hommage

Jacques Saadé, un ami visionnaire hors normes

Jacques R. Saadé. Photo CMA CGM

La Méditerranée, cette mare nostrum, n’est décidément pas la même dans tous ses ports : et si Lattaquié l’a vu naître en 1937 et la guerre du Liban l’a obligé à quitter Beyrouth en 1978, Marseille par contre a su le retenir, l’entourer, l’épanouir et le vénérer jusqu’à son dernier souffle.
Cinq paquebots porte-conteneurs en rade, des cors de brume retentissants et des drapeaux en berne de tous les armateurs de France servaient de cadre aux trois ministres, personnalités officielles, armateurs venus du monde entier, ainsi qu’à une foule de plus de 3 000 personnes réunies à la cathédrale de la Major pour rendre un dernier hommage à ce géant des mers. Géant, il l’était pour avoir su transformer le bateau et les quatre employés de son arrivée en 500 navires équipés des technologies les plus innovantes et 30 000 employés disséminés dans 160 pays, dont 2 400 privilégiés établis dans la tour CMA CGM, fleuron et phare de Marseille.
Ce parcours hors normes, Jacques Saadé le devait essentiellement à son intuition, sa ténacité et son acharnement au travail. Pionnier et visionnaire, il a cru bien avant les autres à l’avenir du transport des conteneurs et à l’ouverture vers la Chine et l’Asie, ce qui devait propulser la CMA CGM dès 2006 à la 3e place du transport maritime mondial.
Qualifié tour à tour dans la presse internationale de capitaine d’industrie, de patriarche des océans, de timonier ou de visionnaire exceptionnel, ses qualités professionnelles n’ont point entravé ses qualités humaines. Le « pater familias » qu’il était par excellence a toujours voulu et su conserver les valeurs familiales de l’Orient en favorisant rencontres et repas de famille, les réunions pour des prises de décision collégiales en fonction de l’importance du sujet à résoudre, ainsi que des questions-réponses pour mieux sonder son entourage direct et lui faire sentir que rien n’est jamais impossible, parce que vouloir c’est pouvoir.
De même ses qualités humaines se retrouvent aussi bien à travers un mécénat dans le domaine des arts et des lettres qu’à travers la Fondation CMA CGM présidée par son épouse Naïla en France et au Liban en faveur de l’enfance fragilisée et favoriser l’égalité des chances des jeunes issus de milieux défavorisés.
Pour ses amis de très longue date, Jacques s’est toujours singularisé par un désir sincère de connaître leurs activités aussi bien professionnelles que personnelles. L’écoute était attentive et les commentaires nombreux. Il appartenait à cette catégorie d’hommes tellement exigeants d’eux-mêmes qu’ils pourraient aussi l’être vis-à-vis des autres. Il a toujours aimé l’excellence sous tous ses aspects et dans tous les domaines. Sa générosité n’avait point de bornes, réunissant à maintes reprises ses proches libanais et français tantôt pour des croisières aux multiples destinations sur un de ses palaces ambulants, tantôt pour assister au lancement d’un bateau qui voyait se déplacer pour la circonstance et à plus d’une reprise non moins qu’un président de la République, jusqu’à cette magnifique fête au sommet de La Tour pour y célébrer ses 80 ans.
Mon très cher Jacques ! Malgré les moments et handicaps difficiles que tu as dû et su affronter, tu as néanmoins été suffisamment clairvoyant et sage pour tout aplanir et assurer la pérennité de ton œuvre qui, telle une épopée, se prolongera à travers Naïla, Tania, Rodolphe, Junior et tes petits-enfants pour en faire la saga de Jacques Saadé CMA CGM.
 Et si la France t’a rendu hommage comme aux plus grands de ses pairs, le Liban, je l’espère, saura un jour réaliser la grandeur de tes ambitions pour lui.
D’ici là, repose en paix mon ami! Le cèdre, son plus beau symbole, te servira de compagnon dans ton caveau de Marseille.


La Méditerranée, cette mare nostrum, n’est décidément pas la même dans tous ses ports : et si Lattaquié l’a vu naître en 1937 et la guerre du Liban l’a obligé à quitter Beyrouth en 1978, Marseille par contre a su le retenir, l’entourer, l’épanouir et le vénérer jusqu’à son dernier souffle.Cinq paquebots porte-conteneurs en rade, des cors de brume...