Rechercher
Rechercher

Liban - Commémoration

Georges Haoui ou l’indépendance en marche

Georges Haoui.

L’indépendance est gagnée, non concédée, disent les braves. Mais elle n’est pas gagnée d’un coup, un beau jour de novembre 1943, le 22 de ce mois, avec le départ des troupes françaises. Elle n’est pas gagnée comme un billet de loterie, un gros lot, une Jaguar ou un million de dollars. Elle est gagnée petit à petit, comme un bambin apprend à marcher, ou un oisillon à voler.

Ainsi en va-t-il de l’indépendance du Liban, fruit d’une lente conquête, trempée dans les larmes, la sueur et le sang. À ce titre, l’un des pères de notre indépendance pourrait bien être cet homme jovial, bon vivant, que fut Georges Haoui, assassiné il y a 13 ans, le 21 juin 2005, d’une charge explosive placée sous son véhicule, déclenchée alors qu’il venait de s’y installer.
Car si l’indépendance se compare aux pas hésitants d’un enfant, c’est qu’elle n’est jamais acquise une fois pour toutes. C’est qu’elle est une conquête permanente, un trésor à préserver, un capital à faire fructifier. Et la mort de Georges Haoui fut l’une de ces prises d’intérêt.

Le parcours de cet homme qui fut secrétaire général du Parti communiste libanais, qui fut l’un des hommes qui donnèrent son élan à la résistance anti-israélienne, après 1978, qui sut prendre ses distances de la rigidité idéologique du marxisme-léninisme après 1993 et s’ouvrir aux composantes chrétiennes qu’il avait jadis combattues, quand l’heure fut venue de lutter contre l’hégémonie syrienne, qui sut paver la voie à une gauche démocratique insérée dans un front souverainiste comme celui de la rencontre du Bristol ; ce parcours donc illustre à merveille les méandres que sait dessiner le grand fleuve de l’action humaine dans l’histoire, à travers les obstacles naturels qu’il rencontre, dans sa marche vers la mer, c’est-à-dire vers un accomplissement auquel les hommes donnent divers noms, comme ceux de liberté, de souveraineté ou d’indépendance ; tous noms à la fois brillants et brûlants ; et parfois insignifiants quand ils sont prononcés par un tyran.
Pour Georges Haoui ces noms étaient liberté et justice ; des idéaux qui appellent à s’élever tout jeune homme à l’âge de raison, qui est aussi l’âge du cœur. Sait-on qu’il a été assassiné, par un étonnant hasard, le jour même désigné par le parti auquel il avait tourné le dos, pour être « le jour du martyr communiste », en mémoire de ceux qui avaient donné leur vie dans le combat contre l’occupant ? Sait-on aussi, mais c’est très accessoire, que le PCL ne le considère pas comme mort pour sa cause ? 


(Pour mémoire : Les quatre questions centrales de Georges Haoui)


A-t-on jamais remarqué que Georges Haoui est mort le jour de la fête des Pères et que son propre fils a renié publiquement le sens de son combat ?
Telles sont certaines des ironies de l’histoire qui surprennent et laissent songeurs. Mais quelque part, dans l’invisible, les équilibres sont rétablis et les justes reçoivent leur récompense. L’histoire du Liban contemporain finira bien par rétablir la vérité des choses. Un jour viendra où le nom de Georges Haoui figurera sur la liste des héros de notre indépendance, de la première, de la seconde et de toutes celles qui les suivront, que l’histoire aura su fondre dans une continuité et inscrire sur une même stèle d’airain.
Quelle plus grande certitude pourrait-on en avoir que les funérailles religieuses faites à cet « athée » de Bteghrine, dans la cathédrale Saint-Georges des grecs-orthodoxes ? Là, au milieu des volutes d’encens, aux chants majestueux de la liturgie byzantine, qu’on se rappelle que l’Esprit Saint opère en-dehors des frontières visibles de l’Église, et que c’est l’amour conjugué de la liberté, de la justice et du Liban qui ont peut-être valu à Georges Haoui l’insigne honneur de recevoir le baptême du sang. Paix donc à ses cendres.


Pour mémoire

Hariri : Le 14 mars 2005 est incrusté dans mon cœur

Élias Atallah, l’initiateur de la première résistance contre Israël


L’indépendance est gagnée, non concédée, disent les braves. Mais elle n’est pas gagnée d’un coup, un beau jour de novembre 1943, le 22 de ce mois, avec le départ des troupes françaises. Elle n’est pas gagnée comme un billet de loterie, un gros lot, une Jaguar ou un million de dollars. Elle est gagnée petit à petit, comme un bambin apprend à marcher, ou un oisillon à...

commentaires (3)

reveil tres tardif mais absolument apprecie, pour lequel ces qqs personnes ANTI-LIBAN depuis sa naissance ont paye de leur vit. Ils auraient autrement aide ENORMEMENT a recouvrer son independance, surtout vis a vis de vali fakih !

Gaby SIOUFI

13 h 45, le 22 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • reveil tres tardif mais absolument apprecie, pour lequel ces qqs personnes ANTI-LIBAN depuis sa naissance ont paye de leur vit. Ils auraient autrement aide ENORMEMENT a recouvrer son independance, surtout vis a vis de vali fakih !

    Gaby SIOUFI

    13 h 45, le 22 juin 2018

  • UNE VICTIME DE LA HAINE ET DE LA REVANCHE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 18, le 21 juin 2018

  • Bel hommage mérité à Georges Haoui.

    Saleh Issal

    06 h 27, le 21 juin 2018

Retour en haut