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Moyen Orient et Monde - Sommet de Singapour

Entre Trump et Kim, c’est le premier qui a le plus à perdre

La rencontre historique pourrait aboutir à la signature d’un traité de paix qui pourrait mettre Washington dans une position embarrassante s’il n’était pas précédé d’une dénucléarisation de la Corée du Nord.

Donald Trump et Kim Jong-un devraient se rencontrer pour un sommet historique à Singapour le 12 juin. Saul Loeb/Korea Summit Press Pool/AFP

Goliath a toujours plus à perdre que David lors d’une confrontation entre les deux. L’analyse du résultat correspond aux attentes de départ, elles-mêmes évaluées en fonction du rapport de force entre les deux protagonistes. Quand il s’agira de tirer le bilan de sa rencontre historique avec le leader nord-coréen Kim Jong-un, prévue le 12 juin à Singapour, Donald Trump sera confronté à la même problématique. La tenue du sommet est en soi une victoire pour M. Kim, qui peut vanter les mérites de sa stratégie qui lui a permis de négocier directement, en face à face, avec le dirigeant de la première puissance mondiale. C’est une tout autre histoire pour le président américain qui devra revenir avec quelque chose d’autre que des grandes promesses de son interlocuteur pour que son initiative soit jugée comme une réussite. 

Après sa première volte-face, le président américain a finalement fait marche arrière vendredi dernier en assurant que le sommet avec la Corée du Nord aurait bien lieu. L’annonce a été faite à l’issue d’une rencontre d’une heure et demie entre le président américain et le numéro deux du régime nord-coréen, le général Kim Yong-chol, à la Maison-Blanche. Ce dernier avait dans ses bagages une lettre écrite à la main du leader nord-coréen Kim Jong-un directement adressée à Donald Trump. « Donald Trump a toujours eu envie que le sommet se tienne », explique à L’Orient-Le Jour Charles K. Armstrong, expert en études coréennes à l’Université de Columbia à New York. « Mais il était soucieux, d’une part, des déclarations critiques de Pyongyang, et, d’autre part, d’une certaine réticence dans sa propre administration. Il a sans doute testé les intentions nord-coréennes en annulant sa participation, et serait revenu à sa position initiale lorsque les réactions nord-coréennes se sont montrées plutôt modérées », ajoute l’expert. 


(Lire aussi : Pas de répit pour la Corée du Nord, avertit Mattis)


Le président américain et ceux dans son administration en faveur de la tenue du sommet pourraient être motivés par trois raisons principales. D’abord, la possibilité pour Donald Trump, président aux tactiques de politique étrangère plutôt controversées, de prétendre au prix Nobel de la paix. Sa candidature avait été formellement déposée par un groupe de dix-huit républicains membres de la Chambre des représentants et solennellement soutenue par le président sud-coréen, Moon Jae-in. Ces espoirs sont dus au fait qu’aucun président américain n’a accepté jusque-là de rencontrer un leader nord-coréen, et que « le fait même qu’il y ait un sommet (…) est une réussite historique », selon M. Armstrong.

La deuxième raison pourrait être le fait que la Corée du Nord de l’actuel leader Kim Jong-un n’est pas celle de son père, Kim Jong-il, en termes de capacités militaires et nucléaires. Pyongyang dispose aujourd’hui de missiles qui, selon une étude du Center for Strategic and International Studies (CSIS) publiée à la fin de l’année 2017, pourraient atteindre les villes américaines. Enfin, la troisième raison reviendrait à faire le parallèle avec le dossier nucléaire iranien et légitimer la stratégie agressive de Donald Trump, qui a retiré son pays du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA), l’accord nucléaire iranien, il y a un mois, et qui est conscient que Téhéran regarde attentivement la gestion américaine du dossier nord-coréen. 


(Lire aussi : Assad-Kim : La rencontre des bannis aura-t-elle lieu ?)


Cacahuète pour l’ogre américain
Qu’attendre alors de ce sommet, qui ressemble à un pari risqué pour le locataire de la Maison-Blanche ? Les Américains sont sur la même ligne depuis 2003 et réclament la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de Pyongyang. Le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, a rappelé récemment que les États-Unis ne relâcheront la pression sur la Corée du Nord que lorsqu’elle aura clairement et définitivement renoncé à son programme nucléaire. Mais il est peu probable que le démantèlement tel qu’attendu par les Américains soit décidé durant le sommet de Singapour. Comme le note M. Armstrong, « il est irréaliste de s’attendre à un accord pour la dénucléarisation immédiate (…). Le meilleur des scénarios serait une promesse nord-coréenne de se dénucléariser, accompagnée d’un plan détaillé sur la façon de le faire ». Une cacahuète peu susceptible de satisfaire l’ogre américain, même si ce dernier a modéré ses positions en évoquant le début d’un processus. 

Autre possibilité : la conclusion d’un accord de paix en bonne et due forme, qui serait un immense succès pour le président américain. Cette victoire diplomatique et médiatique pourrait toutefois le mettre en fâcheuse posture en l’absence d’un engagement ferme de son interlocuteur en faveur du démantèlement de l’arsenal nucléaire de Pyongyang. Washington a toujours conditionné la signature d’un traité de paix à la dénucléarisation de la Corée du Nord. Les prédécesseurs de M. Trump ont d’ailleurs refusé de lancer le processus de paix ou de rencontrer le leader nord-coréen parce que celui-ci ne voulait pas renoncer à ses capacités de dissuasion. 

« Un traité de paix serait un succès majeur, mais rien ne garantit que ce serait le début de la dissipation des dangers que la Corée du Nord représente pour ses voisins avec ses programmes d’armement ou ses exportations et ses transferts de technologie », souligne à Reuters un membre de l’administration américaine impliqué dans les préparatifs du sommet. « Parmi les nombreux pièges dans lesquels le président américain pourrait tomber à Singapour, celui-ci pourrait être le plus embarrassant », confirme à Reuters le diplomate Evans Revere, qui a négocié avec la Corée du Nord par le passé. À la Maison-Blanche, on estime en revanche qu’un accord de paix permettrait de balayer l’argument de « l’hostilité » américaine, que Pyongyang utilise de longue date pour justifier ses ambitions nucléaires.



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commentaires (3)

Ah bon ! C'est donc lui qui va se déculotter le plus alors . Hahahaha...... C'est toujours périlleux de faire confiance aux clowns déséquilibrés mentaux .

FRIK-A-FRAK

10 h 06, le 08 juin 2018

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Commentaires (3)

  • Ah bon ! C'est donc lui qui va se déculotter le plus alors . Hahahaha...... C'est toujours périlleux de faire confiance aux clowns déséquilibrés mentaux .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 06, le 08 juin 2018

  • MECHE D,OR ET TOUFFE D,HERISSON... ESPERONS QU,AUCUN VENT NE SOUFFLERA SUR LEURS DISTINCTES CHEVELURES POUR PERTURBER LES DESSOUS !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    11 h 09, le 07 juin 2018

  • PRENDRE ET DONNER EST LE MOT D'ORDRE ! ILS VONT S'ENTENDRE CES DEUX !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    08 h 47, le 07 juin 2018

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