Le Hezbollah a repris ses attaques contre l’Arabie saoudite, l’accusant hier par la bouche d’un de ses cadres, Nabil Kaouk, de vouloir l’empêcher de faire partie du gouvernement et de chercher à constituer un bloc parlementaire « pour resserrer l’étau autour de la résistance ».
Dans ce nouveau round de la guerre verbale menée par le parti de Hassan Nasrallah contre le royaume wahhabite, on retient surtout le timing. Membre du conseil central du Hezbollah, cheikh Kaouk a attaqué Riyad au lendemain d’un iftar donné samedi par l’ambassade d’Arabie saoudite et qui a regroupé autour de Saad Hariri des personnalités triées sur le volet, notamment les faucons de la politique anti-Hezbollah dans le pays. Autre détail, non moins important, qui aurait pu motiver la diatribe du Hezb : la présence, très significative, du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, à la table d’honneur (alors que le protocole ne l’imposait pas), aux côtés du Premier ministre, de l’ancien président Michel Sleiman, des anciens chefs de gouvernement Tammam Salam et Fouad Siniora, du mufti de la République, Abdellatif Deriane, du chargé d’affaires saoudien à Beyrouth, Walid Boukhari, et de Nizar Alaoula, conseiller au sein du cabinet royal saoudien.
Étaient également présents les ministres Jamal Jarrah, Nouhad Machnouk, Pierre Bou Assi, Melhem Riachi, Ghattas Khoury et Ali Hassan Khalil, les députés Nehmé Tohmé, Samy Gemayel, Waël Bou Faour, Dory Chamoun, Ahmad Fatfat, les députés élus Fouad Makhzoumi, Samy Fatfat et Tarek Merhebi, les ambassadeurs de France, du Koweït, des Émirats arabes unis, d’Égypte, d’Oman, d’Algérie, de Maroc, du Soudan, du Yémen, de Tunisie, de Palestine ainsi que le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim.
« L’Arabie saoudite ne veut pas que le Hezbollah fasse partie du nouveau gouvernement, mais les jours à venir montreront que le régime saoudien est beaucoup trop faible pour nous empêcher de nous faire représenter au gouvernement par des ministres efficaces. La présence du Hezbollah au sein de la nouvelle équipe ministérielle sera forte, efficiente et influente », a déclaré cheikh Kaouk, lors d’une cérémonie funèbre à Meiss el-Jabal, au Liban-Sud. Ses propos résonnaient comme une réplique au message politique qui se dégageait de la présence, à la table d’honneur, de Samir Geagea dont le bloc parlementaire s’est agrandi à la faveur des dernières élections et qui a fait de la question du monopole des armes aux mains de l’armée son cheval de bataille, en même temps que l’assainissement de la gestion officielle des affaires publiques.
Après avoir assuré que « Riyad ne parviendra pas à réaliser le moindre acquis au Liban, au détriment de la résistance », cheikh Kaouk a expressément accusé l’Arabie saoudite de « se mêler de la formation du gouvernement, tout comme elle s’était mêlée des législatives, à travers les candidatures, la formation des listes, l’achat de voix et même les affaires organisationnelles des partis », en allusion à la purge dans les rangs du courant du Futur. « Les ingérences saoudiennes dans les affaires libanaises ont atteint un niveau sans précédent (…) Riyad œuvre aujourd’hui pour constituer un bloc parlementaire (à travers lequel il essaiera) de faire face à la résistance, de resserrer l’étau autour d’elle et de l’affaiblir », a-t-il dit.
La veille, au cours de l’iftar, Walid Boukhari avait salué la présence de ses convives qui met en relief, selon lui, l’attachement du Liban à l’amitié historique avec l’Arabie saoudite, tout en prenant soin, pour illustrer ses propos, de rendre hommage à la mémoire de Camille Chamoun, Kamal Joumblatt, l’imam Moussa Sadr, Bachir Gemayel et Rafic Hariri.
Prenant à son tour la parole, Saad Hariri avait affirmé que le royaume « rassemble les Libanais (…) et souhaite qu’ils maintiennent leur unité face aux défis, ainsi que leur arabité et leur attachement à l’accord de Taëf ». M. Hariri avait plaidé en faveur des « meilleures relations avec les pays arabes, qui se sont de tout temps tenus aux côtés du Liban, sans jamais se mêler de ses affaires intérieures » et réaffirmé l’importance de la politique de distanciation à laquelle son gouvernement s’était engagé.