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Liban - Interview

Fadlo Khuri : L'AUB fête ses 150 ans en investissant dans l'avenir

L’Université américaine de Beyrouth fête cette année son 150e anniversaire. Le premier président libanais de cet établissement, Fadlo Khuri, expose à cette occasion, dans une interview à « L’Orient-Le Jour », les grandes lignes d’un plan de développement de l’université d’un montant de 650 millions de dollars.

Fadlo Khuri, le premier président de l’AUB d’origine libanaise.

Fadlo Khuri est depuis 2015 le seizième président de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), mais surtout le premier président libanais de cet établissement. Ce Libanais au fort accent américain imprégné « d’un mélange peu commun de cultures libanaise et américaine » a passé les trois quarts de sa vie aux États-Unis où il est né. Il ambitionne de mener l’AUB dans une nouvelle direction avec comme échéance janvier 2020. Cette université américaine privée, qui célèbre cette année son 150e anniversaire, s’est positionnée en tête du classement des établissements universitaires des pays arabes en 2017/2018, selon QS University Ranking. 

« L’AUB est l’université la plus prestigieuse dans le monde arabe et son impact s’étend historiquement de la Grèce à la Turquie jusqu’aux confins de l’Iran. Plus de 66 000 anciens de l’AUB travaillent dans le domaine gouvernemental, le secteur privé et dans des organisations non gouvernementales à travers le monde », relève avec fierté Fadlo Khuri dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour. 

Campagne « Boldly AUB »
« Pour ce 150e anniversaire, nous avons identifié trois principes d’orientation pour l’avenir : le leadership, l’innovation et le service, souligne M. Khuri. Ces trois piliers sont les fondements de la plus ambitieuse campagne de financement “Boldly AUB” menée par notre université, d’un montant prévu de 650 millions de dollars, organisée en 2017 pour janvier 2020. Nous avons levé 400 millions de dollars, dont 280 millions sont déjà en notre possession. Je suis confiant dans le fait que nous atteindrons nos objectifs pour la campagne 2020. »

 « Le montant, précise Fadlo Khuri, se décline comme suit : 200 millions de dollars pour les priorités académiques ; 275 millions de dollars pour l’AUH et les soins de santé ; 50 millions de dollars pour le capital, l’infrastructure et les rénovations du campus ; et 10 millions de dollars pour la sensibilisation et la communauté. Cette campagne a pour objectif d’enrichir l’expérience éducative et la recherche effectuée par les étudiants de l’AUB, de servir les besoins de santé de la région, d’accorder la priorité à l’innovation et l’entrepreneuriat, de s’engager avec les communautés de la région et d’assurer la viabilité à long terme de l’université. Le 150e anniversaire est une importante occasion pour réfléchir sur qui nous sommes, comment nous construisons notre mission et où nous allons. »


Grandes promesses
Le vent du changement a en effet soufflé sur l’AUB depuis 2015 avec la présence d’« un merveilleux corps professoral ». L’arrivée à la présidence de l’établissement de ce brillant oncologue au riche parcours professionnel – il a fait ses études à l’Université de Yale, à l’Université de Columbia et au New England Medical Center de la Tufts University School of Medecine – est chargée de grandes promesses. À l’AUB, Fadlo Khuri a mis en place un nouveau leadership, instaurant le professorat à vie, gelé depuis 1985. « Conscients du coût élevé de la scolarité de notre établissement pour les familles au Liban et au Levant, nous avons réduit le taux d’augmentation d’un peu moins de 9 % à 3 % par an, en augmentant l’aide financière, » relève-t-il. 

Un programme d’aide a été mis en place avec les partenaires de l’AUB. « L’Advanced Student Scholarship Initiative (ASSI) offre à 130 élèves diplômés du cycle secondaire un financement couvrant 80 % des frais scolaires sur la base du mérite, note Fadlo Khuri. Par ailleurs, la MasterCard Foundation Scholarship Program offre des bourses d’études complètes aux ressortissants d’Afrique subsaharienne, du Liban, et aussi aux réfugiés syriens et palestiniens vivant au Liban, pour les études du premier et du deuxième cycle afin de préparer les jeunes à être des agents de changement dans leurs communautés et dans les pays de la région. »

« Avec plus de 120 programmes académiques du premier cycle, de maîtrise et de PhD, l’AUB compte cette année 9 100 étudiants de plus de 22 nationalités, indique M. Khuri. Nous avons aussi pour objectif la vision pour la santé 2025. Des investissements majeurs ont été réalisés dans les infrastructures. En juin 2017, les médecins du centre cardiologique infantile (CHC) de l’AUBMC ont effectué la première transplantation cardiaque réussie. En 2010, le conseil d’administration a approuvé le lancement de la nouvelle vision du centre médical 2020. Le vice-président exécutif et doyen Mohamed Sayegh fait un bon travail de collecte de fonds. Notre centre médical avec les machines techniques de pointe est opérationnel. Nous procéderons aussi à la mise en place de nouveaux équipements en imagerie nucléaire, en chirurgie opératoire, en IRM, en imagerie 3D et en radio-oncologie. »



Partenariats
L’AUB est engagée dans différents partenariats au Liban, en Europe et aux États-Unis. Les partenariats avec l’Université Saint-Joseph, l’Université libanaise et la LAU permettent des supervisions partagées des programmes de doctorat. L’AUB a aussi des relations en France avec des universités françaises, telles que Paris Descartes, et en Angleterre avec des universités telles que l’University College of London. 

« Ce type de coopération est très important car il permet de partager l’expertise de ces deux pays, estime M. Khuri. Aux États-Unis, nous avons signé un protocole d’accord de cinq ans avec le Graduate Center de la City University of New York pour collaborer à l’enseignement supérieur et à la recherche dans plusieurs domaines d’études, notamment les sciences, la migration et les études sur le Moyen-Orient. L’Université Johns Hopkins, l’Université de Boston et l’AUB ont organisé, en janvier, un cours d’ingénierie humanitaire de trois semaines. Nous avons des programmes conjoints Women and Data Sciences avec les universités de Stanford et de Columbia. Des pourparlers ont été aussi entamés avec l’Université de Harvard et l’Université Emory, et nous collaborons avec l’Institut Baker Rice University et la Carnegie Corporation de New York. » 

Par ailleurs, un programme conjoint a été établi au Costa Rica avec l’Earth University, une université fondée par Jose Zaghloul, un ancien diplômé de l’AUB, pour la mise en place d’une maîtrise commune, le « Global Master’s Program ». « Cette initiative devrait être approuvée par l’État de New York, indique M. Khuri. D’un autre côté, nous allons initier une vaste tournée en Amérique centrale, au Brésil, en Argentine, au Chili, au Venezuela et en Colombie pour établir des relations avec les universités et les hôpitaux. » 

Quels sont les grands défis auxquels est confrontée aujourd’hui l’AUB ? « L’insécurité régionale, le marché du travail difficile pour les diplômés et le coût élevé de l’éducation à l’AUB sont les grands défis auxquels se heurte l’université. Mais il ne faut pas perdre de vue que notre mission est d’éduquer pour que nos diplômés aient un grand impact sur leur environnement social », conclut Fadlo Khuri

Fadlo Khuri est depuis 2015 le seizième président de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), mais surtout le premier président libanais de cet établissement. Ce Libanais au fort accent américain imprégné « d’un mélange peu commun de cultures libanaise et américaine » a passé les trois quarts de sa vie aux États-Unis où il est né. Il ambitionne de mener l’AUB dans une...

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