La société NEUC n’a pas encore repris le travail

Le prestataire de service National Electricity Utility Company (NEUC), chargé depuis 2012 des opérations de maintenance du réseau de distribution et de la collecte des factures sur une partie du territoire pour le compte d’Électricité du Liban (EDL), n’a pas encore repris le travail deux semaines après que le gouvernement sortant a validé la reconduction de son contrat.

« Nous attendons une notification officielle d’EDL pour pouvoir recommencer à assurer notre mission », a confirmé à L’Orient-Le Jour le service de presse de la société, filiale du groupe Debbas – spécialiste de l’éclairage – dont dépendent près de 700 000 foyers répartis dans la banlieue sud de Beyrouth, le sud du Mont-Liban et le Liban-Sud. Selon NEUC, ce délai est simplement lié au parcours administratif de la décision qui doit être transmise au ministère de l’Énergie et de l’Eau, lequel doit à son tour la notifier à EDL. La direction du fournisseur d’électricité a pour sa part confirmé à L’Orient-Le Jour que la décision du Conseil des ministres venait de lui être notifiée et qu’elle serait en mesure de communiquer un calendrier pour la reprise des activités de son prestataire dans les prochains jours.

Un semestre de facture à collecter
NEUC est l’une des trois sociétés – avec BUS (groupe Butec) et KVA (Arabian Construction Company et Khatib & Alami) – à qui EDL a confié en avril 2012 la gestion de la quasi-totalité du réseau de distribution d’électricité – hors portions gérées par EDL ou par les concessions encore actives – pour quatre ans et 780 millions de dollars. Ce budget incluait notamment une enveloppe de 350 millions de dollars pour financer l’installation de compteurs intelligents dans les 1,5 million de foyers libanais abonnés à EDL, un chantier reporté jusqu’à présent pour de multiples raisons.

NEUC, BUS et KVA s’étaient également engagées à recruter environ 2 000 travailleurs journaliers, NEUC en intégrant près de la moitié dans ses effectifs. Ces intérimaires étaient employés depuis des années par EDL pour assurer les opérations déléguées aux trois prestataires. Militant en outre pour obtenir le statut de fonctionnaires, ces travailleurs avaient très mal accueilli la décision du fournisseur d’électricité de les reclasser dans le secteur privé.
Ce mécontentement est à l’origine de nombreux mouvements sociaux qui ont perturbé de façon chronique le fonctionnement d’EDL et de ses prestataires depuis 2012. Il est également la source de la politisation du dossier des prestataires, qui sera un marqueur des tensions entre le Courant patriotique libre du président de la République, Michel Aoun, et du mouvement Amal du président sortant du Parlement, Nabih Berry.

Fin décembre 2016, EDL négocie in extremis une reconduction des contrats des trois sociétés, pour 400 millions de dollars de plus. Le ministre de l’Énergie, César Abi Khalil (CPL), et celui des Finances, Ali Hassan Khalil (Amal), ne parviennent pas à s’entendre sur les modalités du renouvellement, ce qui renvoie le dossier devant le Conseil des ministres, qui va mettre plusieurs mois pour se saisir du dossier.

En octobre 2017, le gouvernement valide finalement le renouvellement des contrats de BUS (en charge du nord du Mont-Liban et du Liban-Nord) et de KVA (Beyrouth et la Békaa), mais décide de rejeter la reconduction de celui de NEUC, en évoquant l’insuffisance de ses résultats. Selon plusieurs sources, le dossier fait en réalité d’âpres négociations entre les représentants des partis politiques concernés. Fin 2017, NEUC commence à avoir des difficultés à payer les salaires de ses employés, qui arrêtent la collecte des factures et les opérations de réparation, lesquelles sont assurées, bon gré, mal gré, par les fonctionnaires d’EDL.

C’est finalement à quelques jours des élections législatives du 6 mai que le gouvernement sortant va changer son fusil d’épaule et entériner la reconduction du contrat de NEUC, sans donner les raisons de ce revirement. « Nous ne pouvons pas fournir plus de précisions pour l’instant, si ce n’est que le gouvernement a apporté certaines modifications mineures au partenariat », a noté NEUC. Le fournisseur d’électricité, qui a absorbé 1,33 milliard de dollars de subventions sur le carburant en 2017, se focalise pour sa part sur la nécessité de recouvrir les montants des factures qui n’ont pas pu être collectées par NEUC pendant environ six mois.

Pour mémoire
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